Chapitre 13 - Bientôt la liberté

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Jeudi 3

Tandis que la semaine commençait à toucher à sa fin, Capucine déclara son désir de voir Idriss. L'homme devait sortir dans quelques jours et la brune savait qu'une fois relâché, il y avait peu de chance que son préféré garde véritablement contact avec elle. Après tout, à quoi cela leur aurait servi ?

Assis sur sa chaise, Idriss regarda Capucine poser ses affaires sur la table, le sourire aux lèvres. Dans un soupir, la jeune femme réalisa que leurs petites entrevues allaient vraiment lui manquer. C'était plus ou moins son instant favori durant sa semaine de travail.

— Bonjour Idriss, souffla-t-elle après s'être reprise.

— Voilà mon rayon de soleil ! Bonjour Capucine.

La conseillère pénitentiaire lui rendit son sourire, même si son ventre se noua.

— J'avais peur de ne pas vous revoir avant ma sortie, continua Idriss.

Désormais, c'était à la gorge qu'elle avait une boule.

— Vous savez bien que je n'abandonne jamais personne, plaisanta-t-elle sous un faux ton léger.

— Et j'espère que vous tiendrez parole pour moi aussi alors, renchérie Idriss.

La jeune femme arrêta son jeu de comédienne et regarda l'homme. Il avait un coquard, coquard qui n'était pas présent la semaine précédente. Ce qui voulait dire que...

— Idriss, murmura-t-elle.

— Ne vous en faîtes pas, une simple altercation avec des détenus qui sont jaloux de me voir partir, tenta de la rassurer ce dernier. Si c'est le prix pour la liberté, alors ils peuvent me tabasser autant de fois qu'ils veulent.

Capucine eut du mal à cacher à quel point ces deux phrases venaient de la toucher. Car ces hommes, ces brutes, avaient oser s'en prendre à son chouchou, celui qui avait fini en prison sans véritablement commettre d'erreur, si ce n'était vouloir aider sa famille en détresse.

— Vous ne devez pas vous laisser...

— Si je réplique, je repousserais la date de ma sortie, la coupa Idriss. Si j'ai eu une bonne conduite jusqu'à maintenant, ce n'est pas pour changer d'esprit à deux jours de ma sortie.

Une fois de plus, cette intervention rappela à Capucine que l'homme était une bonne personne. Une bonne personne qui allait lui manquer.

— Je sais bien mais...

La brune ne termina pas sa phrase car elle réalisa qu'il n'y avait pas vraiment de fin à apporter. Idriss avait raison. Et l'affection qu'elle lui portait avait été sur le point de lui faire prononcer des conseils à ne pas suivre. En tant que conseillère pénitentiaire, il était de son devoir d'être forte et surtout un réconfort pour les détenus et avait failli faillir à sa tâche.

— Y a-t-il des nouvelles concernant mon dossier de travail ?

Si Capucine lui avait trouvé un logement pour sa sortie, en ce qui concernait un potentiel boulot, ce n'était pas aussi facile. La plupart des employeurs avec qui elle avait pris contact avaient dit vouloir voir Idriss en personne avant de donner une réponse et la jeune femme ne leur en voulait pas. Leur réaction était compréhensible. Ceci dit, cela l'énervait tout de même.

Les doigts entrelacés et posés sur la table, la conseillère pénitentiaire remua négativement la tête. Elle n'avait pas envie d'entendre sa propre réponse car elle savait qu'elle serait aussi déçue que le concerné à son entente.

— Ce n'est pas la professionnelle qui voulait vous voir aujourd'hui, lança-t-elle après un faible soupir.

Capucine releva la tête et affronta les yeux foncés d'Idriss. Ils étaient d'une couleur basique, pourtant dès la première fois qu'elle l'avait vu, elle avait aperçu un océan d'émotions dans ses iris. Allant de la bonté aux regrets, ce regard l'avait fait voyager.

— C'est la femme qui a vu en vous la bonne personne que vous êtes. La femme à qui vous allez manquer.

Cette pseudo-déclaration laissa l'homme sans voix. Quant à Capucine, elle se racla la gorge puis se mit à observer le mur derrière Idriss.

