Douze

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On ne peut pas s'offrir pleinement à quelqu'un sans s'être entièrement accepté


Samedi matin, il venait de se servir un café, quand la porte de son appartement s'ouvrit. Il était vêtu d'un jean bleu et d'un tee-shirt blanc. Il faisait des efforts vestimentaires, et de ne pas s'habiller uniquement avec des couleurs sombres. Il essayait de remordre à pleine dent dans la vie, et de ne pas se laisser couler au fond du trou, comme il le faisait quelques semaines avant. Il entendit la porte claquer et des voix de filles dans l'entrée. « Adieu la tranquillité » Pensa-t-il en offrant un magnifique sourire à sa petite sœur. Elle courut jusqu'à lui et tendit ses mains pour qu'il la prenne dans ses bras. Il lui fit un gros baiser sur sa joue de petite fille et la fit tourner dans les airs. Il la reposa et fit une étreinte à sa sœur aînée. Il lui servit une tasse de café et prit Gabrielle par la main, l'emmenant dans le salon. Elle s'installa dans le canapé, en posant Gollum sur ses genoux et Louis alluma la télévision pour lui mettre les dessins animés.

— Désolée, bébé, il n'y a que Garfield à cette heure-là.

— Regardes Gollum ! Il y a ton cousin, couina Gabrielle en caressant la petite boule de poil qu'elle tenait dans les bras. Louis sourit en retournant dans la cuisine où sa sœur était entrain de siroter son café. Il s'assit à côté d'elle sur le plan de travail.

— Alors Loulou, tu n'as rien à me dire ? Commença-t-elle un sourire aux lèvres.

Il savait pertinemment qu'elle ne parlait pas de choses futiles comme « Oh bah écoutes il ne fait pas beau aujourd'hui, donc je restes chez moi à mater des vieux polards à la télé. » Mais plutôt de Rose. À la vue du sourire qu'elle lui lançait, c'était même certain.

— Comment tu le sais ? Questionna-t-il en buvant une gorgée de café.

— J'ai eu une fuite d'huile cette semaine, alors j'ai été au garage de Jimmy. Il ne peut pas tenir sa langue, je n'ai même pas eu besoin de le soudoyer pour qu'il me donne tout les détails. 

— Ce n'est qu'une amie, rétorqua-t-il.

— C'est évident. Tu l'as embrassé à pleine bouche dans Central Park pour gagner des points alors ? Elle rit sous l'expression de son frère.

— Elle se marie dans quelques jours, grogna-t-il.

— Mince. Cet abruti à oublié de me dire ça.

Elle descendit du plan de travail et se positionna en face de lui. Elle posa son mug de café derrière Louis, et attrapa les mains de celui-ci avant d'ancré ses yeux dans les siens. 

— Si tu l'aimes vraiment, il faut que tu lui dises. Même si tu es effrayé et que tu penses que c'est une mauvaise chose. Même si tu as peurs et que ça va te poser des problèmes. Tu lui dis et tu lui dis fort. Gabrielle m'a racontait que tu souriais depuis quelques temps. Et puis cette tenue... putain Louis ; cette fille t'a changé ! Ne l'a laisse pas filer si vite...

Sa phrase se finit dans un murmure. Gabrielle arriva à ce moment-là. Elle brandit une feuille devant les yeux de Louis. Il l'attrapa et l'examina. C'était sa notice de construction de lit. Il fronça les sourcils et la questionna d'un « Pourquoi me ramènes-tu ça ? »

— Non, de l'autre côté, râla-t-elle.

Il la retourna et vit un gros dessin sur la face blanche. 

Un électrochoc.

Le masque tomba et son visage se figea. C'était lui dessiné avec une tête ronde et seulement un sourire. Pas d'yeux, ni de bouche. Seulement un sourire. Un joli sourire flamboyant qui pourrait éclairer toute une planète. Il tenait la main de ce qui lui semblait être Gabrielle qui elle riait aux éclats. En petit en dessous était marqué « Je t'ai dessiné comment sourire, comme ça tu n'oublieras plus jamais. »  Avec pleins de fautes d'orthographes, évidemment. Il refoula ses larmes et offrit un sourire à sa petite soeur en la remerciant. Il fouilla dans le tiroir et en sortit des aimants. Il les brandit devant les yeux de Gabrielle.

Le bruit du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant