✪ Luna ✪ [Bucky Barnes]

25

Je suis dans ma chambre depuis un jour. Je ne suis pas sortie, ni pour voir des gens, ni pour manger ou boire.
Je suis enfermée dans le noir depuis un jour complet.
Vingt quatre heures.
Et je commence à trouver le temps long.
J'ai refoulé toutes les personnes qui essayaient de venir me voir. Même Bucky... Seul Tony sait pourquoi je suis dans cet état, et il comprend totalement, pour une fois. Il m'a apporté un cheeseburger.

Je fixe le vide, assise sur mon lit, et je broie du noir, encore et encore.
J'ai fait tellement de découvertes depuis que je suis ici, mais celle-là dépasse tout ce que j'espérais.

Un bruit à ma porte me sort de ma transe. Je ne réponds même plus. Ils vont finir par se lasser.
Ah oui, au passage, Tony a réparé ma porte depuis que Bucky l'a enfoncé.
Je reste muette et sèche une des larmes qui a coulé sur mon visage plus que pâle.
J'entends souffler derrière la porte.

- Lu', c'est moi. Laisse-moi entrer, s'il-te-plaît.

Je reconnais la voix parfaite du sergent Barnes derrière la porte. Je souffle à mon tour et me lève. Je n'arrive plus à lui refuser quoi que ce soit. Le pauvre, il doit se faire un sang d'ancre, en plus. Par ma faute.
Je ne lui ai pas parlé depuis qu'on s'est embrassés, il va peut-être croire que c'est de sa faute.

J'arrive devant ma porte et la déverrouille, je l'ouvre doucement et Bucky rentre immédiatement.
Il ne me voit pas, comme on est dans l'obscurité, mais moi je le vois à la perfection. Merci la Lune.
Il ferme la porte et allume directement la lumière, mais je ne remarque presque pas de différence.

Il se tourne vers moi et ouvre la bouche sans rien dire.
Voyant mon état, il me prend le visage entre ses doigts et me regarde, définitivement très inquiet.

- Luna, qu'est-ce qui se passe, bon sang ?

Je ne réponds pas et ferme les yeux. J'ai tellement envie de lui en parler, mais je ne sais pas si j'en suis capable.

Je pose ma main sur la sienne, qui est toujours sur ma joue, et y dépose un petit baiser. Je vois passer dans son regard, une lueur d'assurance, mais elle est vite remplacée par l'inquiétude.

- Rien, il ne se passe rien, mens-je en me retournant vers mon lit.

Bucky souffle et s'assoit à mes côtés.

- Arrête, ça fait un jour qu'on t'a pas vu sortir, ne va pas me dire qu'il n'y a rien, dit-il un peu sur les nerfs.

Il se calme rapidement et je m'affale sur le dos, en fermant les yeux.

- C'est trop compliqué, dis-je je secouant la tête.

Le brun baisse la tête et pose son bras sur ma cuisse. Il la caresse doucement et me sourit timidement.

- Eh, je suis là pour toi tu sais, tu peux m'en parler. Je suis tellement inquiet, dit-il en me fixant d'un air compatissant.

Je me redresse et enfouis ma tête entre mes mains.

- C'est... c'est à cause de moi ? me demande-t-il. C'est parce que je... je t'ai embrassé ?

Son ton triste n'arrange rien à la situation.
Comment peut-il penser à une chose pareille ?

- Quoi ? Bien sûr que non, enfin ! m'exclamé-je. Si je pouvais le refaire, je le referais !

J'assimile mes paroles trop tard; elles sont déjà prononcées.
Là, j'ai laissé mon cœur parler, pas mon cerveau, tant pis, ça change un peu...

Bucky lève le regard vers moi et me sourit. Je secoue la tête en souriant et le prend dans mes bras. Il se tend un peu à mon contact mais me rend presque directement mon étreinte.
Je le sers fort contre moi et hume son odeur qui m'apaise immédiatement. Son souffle chaud dans ma nuque me fait frissonner.

Je me détache un peu mais reste collée contre son torse. Je ne veux pas m'en détacher, pas maintenant.
Une larme silencieuse coule sur ma joue et il la chasse d'un mouvement de pousse.
Il plante son regard inquiet dans le mien et dépose un baiser sur mon front.

- Dis-moi ce qui ne va pas, poupée, dit-il calmement.

Je souris intérieurement mais mes lèvres ne suivent pas.

Je prends une grande inspiration. Je le connais maintenant, je sais que je peux lui faire confiance, mais je suis tellement blessée que les mots me manquent.

- Je... commencé-je. J'ai découvert quelque chose, quelque chose que j'aurais préféré ne pas savoir, en fait.

Bucky passe sa main dans mes cheveux et je colle encore plus ma tête contre son torse. Il pose son menton sur le haut de mon crâne et m'invite gentiment à continuer.

- Je ne faisais pas confiance à Luna, et j'ai décidé de faire des recherches sur elles grâce à son empreinte digitale.

Bucky rigole, comme Tony l'a fait auparavant.

- Tu es un sacré cas, dit-il en rigolant, j'adore.

Je souris malgré moi.

- J'ai...j'ai découvert que...

Je n'arrive pas aller plus loin. Les larmes refont surface et Bucky me place face à lui. Il passe sa main sur ma joue et plante son regard bleuté dans le mien.

- Vas-y doucement, j'ai tout le temps de t'écouter, prends le temps qu'il te faut.

Je lui souris et baisse les yeux.

- Luna est ma sœur... dis-je d'une traite.

Bucky ouvre grand les yeux et m'interroge du regard.

- J'ai découvert tellement de choses... Je ne sais pas par où commencer, dis-je en sanglotant.

Bucky secoue la tête et son sourire me réconforte.

- Tu en as beaucoup fait pour aujourd'hui, je trouve. Je te propose de t'arrêter là, sauf si tu veux m'en parler évidement, et d'aller manger un truc. Tu n'as rien mangé depuis hier.

Je le remercie du regard et souris.
Ce type est incroyable, en fin de compte.
Qui l'eut cru ?
On se détestait, et maintenant je donnerais ma vie pour lui. A peu près.

Bucky me sourit en retour et se lève en me déposant délicatement sur le sol. Il prend ma main dans la sienne et entrelace ces doigts avec les miens. Je frissonne à son contact.
Alors qu'il se dirige vers la porte, je me stoppe. Il se retourne et m'interroge du regard.

- Merci, dis-je timidement. Merci pour tout.

James sourit et se rapproche de moi. De sa seule main libre, il enlace ma hanche et me rapproche doucement de lui.

- Tu n'as pas à me remercier.

Je lui souris et il dépose un chaste baiser sur mes lèvres. Je lui réponds instinctivement et on se sépare rapidement.

Il me dirige vers la cuisine après que j'ai rapidement arrangé mes cheveux. Il a pris soin de lâcher ma main avant qu'on arrive.
Par chance, personne n'est debout à cette heure-là. Il doit bien être trois heures du matin, quelque chose comme ça.

Bucky me prépare un sandwich et m'ordonne de l'avaler en entier avant de me jeter sur le canapé.
Je rigole et abdique. Le brun allume la télé et s'assoit à mes côtés.
Je mange goulument mon sandwich préparé avec amour tout en regardant la télévision.
Une fois mon « repas » terminé, je me rapproche de Bucky et place ma tête contre son torse. Il sourit et passe sa main dans mes cheveux en me papouillant.
J'hume au maximum son odeur, comme si ma vie en dépendait, et il ne me fallut pas plus de dix minutes pour m'endormir comme un bébé, dans ses bras, sur le canapé du salon...

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