Mischief's Reality - Tome 2

Chapitre 16

J'ai fini par m'habituer à rester seule dans cet immense lit royal. Seulement, si j'ai compris que je devais m'y faire ce n'est pas pour autant que c'est devenu facile. Je déteste cette situation, et il m'arrive parfois de penser que les choses ne pourraient finalement pas être pires.

Sauf que j'avais tort, elles pouvaient être pires. Et c'est le cas. Il faut croire par ailleurs que les gens ne veulent s'en prendre à mon royaume que lorsque je suis au chaud dans mon lit, c'est assez énervant. Quoiqu'il en soit je n'ai pas le temps de faire de l'humour car une nouvelle fois, je peux voir un immense éclair traverser l'un des portails de Sakaar jusqu'à arriver en bas de mon prétendu palais.

Je saute de mon lit à la hâte et finis par rejoindre Thor et Wanda, déjà au rez-de-chaussée et prêts à se battre. Je lance un regard faussement désintéressé à Thor : où est son frère ? Après un signe de négation de la tête, je finis par me rendre à la raison : il n'a aucune raison de se battre, pourquoi risquerait-il sa peau ?

— Qu'est-ce qui se passe ? finis-je par demander.

— C'est elle, me répond Wanda dans un souffle. C'est Ayesha.

Et en effet, c'est bien elle. Quelques secondes plus tard son vaisseau arrive à notre hauteur et elle en sort d'un air majestueux, élégant. Je regarde brièvement ma tenue : peut-être que j'aurais dû porter quelque chose de plus... royal. Bon, peu importe.

— Ayesha, finis-je par trancher. On dirait que vous avez trouvé votre chemin jusqu'à mon petit coin de paradis. Vous êtes là pour des vacances ?

Thor se tourne brièvement vers moi et je sais ce qu'il pense : Loki a eu plus d'influence sur moi que je ne veux bien l'admettre. Mais pour le moment, ça n'a pas d'importance. Car pendant que je suis là, devant Ayesha, le reste de cet endroit se fait bombarder dans tous les sens. Je me tourne vers Wanda et Thor, hoche la tête : ils doivent aller défendre Sakaar. Tandis qu'ils partent tous les deux en direction du champ de bataille, je fléchis les genoux, prête à me battre s'il le faut.

— Je ne suis pas là pour me battre Maya, me répond Ayesha, je suis là pour te mettre en garde. Tu perturbes l'équilibre de l'univers tout entier en utilisant tes pouvoirs, et ça doit s'arrêter.

— Oh, je vois, me défends-je. Et pour m'arrêter, tu comptes détruire toute une planète en cendres c'est ça ?

— Si tu ne me laisses pas le choix.

Quelles conneries.

— Maya, reprend mon adversaire, tu dois absolument arrêter d'utiliser tes pouvoirs. Ce n'est pas bien.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de mal, réponds-je en secouant la tête. J'essaie simplement de défendre une juste cause, d'aider les gens de cette planète à avoir une vie meilleure. Je les aide, c'est tout !

Sur ce, Ayesha se met à rire avec intensité et je ne perçois pas l'humour qu'elle trouve dans ma phrase. Un peu perdue, je plisse donc les yeux et fais en sorte de ne pas montrer mon désarroi. Trop tard. Alors, Ayesha s'avance vers moi et m'offre un sourire fataliste. Elle me regarde comme si j'étais une gamine qu'il fallait éduquer.

— Ma pauvre petite, tu n'as aucune idée du déséquilibre que tu es en train de causer. Tout autour de toi pourrait s'effondrer que tu ne t'en rendrais pas compte. Tu es tellement égoïste.

— C'est faux. C'est même totalement faux. Vous pouvez me donner beaucoup de défauts, mais pas celui-là. Tout ce que je fais, je le fais pour aider les autres.

— C'est marrant, répond Ayesha en souriant, tu as exactement le même discours qu'un homme que j'ai connu.

— Qui ça ?

Mon ennemie lève le regard vers moi, et la cruauté que je peux lire dans son visage est sans pareille. Tout ce qu'elle cherche à faire actuellement, c'est me faire douter. Douter de moi-même, de mes capacités, et de mes motivations.

— Thanos, tranche-t-elle. Tu as exactement le même discours que Thanos, avant qu'il ne décime la moitié de la galaxie.

Cette phrase-là m'a achevée, je l'avoue. Je ne vois pas ce que je pourrais répondre à ça. Les mots d'Ayesha me font l'effet d'une immense claque sur la figure et je me sens incapable de bouger, de parler, de faire quoi que ce soit. Devant mon air atone, Ayesha esquisse un sourire avant de faire signe à ses vaisseaux de cesser le feu. Quelques instants plus tard, tous ont disparu à travers les portails. Tous, sauf le sien. Avant de me tourner le dos, Ayesha me regarde une dernière fois avec attention.

— Maintenant Maya, tu es prévenue. Recommence à mettre le bazar dans cette réalité, et je ferais en sorte que ta lumière s'éteigne à tout jamais.