Le détenu Jeon Jungkook se dirigeait vers le lieu réservé aux visites, accompagné d'un autre surveillant. Il ne redoutait pas vraiment ce moment mais il se demandait qui pouvait venir le voir depuis tout ce temps. Cela faisait déjà plus d'un an qu'il était enfermé derrière des barreaux et aucun membre de sa famille ne s'était déplacé pour venir le voir. Ni même un « ami ». Il avait fini par s'habituer à cette solitude qui parfois le pesait et s'était renfermé dans ses dessins et ses chansons. Un surveillant lui ouvrit la porte et le fit entrer. Lorsqu'il aperçut la personne qui se tenait debout derrière la vitre, son corps se crispa et ses poings se serrèrent par automatisme. Avait-il redouté SA visite au fond de lui ? Oui.
Le surveillant referma la porte derrière lui puis s'assit ensuite derrière un petit bureau en bois situé non loin de la place dédiée au détenu afin de le surveiller et pour éviter tout débordement ou crise de colère de sa part. Le détenu tira sa chaise en arrière et s'assit dessus, jambes écartées et bras croisés sur sa poitrine. Son interlocuteur s'assit également et laissa ses doigts vagabonder sur la planche en bois. Jungkook trouvait qu'il n'avait pas changé. Ses traits avaient quelques peu vieillis mais il restait le même. Jungkook ne bronchait pas. Son regard était neutre, sans expression.
« Je suis content de te voir... fils. »
La mâchoire de Jungkook se serra à l'entente de ce mot si familier et ses jambes commencèrent à battre nerveusement. Ce mot qu'il détestait, surtout lorsque celui-ci sortait de la bouche de cet homme. Cet homme qu'il avait tenté d'assassiner il y a plusieurs mois déjà. Son propre père. Celui-ci décrocha le combiné mis à sa disposition et attendis patiemment que son fils fasse de même. Jungkook décrocha le combiné violemment et le plaça sur son oreille gauche. Prêt à entendre les mots de celui qui avait été jadis son paternel adoré.
« Comment est-ce que tu te sens ? »
« ... »
« J'ai failli ne pas te reconnaitre quand tu as franchi cette porte. Tes cheveux ont tellement poussés et pourtant ça fait quoi ? Tout juste 1 an que tu es là voire plus, c'est fou. »
« ... »
« Tu fais de la musculation en prison ? J'ignorais qu'il y avait des poids mis à disposition pour les détenus comme ce sont des objets considérés comme « dangereux ». »
« ... »
« Hum... j'imagine que oui vu ton impressionnante musculature. Je – si je suis venu aujourd'hui c'est pour prendre de tes nouvelles. Comme tu ne réponds pas à mes courriers, je me suis dit que j'allais venir te voir. »
« T'es pas croyable... » Jungkook passa une main sur son front d'un air las en riant. « Tu te fous de moi, c'est ça ? »
« Jungkook, je t'assure que -. »
« Que quoi ?! Ça fait plus d'un an que je suis en train de crever à petit feu dans cette PUTAIN de prison et c'est maintenant que tu viens prendre de mes nouvelles ?! Tu te fous de ma gueule, c'est ça ?! »
« Pas du tout. Tu sais très bien pourquoi je n'ai pas pu venir te voir plus tôt ! J'étais à l'hôpital et j'étais suivi pour mes blessures et pour mes soins... Jungkook, tu oublies tout ce que tu m'as fait ? Tu as manqué de m'ôter la vie. Tu t'es acharné sur moi comme si je n'étais qu'un vulgaire inconnu à tes yeux. Comme si je venais de t'infliger la pire des souffrances... Et la question que je me pose, c'est « pourquoi ? » Pourquoi est-ce qu'il fallu qu'on en arrive là tous les deux ? Pourquoi il a fallu que tu fasses partie de ce stupide gang ? Ce sont eux qui t'ont transformé en l'être infâme et insensible que tu es devenu. Ce sont eux qui t'ont appris toute cette violence, qui t'ont fait changer. Le Jungkook que j'ai élevé n'aurait jamais commis un tel acte. Jamais. Je me souviens que lorsque tu étais petit, tu étais l'enfant le plus doux et le plus adorable du monde. Tu prenais toujours la défense des plus faibles et tu rejetais toute sorte de violence, quelle que soit sa forme. Et puis, tu as commencé à entrer dans l'adolescence. Tu faisais quelques crises mais rien de