Chapitre 24 - En panique

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Jeudi 17

Croiser Thibaut au travail rappela à Capucine qu'elle s'était engueulée avec ses amies. Enfin, plutôt avec Léane. Mais c'était tout comme, car elle n'avait pas eu de nouvelles d'Élodie depuis. En même temps, elle-même n'en avait pas demandé.

Alors afin de ne pas péter un câble sur son collègue de boulot, la jeune femme choisit de l'éviter au maximum. Et sa technique fonctionna, jusqu'à la pause déjeuner, pause durant laquelle Thibaut eut le malheur de lui adresser un regard.

Là, ce fut plus fort qu'elle : la brune s'écria qu'elle savait parfaitement séparer sa vie privée de sa vie professionnelle. Réplique à laquelle son collègue ne sut pas quoi répondre puisqu'il était ignorant du travail de réflexion que Capucine faisait depuis quelques jours.

Autant dire que lorsque l'heure de la débauche arriva, Thibaut évita de regarder Capucine et s'empressa de partir, comme s'il avait le diable à ses trousses. Certes, la jeune femme réalisa à cet instant qu'elle y était peut-être allée un peu fort, mais la vue d'une silhouette désormais familière au loin l'empêcha de songer plus longtemps à la situation.

La conseillère pénitentiaire s'avança vers le passage piéton. Les yeux posés sur le blond qui tournait en rond, la jeune femme douta à propos de l'identité de la personne, jusqu'à ce que son regard se pose sur la tenue de l'homme. Là, elle ne put s'empêcher de rouler des yeux.

— Oh, Capucine ! s'écria Pierre en la remarquant à son tour.

Il faillit traverser la route sans regarder si le passage piéton était libre et fort heureusement, un mec géant, casquette sur la tête et t-shirt de basketteur américain, l'attrapa par le bras et sur un ton de reproche lui demanda s'il était suicidaire. Apparemment, il n'y avait pas que les gosses qui ne songeaient pas à vérifier que le feu était rouge pour les voitures...

— J'ai un gros problème, lui apprit le blond une fois qu'il eut traversé le passage piéton en toute sécurité.

— Bonjour Pierre, ça va, merci bien ! répondit Capucine dans un sourire trahissant son irritabilité.

Certes, le manque de politesse n'était plus une exception chez les gens, mais pas chez Pierre qui malgré son manque de participation orale, n'avait jamais manqué de dire bonjour aux repas. C'était d'ailleurs la première fois qu'il agissait ainsi.

Était-ce parce que ces derniers temps, il ne la considérait plus vraiment comme la fille d'Ondine alias la femme avec qui sa mère voulait le caser ? Était-ce parce que Capucine était juste devenue celle qui l'aiderait à se sortir de la bulle dans laquelle sa génitrice l'enfermait ?

— Ah euh oui pardon, ça va ?

La brune remarqua qu'il n'attendait pas vraiment une réponse à sa question mais décida que ce n'était peut-être pas la peine de parler du fait qu'il ne s'intéressait pas vraiment à son état d'âme.

— Et toi ? répliqua-t-elle dans un soupir.

— Moi ? Moi, c'est la galère. D'ailleurs, c'est pour ça que je suis là. Car j'ai besoin de toi !

Elle n'y pensait que maintenant mais Capucine n'avait jamais donné l'adresse de la prison. Comment Pierre avait-il su qu'elle serait là et surtout à cette heure-ci ? Avant même qu'elle ne pose la question à voix haute, la réponse lui parut soudainement évidente : sa mère. Ondine Locate était toujours derrière tous les trucs tordus.

— Le lendemain de ta venue chez moi, je me suis inscrit sur deux sites de rencontre, parce que les soirées dans les bars ou avec les collègues, c'est pas trop mon genre. Et il y a eu cette femme là, Mélania, qui m'a envoyé un message. On a un peu discuté et elle a fini par proposer qu'on se voit.

Mission célibat (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant