Chapitre 7

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Debout à l'aube, j'attends Minho. Les cheveux attachés avec une cordelette trouvée dans un coin, je dois vraiment avoir l'air d'une sauvage. Le chef des coureurs arrive enfin, chargé d'un sac à dos. Il me fait signe de le suivre et nous contournons la ferme jusqu'à un placard empli de choses en tout genre. Couteaux, sabres, fringues, de quoi armer et habiller tout le bloc et même plus.

- Tu fais quelle pointure ?

- 40.

Encore une bride de cette mémoire incompréhensible. On sait tout de notre monde sauf ce qui nous concerne. Notre passé est-il si horrible pour qu'on nous l'arrache ainsi ?

- La vache, des petits pieds, commente Minho en me sortant de mes pensées.

Je soupire et il fourre son bras tout au fond de la caisse pour me tendre une paire de baskets blanches identiques aux siennes mais à ma taille. Je les enfile rapidement tandis qu'il attrape un sac à dos et une gourde. Je sautille pour tester la souplesse de la semelle. Parfaite, j'ai l'impression de marcher sur un nuage.

- T'as mangé ? Me demande-t-il.

Je secoue la tête et le suis hors de la ferme pour aller prendre un petit déjeuner. Il m'aide à remplir mon sac de provision pour la journée tout en m'expliquant le fonctionnement du labyrinthe.

- Y a huit secteurs.

Il sort une feuille pliée soigneusement de sa poche et l'aplanie.

- Ici c'est le bloc, (il désigne le carré centrale), la porte nord, (il désigne une fente en haut du carré) puis les secteurs.

Chaque section est numérotée en partant du coin supérieur gauche et en allant dans le sens horaire.

- Je m'occupe de la section 1

- Et Newt de la 2, lançais-je sans y penser.

*

Je suis face à un mur d'écran. Chacun montre une scène différente. Thomas est à mes côtés. Il est beaucoup plus vieux que dans le souvenir du placard. Le visage sombre, il observe les blocards vaquer à leurs occupations.

Chacun de mes muscles sont bandés sous l'effort. Les pensées de Thomas ne cessent d'attaquer mon esprit. La tristesse, la crasse, le désespoir.

Je reçois tous ces sentiments malgré mon travail pour consolider un mur autour de moi.

- Comment on peut leur faire ça ? Pleurniche-t-il.

- Moi non plus je ne tiens plus, répondis-je d'une voix amère.

C'est alors que je réalise le désespoir qui m'empli aussi. Je réalise qu'à cette époque, le mur que j'avais bâti n'était pas que contre les sentiments de Thomas mais aussi contre les miens. Newt apparaît sur l'écran, désespéré, traînant son corps vers le Terminus.

Mon cœur se serre. Le chagrin, les regrets, le manque et l'envie brisent le mur. Je me vois pleurer en silence dans les pensées de Thomas.

*

- Il t'en a parlé ? Demande Minho surprit.

- Ouais, mentis-je.

Il hoche la tête, sourcils froncés puis m'explique notre job tandis que les autres coureurs arrivent. Je me concentre sur ses paroles pour oublier le chagrin échappé de ce souvenir. Cartographier le labyrinthe, comparer les plans de chaque jours. Courir. Rentrer avant la fermeture des portes.

Le labyrinthe - Avant l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant