Mercredi 5
Le bruit de l'horloge, le caquetage des deux voisines qui se parlaient comme si elles ne s'étaient pas croisées une heure plus tôt, le bouton du cube de rangement servant de siège qui lui rentrait dans les fesses, tout allait mal pour Capucine.
Et tandis que la jeune femme se dandinait sur place pour la dixième fois en quinze minutes, Ondine (sa mère), les yeux pétillants, s'exclama :
— Oh mais j'y pense ! Pierre ne travaille pas samedi, il devrait passer à la maison.
Capucine tenait son joli regard bleu de sa mère et sa chevelure sombre de son père, père qui avait passé l'arme à gauche deux ans plus tôt, à cause d'un putain de cancer qui l'avait balayé en quelques mois seulement.
Parfois, très souvent, la jeune femme aurait préféré ne pas avoir le même regard que celle qui malgré les années qui passaient, continuait à vouloir lui dicter sa conduite. Des fois comme en ce moment d'ailleurs... Parce qu'involontairement, elle avait l'impression que ça la rapprochait d'Ondine, elle avait l'impression que l'univers clamait qu'elle était le double de sa mère. Et ça, elle l'avait en horreur.
Hum, pourquoi était-elle là déjà ? Ah oui, pour aider Ondine à remplir des papiers... Enfin, en théorie du moins.
Le fameux Pierre dont Ondine venait de parler ? C'était le fils de Corine Durant, la meilleure amie de la mère de Capucine. Les deux femmes avaient découvert qu'elles habitaient dans le même quartier de résidences et depuis, elles ne se quittaient plus, au plus grand dam de Capucine chaque fois qu'elle venait rendre visite à celle qui l'avait élevée.
— Cap, toi aussi tu as ton week-end, n'est-ce pas ?
Cette question, la jeune femme l'accueillit avec un plissement d'yeux. Car même si madame Locate n'avait pas déballé la totalité de ses intentions, Capucine les connaissait. En même temps, ce n'était pas difficile étant donné qu'il s'agissait des mêmes depuis plus de trois ans.
En effet, Corine et Ondine, heureuses mères d'enfant désormais grands, voyaient en Capucine et Pierre, le prochain couple far du coin. Elles étaient toujours prêtes à concocter un nouveau plan pourri pour à amener les deux concernés à se croiser. Et même si leurs démarches avaient plutôt fait l'effet inverse, puisqu'à chaque fois, ni Pierre ni Capucine ne décrochait un mot, elles semblaient motivées pour continuer leur petit manège...
— Je suis prise ce week-end, siffla entre ses dents Capucine avant d'attraper sa tasse de thé.
Du bon thé jasmin.
C'était elle qui l'avait offert à sa mère, quelques mois plus tôt, pour Noël. Et franchement, elle avait fait un bon achat. Le goût était superbe et contrairement aux merdes vendues dans les supermarchés, on lui avait certifié que celui-ci était vraiment naturel.
Hum, est-ce que Capucine avait été naïve de croire la vendeuse de la petite boutique ? Bref ! Là n'était pas le sujet.
Parce que le sujet, c'était l'invitation de sa mère pour une énième tentative de rendez-vous. Et là, Capucine n'avait rien trouvé de mieux pour échapper à la question de sa mère que de dire qu'elle était prise. Puis de toute façon, ce n'était pas faux. Une soirée entre copines était prévue samedi soir, dans leur bar préféré.
— Elle se libérera ! enchaina Ondine dans un clin d'œil.
La femme passa une main dans sa chevelure teintée (Capucine n'était encore qu'une adolescente quand sa mère avait commencé à faire des colorations pour garder ses cheveux au top) et soupira d'aise.
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Mission célibat (Terminée)
ChickLitCapucine, jeune femme trentenaire, vit tranquillement sa petite vie. Boulot, amies fêtardes, célibat prolongé, Cap a sa petite routine. Oui enfin ça, c'est la version que la conseillère pénitentiaire aimerait donner. Parce que la vérité, c'est que d...