Chapitre 8

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Minho me tend les cartes des derniers jours et nous les comparons les unes aux autres. Ne sachant pas quoi chercher, je me met à comparer les plans,  à les tourner dans tous les sens et même à les superposer à la lumière dans l'espoir qu'une sortie se révèle. Peut-être que les lignes se chevaucheraient pour m'indiquer d'une grosse flèche la sortie. Mais non, j'obtient simplement un amas de ligne sans queue ni tête.

Soupirant d'exaspération, je décide d'interroger Minho.

- Vous avez réussi à découvrir quelque chose depuis deux ans ?

- On s'est tout de suite rendu compte que les murs se déplaçaient. Alors on a commencé à noter les changements. On a pensé qu'en les comparant - comme tu essaie de le faire (il sourit d'un air narquois) - on verrait émerger un schéma. Et c'est le cas : les carrés se reconstituent à l'identique à peu près tous les deux mois. Mais personne n'a encore vu s'ouvrir une nouvelle porte dans aucun carré. On n'a jamais trouvé la moindre issue.

- Fais chier, commentais-je.

- Tu l'as dit. On compare les plans avec ceux de la veille, d'une semaine sur l'autre et d'un mois à celui d'avant. Rien. Alors rêve pas trop. Tu trouveras pas la sortie en deux minutes tête de pioche.

- Tu crois ça ? Ricanais-je.

Minho reste stoïque. Je détourne le regard et me replonge dans la contemplation des différentes cartes. J'essaie d'ordonner les tracés, de chercher un ordre à ces amas de traits. J'en superpose plusieurs. J'ai l'impression de toucher au but et en même temps d'en être si loin. Comme lorsqu'on a l'impression d'être au pied de l'arc-en-ciel alors que c'est impossible.

*

Après plusieurs heures dans la salle des cartes, je fini par trainer mon corps jusqu'à la cuisine où la plus part des blocards sont attablés. Je me vautre sur une chaise aux côté de Minho, Newt et Alby. Je ne sais pas où est Nick. Je le cherche du regard mais ne le trouve nul part. Mes yeux finissent par croiser ceux de Newt. Je vois le reflet de mon propre visage dans sa mémoire. Les yeux bleu tel un lac de glace, la mâchoire soudain serrée, on sent une certaine antipathie se dégager de mes trais. Mon expression se radoucie au fur et à mesure que je pénètre ses pensées.

Je m'extrais non sans peine de son esprit, revenant à mon diner. Si seulement je mettais ma foutu fierté de côté pour lui parler. Non, je fixe mon assiette tandis que Minho raconte notre journée à Alby qui grogne d'avoir eu à courir dans tout le bloc.

- Et où est Nick ? Finis-je par demander.

On me lance un regard noir. A croire que j'ai posé la question qu'il ne fallait pas. Le visage de Newt se teinte de chagrin, comme dans mes souvenirs.

- Ça fait deux mois que Georges - son meilleur ami - est mort.

- Oh.

Je ne trouve rien de plus à dire, prise de court. Je replonge les yeux dans mon assiette.

- T'as vraiment le chic pour jouer les  têtes de pioche la bleue, ricane Minho, pour détendre l'atmosphère.

*

Une fois de retour dans ma chambre, j'ouvre la commode - qui ne contient que les maigres vêtements que m'a confié Alby et la robe que je portais à mon arrivé. Malgré les déchirures, je n'arrive pas à la jeter. Elle est comme un pont qui me relit à ma mémoire. La dernière photo d'une personne disparue. Un dernier souvenir avant l'oublie. 

Je finis par enfiler un t-shirt trop grand et me coucher. Mais, le sommeil m'évite, à croire que Morphé souhaite que cette interminable journée ne se finisse jamais. Je n'ai même pas parlé à Newt. J'essaie de forcer la connexion à son esprit mais n'y arrive pas. Je ne détecte qu'un sentiment de paix dû aux garçons qui sombrent peu à peu dans le sommeil partout dans le bloc. Je fini par le trouve moi aussi.

*

Je marche le long d'un couloir blanc accompagnée du docteur Levitt. Je ne dois avoir que quatre ou cinq ans. Il me fait entrée dans une chambre d'hôpital où s'active déjà un autre médecin autour d'une perfusion et de multiples outils chirurgicaux.

- Tu te rappelle Nora ? Me demande Levitt. Si tu es très sage, tu ne sentiras rien. Et après ça, plus de prise de sang ou de scanner. Ok ?

Je ne répond pas et détaille les multiples scalpels alignés sur la table. Que va-t-on bien pouvoir me faire ? La peur me gagne, creusant un trou au creux de mon estomac.

- Vous pouvez me réexpliquer ce qui va se passer ? Demandais-je.

- On va te mettre un implant neurologique dans la zone mortelle pour en prélever les schémas.

La moi de l'époque à l'air de comprendre ce charabia mais n'ai pas plus rassurée. Elle s'approche de la table tandis que le docteur Levitt prépare la perfusion puis bondit hors du lit pour courir dans le couloir. Levitt lance un juron puis me poursuit. Je pousse un chariot qui traine dans le couloir et cour de plus en plus vite. Je fonce vers le baraquement - sans même me souvenir de ce qu'est exactement ce lieu.

Une main se referme sur mon bras. Je mords et continu de m'enfuir jusqu'à être cueillie par deux gardes en combinaison verte. Ils n'ont pas besoin de se fatiguer pour me trainer en arrière. Je hurle à plein poumons en me débattant. Lorsque Levitt m'attrape, je remarque un mouvement au bout du couloir. Il me porte sur son épaule, tel un sac à patate. Je relève la tête, en hurlant toujours.

Un petit garçons blond aux cheveux coupés ras me fixe, éberlué.

- Newt ! Aide moi ! Je t'en -

La suite est noyé dans un océan de douleur tandis qu'une seringue plonge dans mon cou. 

*

Mon corps tout entier me fait mal. Je sens des dizaines de lames de rasoirs couper ma peau. C'est alors que je réalise que cette douleur n'a plus rien d'un rêve. Je me réveille, toujours en hurlant. Je sens des dizaines de coupures sur tout mon corps. Le souvenir s'efface peu à peu, comme absorbé dans les abysses. J'ouvre les yeux et ne voit que du rouge. Tout mon corps est baigné dans la lueur des yeux d'un scaralame. Ce dernier plante ses griffes dans ma chair, me strie la peau de multiples coupures. 

La porte s'ouvre à la volée tandis que je me bat toujours avec la bête. Elle fini par fuir par je n'sais qu'elle fissure dans le bois. Je me recroqueville sur moi même pour esquiver les attaques alors que le lézard mécanique est déjà loin. J'entends une voix grave répéter mon nom. Je sens mes mains se poisser de sang.

Des bras m'encerclent et je m'agrippe au corps de celui qui me sert ainsi. Comme s'il était une bouée de sauvetage, comme si il pouvait me faire passer à travers ce voile d'eau qui recouvre peu à peu mes souvenirs. Une odeur d'herbe coupée et de sève de pin m'emplit les narines, refaisant remonter quelques souvenirs flous.

- Newt ! Newt !

- Chut, chuchote-t-il en me caressant le dos. Je suis là.

J'ouvre les yeux et essaie de desserrer mon étreinte. Son t-shirt est poissé de sang. Mon sang. Qui s'échappe des fines coupures qui commencent déjà à se refermer. Il y en a plein les draps ! Plein mon t-shirt ! Un vrai carnage ! Je porte la main à ma bouche pour retenir une exclamation. C'est alors que je remarque sur mon avant bras, marqué comme au fer rouge : 

SUJET 0

A SEPARER

***

Fin d'un nouveau chapitre j'espère qu'il vous plait :)

Le labyrinthe - Avant l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant