Vingt huit

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Entendre le bruit de l'espoir qui se brise comme du verre


Elle lui sourit et embrassa son front tendrement. Comme une mère aurait embrassé son enfant pour lui souhaiter une bonne nuit. Elles restèrent encore quelques minutes dans cette position, jusqu'à qu'elle doive laisser sa place. Un dernier au revoir, suivit d'un « un de ces jours, mon amour » et elle partie, refermant la porte derrière elle. La porte d'une vie qu'elle aurait bien voulu partager avec son amie.

Louis toujours effondré contre le mur n'avait pas prononcé un seul mot depuis qu'Elena était entrée dans la chambre. James lui, ne savait plus comment penser. Il se leva et alla s'assoir près de son meilleur ami. Il fixa le mur blanc en face de lui, puis sortit un paquet de cigarettes de sa poche de veste. Il n'avait pas le droit de fumer ici, surtout dans un hôpital. Mais Rose n'avait pas le droit de mourir, surtout aujourd'hui. Alors, à quoi bon fixer des règles si elles n'étaient pas tenues ? Elle aurait dû mourir de vieillesse avec deux bambins formidables et un mari prêt à tout pour elle. Mais non, elle finirait sa vie ici, dans cet hôpital merdique en plein centre de New-York. Elle aurait voulu avoir un chat aussi, qu'elle aurait certainement nommé Léonard, en hommage au peintre qu'elle affectionnait plus que sa cafetière elle-même. Elle aurait voulu vivre à la campagne dans un ranch de préférence, et dans le Tennessee. Parce que l'air est plus vivable la bas, la vie est plus belle. Le chant mélodieux des oiseaux, la douceur du printemps. Oui, beaucoup plus vivable.

— Donnes en moi une, quémanda Louis sortant James de ses pensées.

Il lui donna le paquet puis le briquet. La fumée se répandit dans tous son organisme, se rappelant que lui était vivant.

— Tu sais mon pote, faut pas te laisser couler. Ce n'est pas ce que Rose aurait voulu de toute façon. C'est pas elle qui t'a apprit à ne pas flancher quand ça n'allait pas ? Et bien si tu veux la laisser partir dans de bonnes conditions, relève toi, sèche ces larmes de crocodiles, et va lui faire l'amour. Enfin, non. Oublis cette dernière partie. Va lui faire un gros bisou ça suffira. Il ne faut pas pleurer pour avoir perdu le soleil parce que les larmes nous empêcherons de voir les étoiles.

Louis sourit, puis décidant que son ami avait raison, il se leva au moment où Elena sortit de la chambre et que Jimmy arriva en courant avec un bouquet de fleurs dans les mains.

En entrant dans la chambre, il voulut faire demi-tour, et rejoindre sa petite sœur pour pleurer toute la nuit dans ses bras avec ses ours en peluche qui le réconforterait. Il s'avança, le cœur comprimé, et se dirigea vers la fenêtre. Il l'ouvrit en grand, une bourrasque de vent pénétra dans la chambre redonnant de l'air frais. Rose se sentit déjà beaucoup mieux.

— J'aime sentir le vent dans mes cheveux, ça me rappelle à chaque fois que je suis vivante, murmura-t-elle faiblement.

Il sourit à cette remarque. Même sur son lit de mort, elle restait toujours aussi calme et sereine.

— La mort c'est triste, mais ce n'est pas grave, Louis.

Elle avait parlé en devinant les pensées de celui qu'elle aimait, et qu'elle aimera. Pour toujours. Il ne put s'en empêcher, cette fois c'était vraiment trop dur. Il craqua, il pleura. Il essuya ses larmes à l'aide de son sweat qu'il avait trouvé dans son tas de vêtements à mettre au sale quand Rose lui avait demandé d'appeler les ambulances. Il avait fait au plus vite, pas forcement au meilleur. Il se rapprocha du lit. Il regarda la chaise à côté, et s'assit finalement sur le bord du lit. Attrapant au passage la main glacée de Rose et y déposant une multitude de baisers.

—Alors, tu comptes vraiment te tirer comme ça ? Demanda-t-il.

Elle soupira et s'allongea sur le dos, regardant le plafond. Elle serra davantage la main de Louis.

Le bruit du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant