Chapitre 14 - Celui qui squatte et le retardataire

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Samedi 5

Lorsque Capucine arriva devant l'entrée de la résidence de sa mère en fin de matinée, elle avait les yeux rivés sur son portable car Sacha lui avait envoyé un message pour lui dire qu'à cause d'un incident sur la voie, le métro avait été arrêté pour une quinzaine de minutes et qu'il serait malheureusement à la bourre.

Comme si les événements n'étaient pas déjà assez stressants, il fallait désormais que les transports en commun s'en mêlent... Décidément, la vie ne l'aimait vraiment pas !

— Je vois que toi aussi tu hésites à passer ce portillon.

Cette voix masculine, à la fois familière et étrangère la fit sursauter. Capucine lâcha son écran quelques secondes pour tourner la tête vers celui qui venait de rompre son instant de silence et d'angoisse.

— Oh pardon, je ne voulais pas te faire peur.

Surprise par le fait que Pierre ait prononcé deux longues phrases à la suite, elle haussa un sourcil. Certes, lorsqu'ils s'étaient croisés samedi dernier, dans ce bar, il avait été plus bavard que d'habitude. Mais de là à continuer à parler même aujourd'hui et surtout avec plus d'aise, c'était bizarre à voir.

— Salut, souffla-t-elle en remarquant qu'il avait abandonné son pantalon beige favori pour un noir.

Ce vêtement faisait toujours aussi démodé mais au moins, il avait le mérite d'être un peu plus adapté à sa morphologie. Sa sortie avec ce Raphaël ne lui avait pas permis de trouver une copine mais il lui avait peut-être fait réaliser qu'il ne connaissait pas sa véritable taille de pantalon...

— Salut, répondit-il avant d'écraser son doigt sur le pont de ses lunettes.

Pour une fois, ce fut la jeune femme qui croisa les bras sur sa poitrine et se terra dans le silence. Parce que ce nouveau Pierre, qui frôlait la plaisanterie, ça ne la mettait pas vraiment à l'aise. Puis surtout, car elle se souvenait que le fils de Corine avait émis l'hypothèse comme quoi Liam n'était pas réel. Et ça, c'était bien trop stressant pour qu'elle tape la causette à celui qui l'avait démasquée.

— Liam n'est pas là ?

Capucine fixa devant elle et étouffa son soupir. Voilà que lorsqu'elle pensait à ce problème, Pierre décidait de nommer son petit ami imaginaire. Non mais il lisait dans ses pensées ou quoi ?

— Il y a eu un incident avec le métro du coup il est retardé. Mais il devrait bientôt arriver.

Sacha lui avait fait comprendre qu'il avait entrepris de faire le reste du chemin à pieds. Deux arrêts, le métro s'était arrêté à deux arrêts de la destination du jeune homme. Sachant qu'il y avait largement dix minutes entre chacun, cela voulait dire qu'il ne serait pas là avant vingt minutes. La poisse !

Tout en lâchant un soupir, Capucine jeta un coup d'œil à Pierre. Ne pouvait-il pas rentrer dans la résidence, rejoindre sa mère et la laisser tranquille ? Il n'avait pas décidé d'attendre avec elle tout de même ?

Au fond d'elle, la jeune femme savait qu'elle commençait à s'énervait sur lui alors qu'il n'y était pour rien, mais elle ressentait le besoin de passer ses nerfs sur quelqu'un. Et Pierre était là ! Et s'il restait là justement, elle allait craquer. Ce qui rejoignait son idée principale : il fallait qu'il déguerpisse.

— Liam prend le métro ? J'aurais pensé qu'il avait une voiture.

Cette fois-ci, ce fut plus fort qu'elle : Capucine lui envoya un regard noir. Elle en était certaine, quand il était gosse, il avait dû être le genre d'intello agaçant qui récoltait plein de réflexions parce qu'il avait rappelé à la maîtresse qu'un contrôle était prévu.

Mission célibat (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant