T.W : harcèlement, crise d'angoisse
•••
"Il y a souvent plus de naufragées au fond d'une âme qu'au fond de la mer."
- Victor Hugo
Allongée dans son lit, Alexis peste contre son propre corps. Tomber malade alors que ce lundi était parfait, à croire que quelqu'un là-haut lui en veut d'avoir espéré passer une excellente semaine.
Elle ramène ses mains à sa tête pour se frotter frénétiquement le visage. Heureusement, elle n'a pas de cours à donner aujourd'hui, mais elle va devoir annuler ses plans de la soirée si elle veut être sur pieds le lendemain et cette réflexion la désole. Elle a déjà prévenu ses patrons qu'elle ne pourrait pas venir travailler aujourd'hui et Dylan qu'elle ne s'entraînerait pas.
Alexis déteste cette situation, elle a besoin de bouger, d'être occupée sans cesse, parce que sinon, ses démons reviennent et elle replonge dans un état de panique considérable.
Quand elle est seule, dans le noir, que le mal de tête l'assaille et que des crampes d'estomac la font se tordre de douleur, elle est en proie à des idées noires qui la poursuivent depuis des années.
Recroquevillée sous sa couette, la tête cachée dessous, Alexis tente de tisser une barrière entre elle et le monde extérieur. Quand elle était enfant - elle ne devait avoir que onze ou douze ans - Camille se glissait dessous avec elle et la rassurait. Et à cet instant précis, sa petite sœur lui manque terriblement, elle aimerait qu'elle soit là, qu'elle la protège de ceux qui lui veulent du mal.
La respiration sifflante, Alexis retient tant bien que mal les larmes qui lui brûlent les yeux, elle aimerait tant voir débarquer la rouquine dans sa chambre, qu'elle vienne l'embêter avec son désir de toutes les réunir pour qu'elles soient une fratrie soudée. Mais Camille n'est plus, et cette famille non plus, d'ailleurs.
Son esprit divague, il se perd dans des tréfonds de son esprit qu'elle aimerait faire disparaître. Alors que la douleur dans son crâne s'intensifie, Alexis décide de quitter son lit pour trouver un cachet d'aspirine.
Enroulée dans sa couette, Alexis se traîne jusqu'au comptoir pour attraper le petit panier dans lequel elle range ses médicaments et pousse un gémissement plaintif en découvrant l'absence conséquente de sa boîte de Doliprane et de tout autre médicaments utiles.
Comprenant qu'elle va devoir sortir par ce froid et dans cet état, Alexis n'a qu'une envie : se remettre au lit et attendre en espérant survivre jusqu'au lendemain.
Elle se fait couler un café en maugréant des suites de mots sans lien. Un long bâillement lui échappe et elle finit par quitter l'épais manteau qu'est sa couette pour s'habiller plus chaudement. Prête à partir en Alaska s'il le faut, Alexis avale son café et peste lorsque le liquide lui brûle la langue.
Elle aurait dû se douter qu'avec un aussi bon lundi, il était tout à fait improbable que le reste de la semaine se passe bien.
Remontant la fermeture de son blouson le plus chaud jusqu'en haut, la jeune femme s'apprête à affronter l'épreuve la plus dur de sa journée. Et il n'est que dix heures quarante-trois.
En quittant son immeuble, Alexis se heurte au froid polaire qui s'est soudainement abattu sur la ville. Elle crache un nombre impressionnant d'insultes dans toutes les langues qu'elle connaît et avance vers la pharmacie en traînant les pieds. Son nez coule et elle doit renifler bruyamment parce qu'elle a oublié de prendre des mouchoirs et qu'elle ne souhaite pas que son écharpe - à laquelle elle tient énormément - finisse tâchée de morve répugnante.
VOUS LISEZ
Sans Elle - T.1 : Alexis
Romance"Elles étaient cinq sœurs, l'une d'elle était le pilier, la corde qui les liait toutes, qui les empêchait de se détacher les unes des autres. Alors quand elle est morte, c'est toute la structure qui s'est effondrée. Elles avaient perdu leur attache...