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Bon, j'aurais peut-être du suivre les conseils de ce Seokjin en fin de compte. Je faisais peine à voir. J'avais du mal à marcher correctement et j'étais obligée de m'aider du mur pour ne pas finir par terre une fois encore.
Je venais de pénétrer dans l'aile gauche de la prison, celle dans laquelle se trouvait les détenus les plus dangereux ou condamnés aux peines les plus lourdes. C'était cette aile qu'on m'avait assignée pour surveillance ce soir. Il n'y avait pas un bruit ce que je trouvais étrange. Mais vu l'heure tardive, ces messieurs devaient dormir et profondément vu les ronflements de gorille que je commençais à entendre. Encore un moment de joie en perspective. La cadence des mes pas avaient ralenti et je sentis mon pouls accélérer. J'étais seule, blessée, et je marchais comme une future mariée complètement bourrée le jour de son enterrement de vie de jeune fille. Sans le côté strip-teaser bien évidemment. On ne peut pas tout avoir en même temps.

Je venais d'arriver devant la cellule du détenu n°010997, celle du fameux tatoué. A défaut d'être le détenu le plus sexy de la prison, il était également le plus mystérieux. Il ne parlait jamais. Avec personne. Il mangeait toujours tout seul et ne prenait jamais part aux bagarres entre détenus et autre détail que j'avais remarqué, c'était qu'il sortait très peu même pendant les heures de promenade. Cela expliquait le teint vampirique qu'il arborait en permanence. Et malgré tout ça, il avait hérité de cette étiquette de dangereux criminel qui lui collait désormais à la peau et cela pour le reste de sa vie. Un vrai gâchis.

Je me remis à marcher doucement pour ne pas le réveiller lorsqu'un chant absolument magnifique me stoppa dans mon élan. Jamais de ma vie je n'avais entendu une voix aussi belle et aussi précise. Je me retournais et me rendis compte que cette voix appartenait à celle du tatoué.

Il... chantait ?

Lui ?

Des frissons me parcourent le corps et cela n'était pas du aux faibles températures et encore moins à la fatigue que je ressentais depuis de nombreux jours. C'était bel et bien son timbre de voix qui me faisait frissonner. Ce chant était si beau. Si « pur » ? Il me semblait qu'il chantait à la fois en coréen et en anglais...

Comment était-ce possible ?

« Take my hands now...
You are the cause of my euphoria...
Euphoria...
Close the door now
When i'm with you i'm in utopia... »

Sans que je ne puisse l'expliquer, une larme coula sur ma joue. Pour une raison que j'ignore, les paroles de cette chanson venaient de me toucher en plein cœur mais le pire c'était que le tatoué la sublimait d'autant plus avec sa voix. Il n'était pas seulement doué pour le dessin. Dieu lui avait également donné la voix la plus envoûtante et la plus rassurante du monde. S'il était devenu un artiste, au lieu d'être un putain de criminel, il aurait eu une carrière incroyable, sans aucun doute. Les gens auraient payé cher pour le voir, moi la première.

J'essuyais mes larmes et me remis à marcher. Je ne voulais pas le déranger et il était hors de question qu'il me voit en train de chialer. Je n'aimais pas passer pour une faiblarde et de toute façon, j'étais certaine qu'il m'aurait envoyé chier comme à son habitude.

Nouveau jour pour une nouvelle vie. Mon père aimait dire que chaque nouvelle journée nous rapprochait un peu plus de la mort.

Il n'y avait que mon père pour sortir des choses aussi glauques sans broncher.

Contrairement à lui, je n'aimais pas penser de cette manière. J'aimais la positivité. Le monde avait besoin de positivité, d'amour, de joie, de sexe BORDEL. Enfin bref. Je m'égare.

J'étais en train de me changer dans les vestiaires de la prison en prenant soin de ne pas me faire mal et d'abîmer mon bandage. Ma tête était toujours bandée mais me lançait beaucoup moins qu'hier. Probablement grâce aux pilules miracles de Seokjin alias le sexy infirmier de la prison. Mais ce n'était pas réellement ma douleur à la tête qui m'importait. Pour vous dire la vérité, j'avais très mal dormi la veille et ce manque de sommeil n'était, pour une fois, pas du aux rêves érotiques que je faisais en permanence depuis plusieurs jours. En vérité, je n'avais fait que penser à lui. Le tatoué. Sa voix. Je n'arrivais pas à l'oublier. J'y avais pensé toute la nuit. Comment avait-il pu garder un tel don pour lui ? Pourquoi n'avait-il pas auditionné dans une agence plutôt que de vouloir jouer au gangster insignifiant ? Et puis merde, qu'est-ce qui lui avait pris de vouloir assassiner son père et de faire partie d'un gang ?!

DÉTENU Nº010997Où les histoires vivent. Découvrez maintenant