Chapitre 13

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La journée me semble interminable. J'aide d'abord Zart au jardin. Le jeune homme a l'air bien plus disposé à me parler que la dernière fois. On discute un moment du fonctionnement du bloc - après tout je ne suis là que depuis une semaine à peine - et des garçons.

- Tu n'as pas encore rencontré tout le monde je crois, lance-t-il.

- On est bien trop nombreux pour que je connaisse tous les prénoms !

- Oh, t'en fais pas, ça vient vite. Tu connais déjà les matons, Newt, Nick et Alby. Et puis les coureurs. Ça fait déjà un beau paquet de monde.

- Ouais, mais je suis pas sûr de m'entendre avec beaucoup d'entre eux, gromelais-je.

Zart me dévisage en enfonçant sa bèche dans le sol.

- Tu parles de Poêle-à-frire et Gally ?

- Entre autres.

- Ne t'en fais pas. (Il s'essuie le front, s'étalant de la terre sur le visage). Poêle-à-frire commence à voir le bon côté des choses. C'est pas un mauvais bougre.

- Et Gally ? Ricanais-je.

Il retourne la terre d'un air rêveur avant de répondre :

- Je penses qu'on te l'a déjà dit mais, il n'est pas fan du changement. La première fois qu'ils ont envoyé un blocard il a bien failli le descendre à coup de planche !

J'éclate de rire. Je me vois avec un grand sourire et des vêtements tachés de boue dans l'esprit de Zart. Il détaille mon visage, l'embellissant sans le vouloir. Une bouffée de chaleur le parcourt. Je quitte ses pensées, gênée de cette intrusion.

- Il était l'un des premiers du bloc ? Demandais-je pour changer de sujet.

- Ouais. Ils étaient une dizaine au départ. Il reste Alby, Nick, Newt, Minho, Gally, Winston et Clint.

Sept sur une dizaine. Une sacrée perte. La mine sombre, je reprend mon travail en silence. Combien de blocards sont mort dans ce foutu labyrinthe ?

*

Après avoir passé la matinée au jardin, je cherche une autre activité plus amusante. Je me rend à l'abattoir pour donner à manger aux bêtes. Les trancheurs s'activent dans tous les sens. J'attrape un garçon roux -donc le nom m'échappe- et lui demande si je peux me rendre utile.

- Prends un saut d'graine pour les poules et un peu d'foin pour les moutons, ça leurs f'ra poh d'mal.

Je m'exécute, portant comme je peux la lourde botte de foin jusqu'à l'enclos. Mon travail de coureuse me parait bien plus simple et moins ennuyant que celui ci. Après une demi heure de labeur, on me renvoie pour éviter que je ne fasse le boulot des autres. Je m'éclipse en vitesse sous le regard de Winston.

En chemin pour la ferme, je croise Alby qui me salue d'un signe de main. Je me pose à sa hauteur pour discuter en marchant.

- Alors, ta journée ? Demande-t-il. Comment va ta jambe ?

- Suffisamment bien. Je ne sens pratiquement rien, j'aurais mieux fait d'aller courir ! J'ai l'impression de tourner en rond dans le bloc !

Il me lance un regard noir.

- Vachement sympa, grogne-t-il.

Je réalise alors l'impolitesse de mes paroles et tente de me rattraper :

- C'est pas ce que je voulais dire. (Il lève les yeux au ciel.) J'admire le boulot que vous faites dans le bloc. Mais mon job est dehors. Ici, je ne sais pas qui aider. C'est assez embêtant de rester les bras ballant alors que tout le monde se démène. Tu n'aurais pas du travail pour moi ? En attendant le retour des coureurs.

Le labyrinthe - Avant l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant