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Enfin un peu de soleil. Ma peau en avait tant besoin. J'aurais aimé pouvoir retirer ma veste afin d'être plus à l'aise, malheureusement je devais rester pro. Si seulement je n'étais pas entourée de chiens en chaleur à longueur de temps qui se mettaient à baver dès qu'ils voyaient un bout de sein dépasser d'une chemise, pensais-je. J'étais en train de faire le tour de la prison en repensant à ce qui s'était déroulé plus tôt pendant l'heure du déjeuner. Le tatoué avait eu un comportement vraiment étrange. D'abord il me faisait un doigt d'honneur pour ensuite me fixer méchamment en me voyant parler avec Mingi. C'était quoi son problème ? Lui aussi avait peut-être un côté « bipolaire » dans l'âme qui sait. En même temps cette prison rendait les détenus comme les surveillants complètement timbrés.

Toujours perdue dans mes pensées, je m'étirais un peu en levant les bras au ciel sans regarder où je mettais les pieds. Je sentis un corps dur m'arrêter et ma respiration se bloqua en voyant la personne qui venait de me rentrer dedans. Il me regardait de toute sa hauteur et je ne savais pas quoi lui dire. Yoongi m'avait conseillé de l'éviter alors c'est exactement ce que je comptais faire. Je commençais à m'éloigner de lui mais je sentis une main large et puissante me retenir par le bras et me plaquer contre le mur.

Mais c'était quoi son problème bordel ?!

« Détenu... lache-moi. Tout de suite. » J'avais beau trembler comme une feuille, je ne voulais pas jouer à la petite fille froussarde devant lui. Une chose est sûre, il ne semblait pas être partie pour me lâcher visiblement et encore moins pour obéir à mes ordres. Il serra mon bras et un léger bruit plaintif s'échappa de mes lèvres. « Détenu... tu me fais mal, arrête ! S'il te plait. »

« Je rêve ou tu m'évites ? »

Je le regardais dans les yeux et déglutis difficilement. Attendez, ne me dites pas qu'il avait compris ma façon d'agir avec lui depuis plusieurs jours. Et depuis quand est-ce qu'il s'inquiétait de savoir si je l'évitais ou non ? Après tout, c'était bien lui la dernière fois qui m'avait balancé en pleine face ne pas avoir besoin qu'on se préoccupe de lui.

« Qu-quoi ? Non, je -. »

« Ah ouais ? Alors pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je suis dans les parages et que tu discutes avec tes connards qui te servent de collègues, je te vois disparaitre et ne plus revenir. T'as refait le même coup tout à l'heure quand tu discutais avec ce nain efféminé qui est censé être un surveillant. »

Ce nain ? Efféminé ? Est-ce qu'il faisait référence à Mingi ?! C'était sûr. Pour une raison que j'ignore, il commençait déjà à me taper sur le système. Je n'appréciais pas ses remarques plus que limites vis-à-vis de Mingi qui était adorable et qui effectuait correctement son travail même si je devais avouer que son penchant pour les criminels dangereux m'inquiétait quelque peu. Mais il était hors de question que le tatoué se permette de l'insulter sans raison.

« Tu as terminé de te plaindre détenu ? Je peux y aller ? »

Touché. Ses yeux bougèrent rapidement, comme s'il était confus par ma manière de lui répondre. J'avais mal. Je détestais lui parler de cette manière mais si je voulais survivre et ne pas perdre mon travail avant la fin de mon CDD, je devais faire l'indifférente avec lui. Ne pas lui donner d'importance. Il replaça ses cheveux en arrière et je sentis que la distance entre nos deux corps ne faisait que rétrécir davantage, ce qui était mauvais signe pour mes hormones en chaleur.

« Détenu... »

Il donna un coup de poing dans le mur situé non loin de ma tête, me faisant légèrement sursauter mais je ne baissais pas le regard. Monsieur avait envie de jouer au gros dur mais son numéro ne prenait pas avec moi. Après m'avoir fait un dernier regard noir, il s'éloigna de moi en ruminant des paroles incompréhensibles et je pus enfin mieux respirer. Je portais mes mains à ma poitrine et laissais mes larmes couler. J'avais tellement mal. Je ne comprenais plus rien. Il y a tellement de choses que j'aurais aimé lui dire mais toute cette situation m'empêchait d'être honnête avec lui. Il était hors de question que je me prenne un râteau de sa part. Je préférais souffrir avec mes sentiments. Après tout, il m'avait bien fait comprendre que je ne lui plaisais pas et qu'il n'y aurait jamais rien entre nous.

DÉTENU Nº010997Où les histoires vivent. Découvrez maintenant