Alors que Léane était du genre à dire les mots sans gêne, quitte à surprendre les personnes (ce qui était d'ailleurs secrètement son atout pour gagner les parties, puisque la jeune femme voyait la vie comme une assemblée de parties de jeu), Capucine n'avait pas pour habitude de déborder ainsi. Du moins, pas au travail.

— Vous savez que je suis un détenu et que j'ai des casseroles au cul, déclara le foncé au bout d'une bonne minute de silence.

Cette phrase fit comprendre à la jeune femme qu'elle s'était mal exprimée. Visiblement, Idriss venait de comprendre autre chose que Capucine aurait voulu qu'il comprenne.

— Non, je veux dire... Oh pardon Idriss, pardon d'avoir fait penser que je voulais dire que... Je parlais en tant qu'ami. Je voulais dire que vous êtes une personne que j'apprécie et que nos entretiens me manqueront.

Le léger sourire d'Idriss laissa la jeune femme perplexe.

— Je plaisantais Capucine. J'avais compris, lança-t-il.

Elle ne l'avait encore jamais vu joueur comme en ce moment, comme quoi, il lui restait encore beaucoup à découvrir.

— Je ne vous avais encore jamais vue rougir, avoua le foncé.

Automatiquement, la brune porta les mains à ses joues. Idriss avait raison, elles étaient brûlantes.

— Et à moi aussi, nos entretiens me manqueront.

Durant une fraction de seconde, Capucine eut envie de lui attraper la main pour lui dire qu'elle lui souhaitait bonne chance pour sa nouvelle vie. Puis elle réalisa que le geste aurait pu paraître déplacé, aussi elle se contenta des paroles :

— Je vous souhaite beaucoup de réussite et de bonheur à l'avenir.

— Merci Capucine, je vous souhaite aussi de continuer à réussir professionnellement et d'être heureuse.

A l'entente de ces mots, le cœur de la jeune femme se brisa. Car elle savait ce que cela voulait dire : c'était la fin de leur entrevue. Il était temps qu'elle reparte. Il n'y avait plus rien à ajouter.

— Si vous avez un quelconque soucis à votre sortie, vous avez mon numéro Idriss, je me ferai une joie de vous aider.

Bien évidemment, elle le pensait.

Le discours de son collègue Thibaut, des semaines auparavant, était déjà oublié. Peu importe si une de ses amies avait été tuée par un ancien détenu (paix à son âme), Capucine savait qu'Idriss n'était pas comme ça.

— Je l'ai appris par cœur dès notre première entrevue, sourit l'homme.

Cette annonce donna du baume au cœur à la jeune femme.

— Je suppose que je n'ai pas le droit de vous prendre dans les bras sinon des gardes vont débarquer et penser à l'agression, plaisanta à moitié Idriss.

— Ce ne serait pas professionnel, grimaça Capucine.

Elle aurait aimé l'étreindre, mais que ce soit du côté du détenu ou de la conseillère pénitentiaire, les choses auraient pu être mal interprétées.

Après un léger soupir, la jeune femme se leva et attrapa ses affaires. Le foncé la regarda faire, silencieux. Capucine n'aimait pas qu'on l'observe ainsi, car elle se sentait bien souvent mal à l'aise soudainement maître de l'attention d'autrui.

— Passez une bonne journée Idriss, lança-t-elle en croisant le regard du concerné.

Puis alors que la brune se dirigeait vers la porte, son sac sur l'épaule et des documents à la main, la voix de l'homme souffla :

— Au revoir, mon rayon de soleil.

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NDA : Treizième chapitre !

Il a tardé à arriver, une fois de plus. Mais c'est dur d'écrire en ce moment, il y a trop de choses à côté x)

Bref, c'est un chapitre court et centré sur Idriss et Capucine. L'homme va bientôt sortir et la jeune femme ne le reverra plus. Qui les aime bien (que ce soit professionnellement, amicalement ou autre bien sûr) ?

PS : Merci pour les lectures, votes et commentaires, ils arrivent petit à petit et ça fait vraiment plaisir :)

Mission célibat (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant