18

4.6K 233 18
                                    

Je suis dans ma bibliothèque privée, seule, et je me détends sur les poufs.

Soudain, un bruit me sort de ma lecture.
Je sursaute et me lève rapidement, les yeux rivés sur la porte. J'entends des bruits derrière celle-ci et je m'alerte immédiatement.

Personne ne peut entrer mis à part Tony, et je doute fort qu'il vienne pour lire alors qu'il a du taff dans son labo.

Je place mes mains en garde et attends. La porte s'ouvre et je saute sur la personne qui essaye de rentrer.

- AHHHHH mais laisse-moi !

Je regarde la personne que je viens d'attaquer et m'arrête.

- Luna ?! Mais qu'est-ce que tu fou ici ? crié-je.

Je suis énervée, c'est mon endroit, que Tony a fait pour moi et personne d'autre.
Encore moins l'autre folle qui drague Bucky.

- Tony m'a montré cette pièce quand je lui ai dit que j'aimais lire, calmos. J'ai le droit de venir, se défend-t-elle.

Alors là, j'ai un doute.

- La seule propriétaire de cet endroit c'est moi chérie, alors si Tony ne m'a pas prévenu, tu dégages ! rétorqué-je violement.

La blonde parait étonnée du ton que je prends avec elle.

- Il y a quoi dans cette pièce de si important pour que je n'ai pas le droit d'y entrer ? demande-t-elle le sourcil arqué.

A ce moment-là, je me retiens de la gifler.

- C'est ma bibliothèque privée, et je ne t'aime pas, alors pars avant que je ne t'en sorte de force. Et que je ne te reprenne pas à venir ici !

Luna 2.0 ne dit rien, baisse la tête en refoulant quelques larmes et s'en va.

Je manque de hurler de colère.

Comment il peut me faire ça ? Il ne m'a même pas demandé mon avis ou même prévenu ! Cet endroit est le mien, c'est son créateur qui me l'a dit, ma bulle à moi où je peux enfin me retrouver tranquille sans personne, et Tony va le montrer à tout le monde ? Non, je ne suis pas d'accord, mais alors pas du tout.

Vous allez peut-être trouver que je fais un caprice de gosse, mais je vous jure que je suis très remontée contre Tony. Cet endroit est comme mon jardin secret. Pour moi, c'est comme si on venait de lire mon journal intime ou un truc dans le genre.

Je me dirige vers le cadrant des empreintes, le respiration haletante.
Tony m'a dit une fois que je pouvais faire l'empreinte de qui je voulais, alors ça ne doit pas être bien compliqué d'en retirer une...
Je fouille dans les paramètres de ce truc bien trop technologique pour moi et finis par trouver.

- Ah bah super... dis-je pour moi-même.

Eh oui, l'autre s'appelle Luna aussi... Alors pour le nom des empreintes on a « Luna », et... « Luna ».
Super.
Laquelle est la mienne ?
Je supprime la plus récente et essaye de sortir. Heureusement pour moi, ça marche. J'ai bien supprimé la bonne.

Je ferme la porte derrière moi et pars comme une furie à la recherche de Tony, bien décidée à remonter les bretelles de l'homme de fer.

- TONY ! crié-je en arrivant dans le salon.

Ce dernier se retourne vers moi, ainsi que Wanda, Sam et Bucky avec qui il parlait.

- Quoi ? J'ai tué quelqu'un ? demande-t-il innocemment.

- Non, mais c'est moi qui vais te tuer ! dis-je en m'approchant de lui prête à lui arracher les yeux.

Steve s'interpose avant que je ne lui saute dessus.

- Oula, doucement Luna, me dit Steve.

Mes yeux sont injectés de rage et j'ai du mal à ne pas grogner comme un chien.
J'allais tout expliquer mais je me retiens.
Les autres ne sont pas au courant pour la salle, enfin si tenté qu'il n'a pas laissé les empreintes de tout le monde...

- Il faut qu'on parle, dis-je plus calmement, en privé.

Stark se lève et fait une grimace.
Bucky me lance un regard interrogateur mais je l'ignore totalement.

- Si je ne suis pas de retour d'ici cinq minutes, appelez la police, glisse ironiquement Tony à Steve en passant.

On s'isole dans une des salles, mais à peine rentrée j'explose de colère.

- Pourquoi tu lui as dit pour la bibliothèque ?!

Je suis très énervée et j'ai du mal à rester calme, je pense que ça se voit...
Tony se masse les tempes.

- Elle m'a dit qu'elle aimait lire alors j'ai pensé que...

Je ne lui laisse pas le temps de finir et le coupe.

- Que se serait cool de la laisser entrer dans ma pièce secrète que tu as faite pour moi, sans me demander mon avis ou m'en informer ?! Super initiative ! Bravo champion !

Tony fronce les sourcils, surpris de ma colère.

- Pourquoi ça te dérange autant que ça ? Ce n'est qu'une bibliothèque, tu sais...

Il m'énerve. Je donnerais tout pour arracher ses cheveux un par un. Mais je me contiens.
Je prends une grande inspiration et essaye de me calmer.

- Quand tu m'as montré cette salle, commencé-je, j'avais l'impression de compter pour quelqu'un. Tu l'as faite exprès pour moi et tu m'as dit qu'elle n'appartenait qu'à moi et aux personnes à qui JE voulais bien donner les empreintes. C'est à moi de choisir qui peut venir dans cette pièce, et je n'aurais jamais autorisé cette fille à venir, je ne la sens pas du tout.

Je fais une pause. Tony m'interroge du regard suite à ma dernière phrase.

- Je ne peux pas t'expliquer pourquoi, mais je ne trouve pas ça net que, premièrement, elle ait le même prénom que moi et, deuxièmement, qu'elle ne veuille pas nous parler de son pouvoir. On ne connait pas cette fille, elle peut être dangereuse. Je n'arrive pas lui faire confiance.

Le brun pouffe.

- Que tu ne l'aimes pas, c'est une chose. Mais là, sérieux, on parle d'une bibliothèque quoi, des bouts de papiers reliés ensemble, c'est ridicule. Tu te comportes comme une gosse qui ne veut pas prêter ses jouets, grandis un peu.

Il ne comprend pas...

Ses paroles me font très mal et je me fais violence pour ne pas exploser en sanglot.
Il me dépasse et s'apprête à sortir. Alors qu'il passe le pas de la porte, je commence mon récit, encore.

- Quand mes parents et ma sœur sont morts, je n'avais nul par où aller.

Il se retourne, plongeant son regard dans le mien.

- J'ai fuis pendant des années. J'ai déménagé des centaines de fois, sans vraiment savoir si je serai en sécurité un jour. J'avais neuf ans. Neuf putains d'années. Je me demande même comment j'ai fait pour survivre alors que je n'étais même pas ado. J'ai appris à me battre jeune, à différencier les méchants des gentils, et à éviter de regarder le monde tel que je le voyais, c'est-à-dire cruel et sans pitié.

Tony s'approche un peu de moi et me laisse continuer.

- À cet âge-là, j'ai commencé à lire les livres que je trouvais dans les bibliothèques. Je passais mon temps dans chacune d'elles, plus que dans ma propre « maison ». Quand je lis, je m'enveloppe dans une sorte de bulle qui me permet de faire abstraction de toute la cruauté et la violence du monde et de ce que j'ai vécu. Ça me permet de me changer les idées et m'évader, le temps d'un instant.
Alors quand tu m'as offert cet endroit sublime, j'avais l'impression d'être au paradis. Les livres, pour moi, ce ne sont pas que des bouts de papiers liés ensemble comme tu dis. Pour moi, c'est une échappatoire. La seule échappatoire que j'ai.

Je m'arrête, refoulant les larmes qui menacent de sortir en repensant à tous ces souvenirs douloureux.

✪ Luna ✪ [Bucky Barnes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant