Bats-toi pour ce que tu veux
Pour lui, le temps s'était arrêté. L'air commencé à devenir irrespirable. Il avait l'impression que les secondes ne s'écoulaient plus. Il ne faisait pas attention aux personnes qui déambulaient, des sacs pleins les bras. Il ne pensait plus aux personnes qui pourraient probablement le reconnaître même avec un chapeau et des lunettes, comme elle l'avait facilement reconnu. Le mécheux se contentait simplement de regarder et fixer un corps qu'il ne connaissait que trop bien. Rose ferma doucement les yeux pour se donner un peu de courage suffisant, puis, après en avoir eu marre de réfléchir sur le pourquoi du comment ; elle se tourna, se retrouvant face à lui.
Troublant et d'une beauté définitivement déroutante.
Voilà, ça aussi, elle l'avait oublié. Le pincement au cœur dès qu'elle se rendait compte qu'il était réel et qu'à un moment, il n'avait eu d'yeux que pour elle.
Un peu surpris, toujours sonné, des étincelles plus scintillantes que les étoiles apparurent dans les prunelles du jeune homme. Ils faisaient à présent la même taille et étaient tous les deux épuisés. Elle hésita, il hésita. Que pouvait-elle lui dire, au final ? « T'es beau à en crever abruti. Regarde, j'en chialerais presque. » Elle réfléchissait trop. Beaucoup trop. Un peu trop même. C'était ça, son problème. Elle ne montrait rien, pourtant, à l'intérieur, c'était l'apocalypse totale.
Elle s'était retournée, c'était un début. Maintenant, il devait lui laisser le temps pour parler. Ça lui en donnait pour se préparer psychologiquement à ce qu'il était susceptible de recevoir de sa part.
Au fond, sa conscience était soulagée. Il ne sentait plus ce petit point désagréable dans la poitrine qu'on appelait regret.
— Tu es vraiment débile, tu sais.
Les premiers mots qu'elle lui adressait officiellement depuis très longtemps. Six mots, vingt quatre lettres. Ça aurait pu être pire, ça aurait certainement pu être mieux. Le ton de sa voix avait été ferme, dur, cassant et pourtant terriblement doux, attachant et rassurant.
C'était presque un défi qu'elle lui envoyait en pleins face, comme pour le réveiller, lui envoyer toute la culpabilité qu'elle gardait au fond d'elle. Ses yeux lui envoyaient des flammes ainsi que du réconfort. Paradoxalement, c'est tout ce qu'elle avait trouvé à dire.
Une nouvelle vague emprisonna le chanteur. C'est fou, ce que la voix d'une seule et unique personne peut vous chambouler à ce point. A un moment passé, à un endroit précis. A une époque lointaine et à une relation vécue.
Ses yeux verts perçaient dans la pénombre et même s'ils étaient tous les deux loin d'être à leurs avantages, c'était la première fois qu'ils se plaisaient autant. Qu'ils s'attiraient et s'éloignaient à ce point. L'absence rend les sentiments et le désir plus fort, parait-il. Ils ne l'auraient jamais avoué.
— Je...suis un vrai abrutit.
— Un énorme abrutit.
— Le plus énorme des abrutit.
Pendant un quart de seconde, il avait même sourit, une esquisse au coin de ses lèvres entre-ouvertes. Ça avait illuminé son visage, puis il s'était refermé presque aussitôt quand elle était restée stoïque devant lui.
— Alors, qu'est ce que tu fais ici, signer des autographes, ou faire une nouvelle promo ? Certainement pas pour moi. Sinon je pense que tu serais venu depuis bien longtemps, n'est-ce pas ?
Ça piquait, mais c'était sorti. Il baissa le regard et un sourire triste naquit sur son visage. Touché, coulé. Il ne trouva rien de satisfaisant à répondre et ses chaussures devinrent soudainement plus intéressantes à regarder que les yeux accusateurs de la blonde en face de lui.
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Le bruit du silence
RomanceGuillaume Musso a dit « (...) C'est comme le vertige du funambule en équilibre sur un fil. » Vous êtes le funambule, je suis le fil, cette histoire est le vide en dessous. Que faire ? Tenir le coup ou chuter ? Sachez qu'il n'y a pas de retour en arr...