Sans Elle - T.1 : Alexis

Chapitre seize

"Un pas après l'autre. Un coup de poing à la fois. Un round après l'autre."

- Rocky

- Voilà, c'est super, Diego ! Si tu bosses bien ce crochet du gauche, tu pourras sûrement avoir l'avantage au championnat, l'encourage Alexis. Bon, c'était une super séance, les jeunes. On se revoit demain.

- Merci, Lex' ! sourit le jeune homme en retirant ses gants.

Un à un, les jeunes quittent la salle jusqu'à ce qu'Alexis soit seule. La jeune femme vérifie que le matériel soit bien rangé. Depuis la veille, elle a la tête ailleurs, après l'échec de son dernier combat, elle n'a pas eu l'occasion de se trouver une nouvelle adversaire. Le problème dans ce genre de pratique, c'est que comme les combats sont organisés illégalement, il n'est pas possible de savoir à l'avance par qui l'on va être défié et quand est-ce que les combats ont lieu. Résultat, Alexis se retrouve à devoir monter sur le ring dans quelques heures seulement et le stress lui noue les tripes. Elle a l'habitude de cette sensation, après chaque défaite, elle appréhende son prochain affrontement.

- Alexis ? Je te dérange ?

Surprise, la jeune coach se retourne vers son élève. Face à elle, Thalie - en tenue de ville : jeans troués, T-shirt large et délavé, et veste en cuir - se dandine sur ses pieds.

- Non, pas du tout. Il y a un problème ? s'inquiète-t-elle.

L'adolescente secoue la tête de droite à gauche.

- Je vois bien qu'il y a un souci, tu veux qu'on en parle ?

- Ça te dérange pas ?

- Bien sûr que non. Viens, on va se mettre au calme.

Elle rejoint Thalie et la conduit jusqu'au bureau de Dylan - son meilleur ami ne rentrant de déplacement qu'en début de soirée. Elles s'installent toutes les deux dans le canapé.

- Alors, qu'est-ce qui ne va pas ?

- Tu te souviens quand tu m'as dit de parler à Violette ? demande Thalie en se mordillant la lèvre inférieure.

- Oui, tu l'as fait ?!

- Non... Je sais pas comment m'y prendre, je suis pas douée avec les mots. Chaque fois que j'essaie, je ne parviens pas à aligner ce que je pense. Je passe pour une conne auprès d'elle, souffle-t-elle, dépitée.

- Eh, c'est pas grave. Personne n'est à l'aise quand il faut se déclarer, ça demande énormément de courage.

- Mais comment je peux faire alors ? Je suis pas courageuse.

L'adolescente détourne le regard, n'osant pas croiser celui de son aînée.

- Thalie, ne dis pas ça. Tu es une fille vraiment courageuse, tu n'as pas hésité à t'interposer entre Violette et les garçons, à te battre pour lui permettre de fuir. Mais les sentiments, c'est quelque chose à part, ça ne se contrôle pas de la même façon. Tu n'es peut-être pas prête ? Et ça ne fait rien, tu as le droit d'avoir peur.

- Tu t'es déjà déclarer à quelqu'un, toi ? Pardon, c'était indiscret comme question, se rattrape-t-elle en rougissant.

- Aucun problème. Et pour tout dire, pas à proprement parler. J'ai toujours été du genre effacé, dès mon enfance, et le harcèlement violent que j'ai subi au lycée a complètement détruit le peu d'estime de moi que j'avais. Alors, avouer à quelqu'un que je l'aimais, ça ne m'est pas arrivé. Pour ça, il aurait fallu que je me l'avoue à moi-même d'abord, rit-elle.