Petits bonus de ré-édition, histoire de...
Les bonus se passent dans la vraie vie, louis est une célébrité.
Ni l'un, ni l'autre se connaissent.
Raconté par le point de vue de Louis.
Recommencement
"Plus le corps est faible, plus la pensée agit fortement." William Shakespeare
Je devrais me lever aujourd'hui. Mais à quoi bon s'attarder à vivre le jour, si même la nuit ne nous contente plus ? Le temps est gris dehors, un peu comme mon moral. Je suis ce déchet las qui à lui-même ne se supporte plus. La nuit est la preuve que le jour ne suffit pas. Le jour est la preuve que la nuit ne s'admet pas. Il ne reste plus qu'a s'y perdre. Et moi je tombe dans cette interminable frénésie humaine, qui pousse à se contenter de ses rêves quand la vie ne s'accorde plus et ne vous les accordes pas.
Je décide quand même de me lever. Parce que si ce n'est pas moi qui le fait, personne ne le fera à ma place. J'enfile mes vieux chaussons déchirés marron, et mon peignoir bleu marine. J'ébouriffe mes cheveux furtivement, et laisse tomber ma main dans la poche de mon peignoir y délogeant un paquet de cigarette. J'en extirpe une, la dernière du paquet. La cigarette du bonheur, à ce qu'il paraît. Je fais tourner mon briquet entre mes doigts. Mon pouce frotte la roulette furtivement dévoilant une flamme. J'allume la cigarette, et la porte à mes lèvres.
J'ouvre la fenêtre de ma chambre, expulsant la fumée grisâtre de ma bouche dans l'air frais du matin. Il pleut. Il pleut du soir au matin et du matin au soir, ces derniers temps. Londres n'a jamais connu un temps de merde comme ça depuis des années. Malgré sa réputation. Mais après-tout, qu'est-ce une réputation ? C'est juste des choses racontées comme ça, pendant un apéritif en famille, ou bien même une sortie entre amis. Ne sachant même pas le vrai du faux.
Quand j'étais en France, j'ai entendue une vieille dame dire à sa fille « Ne colle pas les pieds à Londres, il fait sans cesse mauvais temps à ce qu'il paraît. »
A ce qu'il paraît.
On ne peut pas juger un endroit sans y avoir mis les pieds. On ne peut donc pas juger une personne sans ne l'avoir connue.
Je lance le mégot par la fenêtre au moment même où mon téléphone se met à vibrer sur ma table de chevet. Je traîne les pieds jusqu'à celle-ci. Un nouveau message de Louis.
«Je suis chez toi dans dix minutes, bouges-toi un peu. »
Je grogne. Je ne peux jamais me retrouver seul. Même si ça fait deux semaines que je ne suis pas sortis de chez moi. J'ai seulement vu Andrea, quelques fois. Je jette un furtif regard sur mon réveil, il est onze heures passé. Même le temps je ne le vois plus défiler. Je ne suis pas dépressif, non. Je suis juste fatigué.
J'allume ma cafetière dans l'idée de me préparer un bon café noir corsé. En attendant qu'il se fasse, j'attrape duchesse, mon chat, dans mes bras. Je crois que c'est elle l'amour de ma vie. Elle fait ce que je lui demande. Elle ne prend pas trois heures dans la salle de bain, et n'a pas besoin de vêtement tous les deux jours. Elle m'aime à ma juste valeur et dort même avec moi. Le seul problème c'est qu'elle ne parle pas beaucoup, voir pas du tout. Mais au moins je suis tranquille de ce côté-là.
Je me penche difficilement et récupère le courriel étalé sur le sol. Des factures, des lettres, une carte postale de ma...mère ? Toujours des factures. Je m'aperçois qu'une lettre se distingue des autres. Elle n'est pas remplit de rouge à lèvre, ou encore même de petit cœur. Elle est neutre, il n'y a rien dessus, sauf mon adresse rédigée d'une écriture fluide et penchée.
Je laisse tomber le courriel sur la table du salon, gardant la lettre en main. Je m'affale dans mon canapé, et déchire l'enveloppe. L'auteur à fait preuve de patiente pour rédiger cette lettre.
« Louis,
Je ne suis pas très forte pour ces choses-là, rédiger des lettres, toutes ces merdes-là. Mais pour le coup, je me suis dis qu'il fallait vraiment que j'en fasse une. Que je t'en fasse une plutôt. Je suis actuellement assise sous un cerisier, parce qu'ici, en Californie c'est la canicule. Je pique une cerise de temps en temps. Je crois que c'est l'un de mes fruits préférés. Sucrés et fruités. Ouais, je viens de Californie, ça fait loin de Londres, je sais. Mais bon, je ne t'écris pas une lettre pour te dire à quel point ce que je suis entrain de faire (de manger des cerises ) est attrayant. Je voulais te remercier. Tu dois sûrement te demander pourquoi ? Merci pour tout. Tout ce que tu as fait pour moi. Parce que, merde, tu as fait un paquet de choses pour moi. J'ai bien remarqué ton état ces derniers temps. Même de Californie j'arrive à suivre ce que tu fais. Enfin ce que les réseaux sociaux me montrent plutôt. Je ne devrais pas te dire ça comme ça, parce qu'après tout, je te dois le respect. Mais : Merde, bouge toi un peu. Tu vas avoir bientôt vingt-et-un ans. Ne fou pas ta vie en l'air. Profite. Ce n'est pas à moi de te dire ces choses-là, mais faut bien que quelqu'un te le dise un jour. Parce que moi je m'enquis de toi. Et je ne pense pas être la seule. Je t'aurai bien envoyé une cerise de mon cerisier pour te remonter le moral, mais j'ai eu peur qu'elle ne tienne pas le transport. Tu feras sans. Enfin, ça se trouve ce n'est même pas la bonne adresse, ça se trouve tu ne liras jamais cette lettre futile. Ça serait tant mieux pour moi d'un coté. Je raconte vraiment n'importe quoi. Je t'avais dit que je ne savais pas bien m'y prendre avec les lettres. Enfin voilà, je ne vais pas te faire un roman, parce que l'artiste ici, c'est toi, je ne suis pas encore J.K.Rowling. Je crois que ce qui est encore le plus bizarre, c'est que je rigole toute seule. Bonne journée.
Jena. »
Je ne reçois pas souvent des lettres comme celles-ci, même si, elles me redonnent le sourire pour quelques minutes. Parce que oui, l'humour me manque. Ça fait bien longtemps que je ne déconne plus. Bien longtemps que je ne ris plus. Bien longtemps que je ne souris plus.
J'entends la porte de mon appartement claquer. Je sais que c'est Andrea, elle ne frappe jamais avant d'entrer. Quand je vois sa tête passer entre l'entrebâillement de la porte, ça me donne envie de pleurer. Je suis faible et je le sais. Mais merde, qu'est ce qu'elle me manque. Qu'est ce qu'elles me manquent.
« Salut Louis, commence-t-elle, un sourire aux lèvres, ça va mieux aujourd'hui ? »
Je vais craquer.
Je sens que je vais craquer. J'ai le regard dans le vide. Je ne réponds même pas à sa question. Je crois qu'elle se doute déjà de la réponse. Je pense. Je songe. J'ai tellement de choses à dire, tant de choses à faire. Mais je vais déjà commencer par tout lui balancer, comme ça, sans manière. Après tout c'est ce que je sais le mieux faire. Puis je sais qu'elle s'est déplacée pour ça. Pour moi. Pour voir comment je vais, si je suis en bonne santé.
« Je crois que je me leurre. Je n'y arrive pas. Je n'arrive à rien. Et ça depuis un long moment. J'essaie de me persuader que ça va, que ça va arriver, que je vais remonter à la surface, mais rien ne se passe. Je suis là, impuissant je regarde les autres et je fais semblant que je tiens le coup. Que j'ai besoin de personne. Je me construis une image, parce que oui, à force d'écouter les magazines, j'en suis arrivé là, à raconter des conneries sur moi-même. Un garçon grand, à l'ensemble plutôt fin qui a l'air sûr de lui. Qui à l'air de s'apprécier, que rien n'atteint, qui amuse tout le monde sauf lui. Des fois j'ai l'impression de courir dans un immense tunnel et de chercher la sortie. Sauf qu'elle n'arrive jamais. Je cours, je cours je transpire j'ai mal au cœur, aux jambes, aux bras mais je continue. Je vais crever je le sais mais je continue parce que je la veux cette putain de sortie, je la veux. Il n'y a pas un jour où je ne m'imagine pas malheureux. Pas un jour qui passe où je n'y pense pas. Et y a pas un jour qui passe où la déception, l'attente et la tristesse sont là. A côté de moi, entrain de me regarder et de me dire ''on est là pour un bout de temps, ça sert à rien de t'apprêter mon grand, ça sert a rien de vouloir te différencier des autres, tu seras jamais au-dessus d'eux, tu seras seul. »
Je me mords la lèvre. Laissant échapper une larme, seulement une. Je ne suis pas un putain de faible, enfin j'essaye de me convaincre de ce joli mensonge. Ce don j'ai le moins envie, c'est de pleurer devant ma soeur. Elle s'assoit à coté de moi, me dévisageant comme si c'était la première fois qu'on se voit. Elle m'entoure de ses bras, contre toutes attentes...C'est elle qui se met à pleurer.
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Le bruit du silence
RomansaGuillaume Musso a dit « (...) C'est comme le vertige du funambule en équilibre sur un fil. » Vous êtes le funambule, je suis le fil, cette histoire est le vide en dessous. Que faire ? Tenir le coup ou chuter ? Sachez qu'il n'y a pas de retour en arr...