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Assise sur le bord du trottoir, je réfléchissais tout en essayant d'analyser la situation abracadabrantesque que j'étais en train de vivre. Comment est-ce que j'avais fait pour me retrouver dans une telle merde ? Cette phrase, je me la répétais en boucle depuis une bonne heure maintenant. J'étais trempée. Mes vêtements me collaient à la peau et mes cheveux avaient tellement frisés que j'avais l'air d'une barbe à papa géante. Quant à mon « maquillage », il avait coulé. En bref, je faisais peur.

Une idée me vint à l'esprit pourtant. Appeler mon cher père. Mais je savais très bien au fond de moi que si je l'appelais pour lui dire que je refusais cet emploi, il me ferait dormir dans la tente du jardin, celle qui était située non loin de la niche du chien. Oui, mon père avait les idées les plus excentriques quelques fois. Pour ne pas dire tout le temps. Je me demandais intérieurement si les quelques années de son service militaire ne l'avaient pas marqué.

Après tout, il avait bien un jour, essayé de nous faire manger de la pâté pour chien à ma mère et moi pour nous montrer à quoi pouvait ressembler la vie des soldats pendant la guerre et la difficulté de ce métier.

Non mais, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Je vous rassure.

Un journal usé et datant de plusieurs jours virevolta dans ma direction pour venir directement se plaquer sur mon visage, me faisant soupirer d'exaspération. Je l'arrachais de mon visage en injuriant tous les Dieux les plus connus sur cette terre. J'étais à bout. Un jeune garçon s'arrêta timidement devant moi puis déposa une pièce à mes pieds. Ah bah d'accord. Mon état était si lamentable que même les enfants avaient pitié de moi et me prenaient pour un sans-abri.

« Ya ! Qui t'a dit que j'étais un sdf ? Espèce de petit con ! »

Il commença à crier puis partit rejoindre sa maman qui me regardait d'un sale œil. Bon, ok. J'avais peut-être un peu exagéré en lui hurlant dessus mais bordel ça suffit les clichés. Après 15 minutes qui me parurent interminables, j'entendis un bruit de moteur et me levais. Un fourgon de police n'allait pas tarder à pénétrer au sein de la prison. C'était ma chance. Il fallait que je la saisisse. Je courus derrière le fourgon comme une tarée en espérant qu'il s'arrête en me voyant bouger les bras dans tous les sens à travers ses rétroviseurs. J'étais épuisée après seulement une minute de course. Il fallait sérieusement que je pense à me remettre au cardio.

Et vite.

« Attendez...s'il vous plaît. »

Je reprenais ma respiration doucement, la main posée sur mon coeur lorsque la porte du fourgon s'ouvrit me faisant légèrement sursauter. Un homme de taille moyenne et plutôt mignon, non très mignon même me regardait avec des yeux ronds. Comment ne pas le comprendre en même temps ? Il avait devant lui le sosie afro de la fille qui sort de la télé dans « The Ring ». Vous voyez le délire ?

« Bon-bonjour... »

Il fronça les sourcils et sembla inquiet. « Tout va bien ? Qu'est-ce que vous faites sous la pluie ? » Il caressa mon épaule mais retira sa main rapidement à cause de mes vêtements mouillés. « Bon sang mais vous êtes trempée ?! »

Sans déconner Einstein, même moi je l'avais pas remarqué. Tu pensais quoi ? Que je m'amusais à prendre une douche dehors pour le plaisir en chantant « Singing in the rain » ?

« S'il vous plait. J'aurais besoin que vous m'aidiez. C'est mon premier jour dans cette prison aujourd'hui et je suis déjà sacrément en retard. Alors... »

« Votre premier jour ? Oh ! Vous devez être la nouvelle femme de ménage qu'ils ont demandé c'est ça ? On nous a dit qu'elle devait arriver aujourd'hui. Comment se fait-il qu'ils ne vous ont pas laissé rentrer ? »

Je croyais qu'on avait dit qu'on arrêtait avec les clichés à la con.

« Non, je - je suis la nouvelle surveillante pénitentiaire. J'ai envoyé ma candidature il y a plusieurs jours et on m'a rappelé hier pour me dire que je pouvais commencer aujourd'hui. »

Il se gratta la nuque complètement décontenancé par ce que je venais de lui dire. « Je vois... Désolé. J'avais cru... enfin à cause de... »
Il imita une forme ronde avec ses mains et j'avais très bien compris où Monsieur voulait en venir mais je me retenais pour ne pas l'insulter. Je ne voulais pas qu'on me ferme la porte au nez. Il était hors de question que je reste dehors sous cette pluie battante une minute de plus.

« Y a pas de mal. J'ai l'habitude. » Un rire jaune s'échappa de mes lèvres et j'arrangeais une mèche de mes cheveux.

« Bon. Tu m'en veux pas si je te tutoie hein ? Je vais te faire rentrer sinon tu risques de tomber malade à ce rythme. Mais comment se fait-il que personne ne t'ait laissé entrer ? »

Il descendit du véhicule puis demanda à ce que l'on ouvre les grosses portes métalliques afin de laisser entrer le fourgon et les détenus qu'il contenait.

Oui, on se le demande tiens. Peut-être parce que le crétin qui sert de gardien ne m'a pas pris au sérieux à cause de ma dégaine et parce que je suis une femme ? Voilà ce que j'avais envie de lui répondre mais je n'avais pas envie de créer une polémique inutile le premier jour. J'étais dans un état assez lamentable comme ça.

Une fois que les détenus furent emmenés à l'intérieur, mon mystérieux sauveur consentit enfin à me faire entrer dans la prison afin que je sois au chaud. Mon corps tremblait à cause du froid et je ne faisais que tousser comme une vache. Super. Tomber malade un premier jour de boulot. A qui d'autre est-ce que ça aurait bien pu arriver ?

Lorsque le gardien de la prison m'aperçut, je vis son regard me détailler des pieds à la tête comme si j'étais une sorte de morceau de viande. En revanche, en REVANCHE, j'étais loin, très loin de me douter que ce mal élevé à la voix grave était aussi canon. Contrairement à mon sauveur, il était plus grand de taille, ses cheveux bruns courts lui allaient à merveille. Son regard était intense, brut. Quant à ses lèvres, elles ne demandaient qu'à être embrassés et son corps. Seigneur. Magnifique, comme lui. Il devait être sportif. C'était certain. Inconsciemment, je me léchais les lèvres mais me cachais la bouche rapidement lorsque je vis son regard se porter sur mes lèvres. Un dangereux sourire en coin prit place sur son doux visage et je me sentis rougir.

Quelle conne. Bon d'accord, j'étais en manque mais il fallait que je me calme. Et puis ce n'était certainement pas dans un environnement comme celui-là que je risquais de m'envoyer en l'air.

Quoi que.

« Ah Taehyung, je te présente... »

« Kim Mi. Enchantée. »

DÉTENU Nº010997Où les histoires vivent. Découvrez maintenant