Mardi 6
Ce fut vers midi vingt que Capucine s'avança vers un petit parc public à quelques rues de son lieu de travail. Son sac à la main sur l'épaule gauche, elle laissa son regard arpenter les lieux à la recherche d'un visage et lorsque ses yeux rencontrèrent ceux d'Idriss, elle remua les doigts.
— Ah ! Mon rayon de soleil !
Les rides au coin des yeux d'Idriss lui avaient manqué.
— Je ne connaissais pas ce petit parc, nota Capucine avant de saluer l'homme d'un signe de tête.
— Moi non plus, avoua Idriss en rigolant, mais Google si !
— Ah Google, notre meilleur ami, s'amusa Capucine en s'asseyant sur le banc de son ancien client.
Dans un soupir, elle apprécia l'instant. Elle était en pause et elle allait déjeuner avec Idriss Bekri. D'ailleurs, en parlant de bouffe... Cap ouvrit son sac à la recherche du sandwich qu'elle avait emballé ce matin dans du cellophane.
— Alors dites-moi tout, comment ça se passe ? Avez-vous eu un retour pour l'entretien dans la manutention ? lança-t-elle tandis que son esprit entamait déjà une guerre ancestrale contre son sac qui gardait caché son repas de midi.
C'était dingue comment il pouvait lui faire perdre la tête. Autant elle le trouvait beau, autant il jouait avec ses nerfs. Pire qu'un homme !
— Que diriez-vous si nous mangions tout d'abord ? répliqua l'homme. Parce que je ne sais pas pour vous, mais j'ai une faim de loup !
C'était à la fois super agréable de le revoir (parce que son chouchou lui avait manqué) et à la fois perturbant, car Idriss ne ressemblait plus au détenu qui était entré chaque semaine dans sa salle d'entretien. Il n'avait plus sa fameuse tenue, il avait changé de coupe et entretenait sa barbe.
Il était un nouvel homme. Toujours aussi poli et souriant cependant.
Lorsque Cap vit Idriss ouvrir ce qui ressemblait à un vieux sac isotherme, elle réalisa que l'homme avait tout prévu. A moins que ce n'était que pour lui...
— Vous avez changé quelque chose à votre coupe, non ? demanda Idriss en posant une boite en plastique sur le petit carré vide du banc entre eux.
Capucine toucha machinalement ses cheveux et sourit. Il était le seul à l'avoir remarqué. Mais après tout, elle le savait déjà, ses collègues de boulot la regardaient sans vraiment la voir.
— Oui, mon cher ami Google m'a dégotté une chouette vidéo pour faire un dégradé.
D'après ce qu'elle avait vu dans la glace, ce n'était pas trop mal. Certes, quelques endroits n'étaient pas parfaitement droits, mais ça passait, pour dire que c'était sa première fois.
— Ça vous va bien.
Capucine ne savait pas s'il disait ça pour lui faire plaisir ou bien s'il le pensait vraiment, mais ça la flatta tout de même.
— Tenez, lança Idriss avant de tendre une deuxième boite en plastique.
Il attendit que la jeune femme prenne celle-ci pour attraper une fourchette.
— C'est pour moi ? demanda-t-elle, un peu hésitante.
— Bien sûr ! répondit Idriss. Je sais que j'ai parlé de manger ensemble et je m'excuse si vous avez cru que l'on irait au restaurant, mais je n'ai pas les moyens de...
— C'est vous qui l'avez cuisiné ? le coupa Capucine.
Elle venait d'ouvrir la petite boite et regardait désormais ce qui ressemblait à de l'omelette. Elle sentait divinement bon et la petite salade à côté achevait de rendre le plat coloré (était-ce des poivrons sur le dessus ?).
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Mission célibat (Terminée)
ChickLitCapucine, jeune femme trentenaire, vit tranquillement sa petite vie. Boulot, amies fêtardes, célibat prolongé, Cap a sa petite routine. Oui enfin ça, c'est la version que la conseillère pénitentiaire aimerait donner. Parce que la vérité, c'est que d...