Chapitre 7 - Le chouchou

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Lundi 24

Le début de sa semaine de travail s'annonça plutôt agréable puisqu'en ce lundi matin, Capucine se rendit à la prison où était Idriss. Et qu'à dix heures piles, elle retrouva son chouchou.

— Comment allez-vous Idriss ? demanda-t-elle en prenant place sur sa chaise.

L'endroit était dénué de décoration et plutôt froid. Seul l'homme ensoleillait un peu la salle. Mais la brune avait l'habitude de travailler (ou du moins de faire des visites) dans des lieux pareils. Les patrons de prison n'étaient pas du genre à se tourner vers des décorateurs d'intérieur.

— Toujours bien quand je vous vois, Capucine. Et vous ?

La jeune femme avait mis un peu de temps avant de réaliser qu'une petite tension s'était installée entre eux. Elle ne savait pas encore s'il s'agissait de drague dissimulée ou bien tout simplement de flatterie, mais c'était sûr, il y avait quelque chose entre ce détenu et elle.

— Très bien, merci. Bon maintenant, venons-en aux nouvelles ! déclara-t-elle en étalant quelques feuilles du dossier du brun.

La sortie d'Idriss était prévue pour dans deux semaines. L'homme semblait impatient, mais à la fois inquiet. Capucine comprenait totalement pourquoi. En effet, en plus de retrouver le monde extérieur, et donc les proches qu'il n'avait plus vus, il allait devoir essayer de commencer une nouvelle vie. Nouvelle vie qui risquait d'être difficile en ayant la case prison cochée.

— Le service de logement a trouvé un studio correspondant à vos demandes.

Il faut dire qu'Idriss n'avait pas été compliqué. Même un 15 mètres carré lui suffisait. Il n'avait pas de meuble avec lui, pas de préférence de localisation dans la ville et se retrouver dans un immeuble de cinq étages sans ascenseur ne le freinait pas.

— Merci beaucoup. Sans vous, j'aurais été à la rue à ma sortie.

Capucine eut envie de répondre que c'était son boulot, pourtant, elle se rendit compte que ce n'était pas tout à fait exact. Certes, elle se chargeait des logements ainsi que des formations ou bien des futurs contrats de travail, mais avec le dossier d'Idriss, elle y mettait toujours plus de hargne, plus de d'espoir, plus d'exigence.

— Si vous voulez vraiment me remercier, promettez-moi que vous ne vous laisserez plus dicter par des idées irrationnelles et que vous resterez éloigné des barreaux à l'avenir.

L'homme baissa la tête et fixa la table.

— Idriss, s'il vous plaît, insista Capucine.

Les yeux sombres du concerné rencontrèrent ceux de la jeune femme.

— Je vous promets d'essayer.

— C'est un bon début, reconnut sa conseillère dans un léger sourire.

Puis dans un soupir, elle se força à afficher son visage de professionnel, ce visage qui donnait l'impression qu'elle ne laissait jamais les émotions altérer ses jugements et son travail surtout.

***

Lorsqu'elle sortit de son entrevue avec le brun, Capucine croisa Thibaut, son collègue de travail.

— Alors, prête à lâcher votre chouchou dans la nature ? la taquina l'homme dans ce qui ressemblait à un sourire.

Capucine soupira puis croisa les bras sur sa poitrine.

— Écoutez, je connais votre avis sur la chose. Je sais également que vous vous permettez de juger sans connaître véritablement la vérité. Mais sachez que je sais ce que je fais. Je suis une bonne professionnelle. Donc à l'avenir, gardez vos réflexions pour vous, vous voulez bien ?

L'homme rigola. Apparemment, le discours de la jeune femme (long discours, peut-être le plus long qu'elle lui avait adressé depuis qu'ils étaient amenés à se croiser dans les couloirs) amusait Thibaut.

D'ailleurs, si son collègue se marra, un autre fit de même : le surveillant qui n'avait pas quitté son poste d'à côté la porte de la salle dans laquelle elle avait eu son entrevue avec Idriss... Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous tout à coup ? Capucine se le demanda, et cela l'énerva encore plus.

— Ouah eh bien ! Quand la grande Capucine ouvre sa gueule, les murs sont supposés trembler ? Parce que si c'est ce qu'il devait se passer, désolé de vous l'apprendre, mais ça n'a pas marché.

Quelle mouche l'avait piqué celui-là ?

— Je crois que c'est la première fois en trois ans que vous m'accordez plus que deux secondes d'attention, continua l'homme.

Et c'était les deux dernières aussi.

— Peut-être parce que je suis ici pour exercer mon travail et non pas bavarder avec des pseudo-collègues ! répliqua durement Capucine.

Oui, il l'avait mise en rogne. Il se mêlait de ce qui ne le regardait pas.

— Très bien, continuez à jouer à la femme froide si ça vous chante. Continuez d'ignorer mes paroles. Mais permettez-moi juste de vous dire que vous jouez à un jeu dangereux Capucine. Croyez-moi, vous n'en sortirez pas indemne, si toutefois vous vous en sortez.

— Ah ouais ? Et qu'est-ce que vous en savez, vous ? rétorqua Capucine en montant le menton.

Voilà que cet idiot de Thibaut venait lui gâcher son début de semaine.

— Il y a cinq ans de ça, il y avait cette femme, Joséphine. Elle vous ressemblait beaucoup. Pas physiquement, mais de caractère et de par son comportement. Comme vous, elle aimait tous ceux qu'elle aidait. Et elle les aimait tellement que c'est le couteau d'un de ses protégés qui lui a ôté la vie.

Durant quelques secondes, Capucine resta silencieuse. Parce qu'il fallut que son cerveau traite les données.

— Et donc, d'après vous, tous ceux qui veulent aider des détenus jouent avec le Diable ? se moqua la brune.

— Non, mais flirter avec un homme qui a été condamné et a goûté au sang de la prison, c'est comme traverser la route sans regarder. C'est inconscient et il y a plus de chances que ça finisse mal qu'autre chose.

N'était-ce pas un peu le risque que tout professionnel de sa branche encourait de toute façon ? Cette dernière remarque ainsi que le regard de l'homme furent de trop pour la jeune femme qui reprit sa route, les poings serrés.

De quoi se mêlait ce Thibaut ? Puis d'abord, qu'est-ce qu'il connaissait de l'histoire ? Absolument rien. D'ailleurs, y avait-il véritablement une histoire ?

Agacée, Capucine poussa la porte du couloir. Il était temps qu'elle quitte l'endroit. Il était temps qu'elle s'éloigne de son collègue qui la voyait comme une potentielle cible. Il n'y connaissait rien. Il ne connaissait pas Idriss. Il parlait sans savoir. Et c'était ce qui l'avait le plus offensée.

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NDA : Septième chapitre.

Ça fait quelques jours que je n'avais pas posté et je ne reviens qu'avec un petit chapitre, malheureusement. Ceci dit, j'espère que vous l'avez tout de même apprécié.

Capucine revoit Idriss et croise ensuite son collègue qui semble avoir peur pour elle. Et vous, quel est votre avis sur la chose ?

Mission célibat (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant