Chapitre dix-huit

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"On ne souffre jamais que du mal que nous font ceux qu'on aime. Le mal qui vient d'un ennemi ne compte pas."

- Victor Hugo

N'ayant pas trouvé de place devant l'immeuble d'Alexis, Calypso est obligée de garer la voiture à une vingtaine de mètres. Le moteur coupé, elle se tourne vers la boxeuse, toujours endormie, bercée par le trajet.

Elle fait le tour de l'habitacle et ouvre la portière pour se pencher vers Alexis et défaire sa ceinture. Calypso se frotte la nuque en réfléchissant : est-elle capable de la porter jusqu'à l'immeuble puis de monter les escaliers et de la coucher, le tout, sans la réveiller ?

Impossible.

Résolue, elle glisse une main sur la joue de la jeune femme qu'elle caresse doucement tout en secouant légèrement son épaule de l'autre.

- Alexis, l'appelle-t-elle.

Lorsqu'elle ouvre les yeux, Alexis sursaute et s'écarte, ne reconnaissant pas l'endroit où elle s'est assoupie.

- Du calme, on est chez toi, Dylan m'a demandé de te ramener, la rassure Calypso. Tu viens ?

Elle lui tend une main amicale qu'Alexis fixe quelques secondes avant de finalement la saisir et se redresser. En entrant dans le bâtiment, elle s'étonne de sentir Calypso la lâcher et se retourne, la jeune femme s'est arrêtée à l'extérieur.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Euh, je te laisse, tu devrais pouvoir atteindre ton appartement avant de te rendormir, sourit-elle.

- Pas question ! s'exclame Alexis en lui reprenant la main.

- Eh !

- Je... je peux pas te laisser repartir à cette heure-ci...

Les joues de la boxeuse rougissent à vue d'œil et Calypso esquisse un sourire amusé en acceptant de la suivre.

- Pardon, reprend Alexis en attendant l'ascenseur.

- Pourquoi ?

- De m'être endormie entre autres, mais pas que...

- Ça fait rien, tu étais épuisée.

Alexis lui offre un semblant de sourire et cela suffit pour que Calypso se mette à rayonner, ses yeux bruns brillant de joie.

- Pourquoi t'as accepté de me ramener après tout ce que j'ai dit ? T'aurais pu me réveiller ? J'ai dormi combien de temps, d'ailleurs !? s'inquiète soudain la jeune femme.

- Ne t'en fais pas, tout est cool.

- Non, c'est pas "cool" ! Je te dis que je te déteste, que je te hais, même, et toi, tu me laisses dormir contre toi. C'est pas logique !

- Alexis, ne crie pas, tu vas réveiller tes voisins, sourit Calypso en arrivant devant la porte de l'appartement.

En cherchant ses clés, Alexis se rend compte qu'elle tient toujours la main chaude de la brune dans la sienne. Et étrangement, elle n'a pas envie de la lâcher, bien au contraire, la vérité, c'est qu'elle aimerait retrouver les bras rassurants et l'étreinte agréable de Calypso.

Sa main tremble quand elle essaie de rentrer la clé dans la serrure, sans succès. Les doigts délicats de Calypso se pose sur sa peau et ses tressautements cessent. Hypnotisée par les pupilles sombres de la brune, Alexis ne se rend même pas compte que cette dernière l'entraîne à l'intérieur de l'appartement avant d'en refermer la porte. Ce n'est que lorsqu'elles se retrouvent face à face, dans l'obscurité, qu'elles réalisent leur proximité.

Sans Elle - T.1 : AlexisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant