Vingt quatre

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Le cœur a ses raisons que la raison dévore


Louis rentra dans son appartement et claqua la porte derrière lui. Il était énervé. De tout, et pour tout. Il n'avait pas eu le courage d'aller la voir, de lui parler, de s'expliquer. Pourquoi l'avait-il embrassé ce jour-là ? Erreur. Grosse erreur. Plus les jours passaient, plus l'espoir d'un jour la revoir s'échappait. Il balança ses clés et sa veste sur le meuble à l'entrée.

— Louis, t'es enfin...Et ça ne va pas ? Demanda James en déboulant devant son ami.

Louis frappa avec son pied dans sa veste au sol puis passa ses mains sur son visage. Il s'accouda au mur en face, les bras encadrant sa tête. Non ça n'allait pas. James s'approcha de lui à pas de loup, il savait que Louis pouvait être impulsif quand il était en colère. Là il l'était, en colère, mais il était surtout malheureux. Malheureux parce que celle qui le rendait heureux n'était plus à ses côtés.

— Je n'arrête pas de penser à elle et je voulais le lui faire partager parce que, je ne sais pas c'est surement ça qu'on appelle l'amour. Mais je suis un con égoïste qui l'a embrassé, et je n'assume absolument pas.

James était choqué et heureux. Choqué parce qu'il ne s'attendait pas ça, heureux parce que Louis ne lui avait jamais parlé des filles qui lui avaient fait tourner la tête. Puis soudain, une illumination.

— C'est pour elle le tatouage dans ton dos, n'est ce pas ? Questionna-t-il.

Louis hocha la tête. Il ne savait plus quoi faire, tenir le coup ou chuter ? 

« C'est comme le vertige du funambule en équilibre sur un fil »

Dire la vérité à James ou rester avec ses démons qui le tourmentaient sans cesse depuis qu'elle était partie ? Il prit une décision, sans s'occuper des répercutions que ça provoquerait. Puis qu'est ce qui peut être pire que maintenant après tout ? Il était déjà au fond du trou. Là où l'obscurité est plus dense. Lorsque la lumière reviendra, il faudra assumer ce que nous avons fait sous la couverture de la nuit et se regarder à la lumière du jour. On dit que nos actes sont contrôlés par notre cerveau, mais c'est souvent notre cœur qui fait le plus gros travail. Parfois, il nous fait faire des choses complètement insensées, mais il peut aussi nous pousser à tenter de nouvelles aventures, parce que laisser son cœur prendre les rênes c'est aussi s'ouvrir à l'amour. Malheureusement nos cœurs sont terriblement fragiles, et quand ils se brisent, tout vole en éclats autour de nous. 

Il murmura un simple « suis-moi » à son ami et se dirigea vers sa chambre. James sur ses talons. Il n'était jamais entré encore dans cette chambre. En arrivant dans celle-ci, son regard se posa directement sur le piano blanc accoudé au mur. La couleur étonnante des murs, orange, et les longs rideaux blancs cassés. Le lit n'était pas fait et les draps froissés. Louis se dirigea vers la fenêtre, pour ouvrir les volets. Il était las de vivre dans l'obscurité. Il se dirigea ensuite vers le piano pour ouvrir le couvercle du petit banc. Dedans reposait une multitude de partitions, un casque, et une photo. Il savait que James voudrait le frapper de l'avoir fait espérer avec cette fille, mais il avait été dans l'incapacité de lui révéler la vérité. Impossible, maintenant il devait en subir les conséquences.

— Approche.

Il referma le banc et s'assit dessus, gardant la photo dans les mains. James s'approcha. Il regarda par-dessus son épaule. Son sourire se tordit en une expression confuse. Etait-ce bien ce qu'il pensait ? Plutôt, à qui il pensait ? Il prit la photo dans ses mains pour la voir de plus près. Son petit nez et ses beaux yeux vert, il n'y avait pas de doute c'était bien elle.

Le bruit du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant