Quatre

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Il y aura toujours une solution


Elle sortit une boîte rouge de dessous son lit, et en extirpa un petit paquet de photos. Elle les regarda attentivement, une par une. Ça lui manquait. Aucuns petits détails, rien ne lui échappait. Se rappelant des endroits où ont été prises les photos comme si elle y était à l'instant même. C'était son passé tout ça. Elle entendit Karl rentrer dans la chambre. Il savait ce qu'elle regardait.

— Ecoute Rose, il faut mettre ça de côté maintenant. Consacre toi plutôt à ta galerie, tes expos, ton art, ton vrai art.

Il fit le tour du lit, et vint s'assoir en tailleur face à elle. Il attrapa une photo à son tour.

— Moi aussi ça me manque. On avait tant d'adrénaline, de courage et d'ambition. Mais ça ne pouvait pas marcher indéfiniment ces bêtises.

Elle le regarda et sourit tristement. C'est vrai, ça ne pouvait pas marcher indéfiniment. Ils s'étaient fait prendre la main dans le sac, et on dut renoncer à tout ça. A leurs passion. Après avoir fait une semaine d'intérêts généraux, ils ont tout arrêtés. Mais Rose voulait recommencer. Pour elle la vie était faite avec le choix de prendre des risques. Elle aimait risquer sa vie, repousser ses limites au maximum, voir jusqu'où la police lui permettrait d'aller pour exprimer son art.

— Un jour peut-être que—

— Non hors de question, la coupa-t-il, les intérêts généraux ça m'a suffit une fois. Puis après tout, ça, c'est noté dans ton casier, même si ce n'est pas comme avoir commis un meurtre non plus, il fit une pose et attrapa les mains de Rose. Ecoute, c'est du passé d'accord ?

Elle le regarda et acquiesça. Elle referma la boîte et la rangea à sa place, sous le lit. Elle bondit sur ses jambes, puis décida de balayer ses pensées nostalgiques. Un sourire apparut sur son visage, et elle tendit la main à Karl pour qu'il se relève.

Je ne sais pas toi, mais moi, j'ai une faim de loup ! S'exclama-t-elle. Il attrapa sa main, puis se releva à son tour.


Louis mit ses lunettes de soleil sur son nez, et claqua la porte de sa voiture, s'appuyant sur celle-ci comme à son habitude. Il attendit qu'une cinquantaine de gamins excités sortent en dehors de cette école primaire. En fait, il attendait surtout sa petite sœur, Gabrielle. Quand il l'a vu, un sourire apparut sur ses lèvres. Gabrielle se précipita vers lui et lui sauta dans les bras. Avec ses petites bouclettes brunes et ses grands yeux marron, c'est deux grosses joues de petite fille et sa salopette jaune, elle était de loin la plus mignonne des petites filles qui sortaient de cette école. Il aimait plus que tout sa petite sœur. Même si elle n'avait que cinq ans, et lui en avait vingt de plus. Il lui embrassa le front, et ouvrit la portière à l'arrière pour l'installer dans son siège pour enfant. Il l'attacha, et reprit la place du conducteur. Gabrielle enleva ses chaussures qui lui compressaient les pieds, et se mit à regarder dehors.

— Hey Lou ! Commença la petite, j'ai gagné une image aujourd'hui.

Il regarda dans le rétroviseur et lui fit un sourire.

— Bravo bébé, tu es la meilleure.

Seule une personne avait le droit à ce traitement de faveur, le petit amour de sa vie. Sa petite sœur. Elle ria d'un rire cristallin, comme tous les enfants d'ailleurs, et compta les minutes avant d'arriver devant chez elle. Louis se gara devant la grande maison de ses parents, et ouvrit la porte de Gabrielle. Au moment où il se pencha pour attraper les chaussures de Gabrielle, une carte d'identité attira son attention. Il s'en empara, et compris qu'elle appartenait à Rose. Elle devait surement l'avoir fait tomber, comme elle mettait toujours ses affaires dans les poches arrière de ses pantalons. Un sourire s'empara de ses lèvres,  il la rangea dans sa poche de manteau. Il prit Gabrielle dans ses bras, puis partit en direction de la porte d'entrée. La petite fille attrapa les deux joues de Louis pour les pincer avec ses doigts potelés.

Le bruit du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant