Le bruit du silence

Dix neuf

 Il faut se prêter aux autres et se donner à soi-même

Cinq mois plus tard

Cinq longs mois étaient passés depuis son faux-mariage. Cinq mois qu'elle n'avait plus eu aucune nouvelle. Cinq mois qu'elle s'était rendu compte qu'en fait, il ne tenait peut-être pas autant à elle qu'il le disait. Ce n'était que des paroles en l'air ; dans le vent. Le vent balaye tout sur son passage. Elle se rappelait de ce qu'il lui avait demandé, un jour dans sa cuisine.

 « Ne me laisses jamais » 

Mais à ce moment-là, c'est lui qui l'avait abandonné, qui l'avait laissé seule avec les démons qui prenaient, au fil du temps qui passe, possession de son être tout entier. Elle essayait de sourire pour masquer sa tristesse, mais même un inconnu aurait pu remarquer que sa vie n'était pas parfaite à ce moment là. Ce n'était pas une vie. C'était juste une chaîne de moments passés qui s'assemblaient les uns aux autres pour former sont existence. Elle ne vivait pas, elle existait. Rose était un vrai rayon de soleil qui illuminait la vie des personnes qui l'entouraient grâce à ses rayons lumineux, c'était encore le cas, pour tout le monde sauf pour elle. Elle apportait tellement de bonheur à ses proches qu'elle n'en gardait même pas un peu pour elle. Dur et insoutenable.

Il avait réussit. 

Elle avait vendu sa galerie. 

Pourquoi ? Pour qui ? « L'art n'était pas mon domaine. » se persuadait-elle. Mais c'était faux strictement faux. Une autre raison était bien plus crédible, mais ça personne ne devait le savoir. Rose ne réfléchissait pas comme une personne normale. Ce n'était pas une personne normale. Elle montrait qu'on pourrait faire bouger le monde avec un simple sourire. Rose souriait, Louis chantait.

— Rose, tu regardes quoi ?

La jeune fille éteignit rapidement la télévision en entendant Elena, rentrer du boulot. Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait et secoua la tête de désapprobation. « Elle ne va pas tenir le coup », pensa Elena. Rose avait rencontré Elena le jour de son mariage raté. Depuis, elles ne s'étaient plus quittées.

Cinq mois plus tôt

Rose était partie. Elle avait quitté l'église et à présent, elle courait. Elle courait à en perdre haleine, en robe de mariée, dans les rues New-Yorkaise. Laissant derrière elle une douleur immense, ainsi que Louis. Plus rien ne comptait. Il n'y avait plus qu'elle et son souffle douloureux, martelé par sa course.

Dans sa course folle Rose cherchait désespérément à négocier ce que l'on ne peut pourtant pas négocier. Une seconde chance.

«Laisse moi te détester juste ce qu'il faut, laisse moi avec cette douleur incontrôlable et indélébile, laisse moi brûler chaque partie de mon corps qui ne sait pas encore se passer de toi...»

Rose courait de plus en plus vite, elle avait perdu ses escarpins au passage, bousculant les gens sur son passage. Plus rien ne comptait, même pas la douce sensation des lèvres de Louis sur les siennes. Rien ne comptait. 

Elle s'est rendue compte ce jour-là, que c'était lui qu'elle aimait.

« Laisse moi me faire du mal, laisse moi ne plus croire en rien, laisse moi désirer l'enfer, laisse moi au bord de ce gouffre sans fond, laisse moi fréquenter la souffrance absolue ... »