Ne dépend jamais de personne, fais ce qu'il te plaît
— Rose are red, violet are blue, give me a pancake, otherwise I kill you, chantonna Louis sur le pas de la porte de chez Rose.
Il entendit un rire de l'autre côté de la porte, discernant rapidement celui de Rose. Elle se matérialisa devant Louis, et lui fit une brève étreinte ainsi qu'un baiser sur sa joue. Elle le fit entrer dans son « chez elle ». Il n'avait encore jamais mit les pieds à l'intérieur. Certes, c'était petit, mais le grand n'est pas forcément toujours le meilleur. Rose aimait sa maison, même si c'était davantage les goûts de Karl. Elle aimait la petite bibliothèque au fond à côté de la fenêtre. Remplit de bouquins qu'elle avait lu un nombre incalculable de fois. Des bouquins usés, déchirés et vieillit. Elle aimait son tapis en fourrure sous sa table basse en rotin. Sa chaîne hifi rouge qui marchait qu'une fois sur deux disposait à côté de l'entrée et son vieux canapé gris. Tout était vieillit ici. Mais jamais Rose ne pourrait se débarrasser de tout ses objets. Elle ne voyait surtout pas l'utilité de remplacer quelque chose – de vieux certes- qui marche encore. Même sous les quémandassions de Karl à faire un bon tri sélectif de toutes ces vieilleries inutiles, ce qui agaçait Rose plus que le fait de ne plus avoir de thé à la menthe. Louis observait attentivement l'espace dans lequel il se trouvait, admirant la beauté et la simplicité des lieux. Il aimait cet endroit, parce qu'il était simple et sans artifice. Parce qu'il représentait à merveille Rose.
— J'aime beaucoup, finit-il par avouer, en posant ses yeux sur elle, c'est tellement...toi. Sauf les voitures devant.
— Quand tu rentres dans l'appartement de quelqu'un, t'es censé directement discerner sa personnalité.
Elle sourit, et l'entraîna dans la cuisine, aussi simple que le reste de sa maison. La délicieuse odeur des pancakes s'infiltra dans ses narines. Elle tira le tabouret de dessous le plan de travail et l'incita à s'assoir dessus, ce qu'il fit sans hésiter. Rose posa une assiette garnit de deux pancakes avec du sirop d'érable et un verre de jus d'orange. Elle en disposa une seconde en face de lui, où elle prit place. Elle la regarda, mais n'y toucha pas d'un pouce.
— Ça à l'air délicieux. Tu n'y touches pas ? Questionna Louis un peu surpris.
Elle fixa longuement son assiette et finit par secouer la tête en sortant un « Je n'ai pas faim » Louis n'y croyait absolument pas. Il savait que les pancakes –surtout au sirop d'érable- n'étaient pas très sain pour la santé. Mais merde, elle devait profiter de sa vie, et arrêter de penser à son poids. Il est vrai qu'en y repensant, un nombre immaculés de petites remarques que Rose avait fait à ce sujet lui revint en mémoire. Il s'en voulait de ne pas y avoir fait plus attention que ça. Il se rendit alors compte que Rose était blessé plus profondément qu'il ne le pensait. Et il comptait bien lui faire part de son opinion, parce qu'après tout, les amis c'est fait pour ça, non ? Il posa ses couverts dans son assiette et la força à le regarder.
— Oh ! Mais tu sais, il ne suffit pas que tu aies une mèche sur le côté comme toutes les filles de ton âge, que tu aies un vernis accordé à ton pull, un shampoing de marque, des yeux maquillés, des dents toutes droites et alignées et des yeux grand. Il ne suffit pas que tu portes ton sac avec l'avant bras, que tes mots soient étudiés ou que ton visage soit parfaitement symétrique. Ce n'est pas grave si ta voix dérape, si tu rougis quand tu t'énerves rapidement, si tes cheveux ne sont pas suffisamment bien coiffés, si tes chaussures n'ont pas de talons, si tu ne marches pas droit, et si ton regard est lointain. Tu n'as pas besoin de mettre tout ce fond de teint et ce noir autour des yeux, parce que t'es bien mieux quand tu restes naturelle. Quand tu restes toi. Mange quand tu en as envie, cris si tu veux, ridiculise toi quand tu peux, devant moi, devant eux. Car tu es toi, tu es tout, les autres tu t'en fous. Alors avale moi ces pancakes avant que je le fasse pour toi.
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Le bruit du silence
RomanceGuillaume Musso a dit « (...) C'est comme le vertige du funambule en équilibre sur un fil. » Vous êtes le funambule, je suis le fil, cette histoire est le vide en dessous. Que faire ? Tenir le coup ou chuter ? Sachez qu'il n'y a pas de retour en arr...