bien grave. Je pensais qu'elles étaient du à l'âge et à ce que les gens appellent communément une « crise d'adolescence » jusqu'au jour où tu as ramené ton premier tatouage. Je me rappelle que nous nous sommes disputés toute la soirée à ce propos surtout que tu n'étais pas encore majeur à l'époque. Mais j'ai fini par l'accepter pour ne pas envenimer ce conflit et pour ne pas te perdre. » Ses yeux devinrent humides. « Je t'ai laissé faire tout ce que tu voulais Jungkook. Lorsque tu as refusé de poursuivre tes études, j'ai accepté, lorsque tu n'arrivais pas à trouver un emploi, je ne t'ai jamais pressé ou stressé. Je te laissais toujours faire les choses à ton rythme. »
« Arrête, tais-toi... »
« Et puis il y a eu ce fameux jour. Le jour de l'accident. Ta mère... »
« Je t'interdis de parler de maman t'as compris ?! » Il tapa du poing contre la vitre, faisant reculer son paternel. « T'as pas le droit de parler d'elle !! Pas après tout ce que tu lui as fait !! Tu veux que je te dise ? C'est toi et ta putain qui auriez du crever dans cet accident, pas elle ! Jamais je te pardonnerai ce que tu nous as fait, t'entends ?! »
« ... »
« Tu veux que je te dise ? Je regrette pas du tout d'avoir fait partie de ce gang ! Ces mecs ont des couilles que t'auras jamais ! Ils m'ont appris à me battre, à me faire respecter et à ne pas me laisser faire. L'argent, les belles voitures, les femmes, j'avais tout avec eux ! C'est à ce moment-là que j'ai découvert ce qu'était le vrai bonheur. Le bonheur d'avoir une famille, une VRAIE, sur laquelle je pouvais compter en cas de besoin. De toute façon, je sais très bien pourquoi tu m'as toujours laissé faire ce que je voulais, c'est parce que t'étais bien trop préoccupé à sauter ta catin dans ton bureau tous les soirs avant de rentrer à la maison. »
Le surveillant leva sa tête et dévisagea le père de Jungkook avec des yeux ronds puis il toussota et reprit la lecture de son magazine.
« Maman ne méritait pas ça. Elle ne méritait pas d'avoir cette vie de merde. D'être reléguée au second plan comme une moins que rien. Pas après tout ce qu'elle a fait pour toi. Pas après tous ses sacrifices. » Il essuya une larme qui roula sur sa joue. « Alors, ne viens pas ici pour m'amadouer en essayant de jouer au père model parce que t'en as jamais été un. »
« ... »
Jungkook se leva de sa chaise, le combiné toujours dans les mains. « Je veux plus jamais te voir. A mes yeux, c'est comme si t'existais plus et t'as intérêt de dire à ta pétasse d'arrêter de me surnommer « Jungkookie » parce que sinon elle sera la prochaine sur ma liste le jour où je sortirai d'ici ! »
Il raccrocha puis ouvrit la porte du parloir et sortit sans même adresser un dernier regard à son père et sans même attendre le surveillant qui se leva en vitesse de sa chaise pour suivre le tatoué et ne pas le perdre de vue.
Toujours sonné par les dernières paroles de son fils, le haut gradé, n'arrivait pas à se résoudre à raccrocher son combiné. Il se savait coupable du changement de comportement de son fils et de la haine que celui-ci éprouvait pour lui mais jamais encore il ne l'avait entendu prononcer ces mots devant lui. Ces mots avaient été plus violents qu'une gifle, plus violent que tout ce qu'il n'avait jamais pu imaginer. Plus violent que les coups de son propre fils. Il n'en avait jamais voulu à Jungkook malgré sa tentative d'homicide. Il l'avait pardonné le jour même où il était sorti du coma dans lequel on l'avait plongé et pourtant, il l'avait perdu à tout jamais. Il le savait mais malgré tout il savait au fond de lui qu'il continuerait de l'aimer et de tout faire pour l'aider jusqu'à ce que la mort vienne le prendre à son tour.
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DÉTENU Nº010997
Fanfiction« Lorsqu'une personne, peu importe qui, a choisit d'aimer tout ce que tu es. Tout ce qui est bizarre en toi. Tout ce que tu as de mauvais. Tout ce que tu caches aux autres. Tout d'un coup ça ne compte plus... Tu ne te sens plus aussi étrange qu'avan...