En rentrant, vers vingt-deux heures chez elle (car Capucine s'était un peu attardée chez l'étudiant qui à son goût, avait toujours été en situation d'handicap avec son bras), la jeune femme redescendit de son petit nuage en découvrant qu'Idriss avait enfin répondu à son mail.
Une semaine ! Il avait mis une semaine à lui répondre. Était-ce bon signe ? D'accord, elle n'avait pas fait mieux mais... Peu importait. Ce n'était pas le moment de se creuser la tête alors qu'elle allait sûrement avoir la réponse qu'elle attendait en lisant le message d'Idriss. Aussi, la conseillère pénitentiaire fixa l'écran de son portable et commença sa lecture :
« Bonsoir Capucine,
Pas d'inquiétude à avoir à propos de votre réponse tardive, j'ai conscience que vous avez un emploi du temps bien rempli entre votre travail et votre vie privée. Puis, je ne déloge pas à la règle puisque j'ai moi aussi été long à répondre.
Je suis content de lire que vous avez finalement mis fin à vos questions et avez choisi de poursuivre notre échange. Je sais que je l'ai déjà dit, mais je ne le dirai jamais assez de toute façon, je vous dois beaucoup. Sans vous, sans votre soutien, je n'aurais pas eu de toit à ma sortie et surtout, je n'aurais pas eu cette force pour affronter ma nouvelle vie.
Mon casier judiciaire n'aide pas vraiment pour mes candidatures. Je dirais même qu'il s'agit d'une véritable barrière puisqu'à cause de ce dernier, je ne passe pas que rarement l'étape du simple rappel. Mais j'ai tout de même réussi à dégoter un entretien pour un travail de manutention. J'ai espoir que cette fois-ci, ça fonctionne.
Enfin, pour répondre à vos derrières lignes, mes retrouvailles avec ma famille n'ont pas été à la hauteur de mes attentes. Mon frère ayant mis les voiles, je me retrouve avec des dettes puisqu'Amine n'a pas payé les derniers mois de loyer de l'appartement dans lequel il logeait. Quant à notre père, eh bien j'ai appris la douloureuse nouvelle dès le soir de ma sortie : il s'est éteint trois semaines avant que je ne sois libéré.
Malgré tout, j'essaie de garder espoir, autant professionnellement que financièrement et surtout moralement. C'est parfois lorsque nous sommes au plus bas que nous rebondissons le mieux.
Je vous dis à bientôt, peut-être en face à face ?
Idriss Bekri »
Le visage toujours figé sur l'écran de son portable, Capucine ne sut comment réagir face à toutes ces informations. Aussi, elle se contenta de porter la main à sa bouche.
Durant plus d'une minute, la jeune femme resta silencieuse. C'était le vide dans son esprit. Parce que jamais ô grand jamais, elle n'avait pensé que le retour d'Idriss puisse être aussi triste. Certes, l'homme semblait tenir le coup (en tout cas, il essayait d'en donner l'impression) mais il ne lui était arrivé que des malheurs.
Et justement, en songeant à la mort du père d'Idriss, Capucine songea soudainement à celle de son paternel, puis à sa mère. Depuis combien de temps n'avait-elle plus de nouvelles d'Ondine ? Bien sûr, elle avait compris que l'arrivée de Sacha (ou Liam) dans sa vie avait ôté l'envie à sa génitrice de l'inviter tous les quatre matins à venir manger chez elle. Mais... Mais que devenait-elle ?
Dans un soupir, car elle s'en voulait d'être aussi faible (le scénario se reproduisait toujours, certes avec un point de départ différent cette fois-ci, mais le résultat allait être le même évidemment) Capucine composa le numéro de sa mère. Elle attendit deux sonneries avant que la voix d'Ondine ne s'exclame :
— Ah quand même ! Ta pauvre mère aurait très bien pu se faire enterrer que tu n'aurais même pas été au courant, se plaignit Ondine.
Capucine roula des yeux, se rappelant à quel point sa mère pouvait parfois la gonfler, et alla s'asseoir sur son canapé.
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Mission célibat (Terminée)
Chick-LitCapucine, jeune femme trentenaire, vit tranquillement sa petite vie. Boulot, amies fêtardes, célibat prolongé, Cap a sa petite routine. Oui enfin ça, c'est la version que la conseillère pénitentiaire aimerait donner. Parce que la vérité, c'est que d...