Chapitre 34

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La salle est plongée dans le noir, Isa me serre si fort la main qu'elle me fait mal. Il n'y a pas un mot, pas un souffle. Toute la salle est dans un silence de cathédrale. Aime t – il ? Est ce que le public aime ? Et les juges ? Oh non on voit un bout de la perche dans le reflet de cette vitre...je ne vois que les défauts de ce putain de film. Romain prend ma main et l'embrasse. J'aimerai sortir de cette salle, je n'en peux plus. On arrive à la fin et je n'ai pas osé me retourner pour voir la réaction des gens. Si ça se trouve ils sont tous en train de s'ennuyer. Il n'est pas assez rythmé...Il ne fait pas assez peur et ils seront incapable de s'identifier au personnage de Charlie et encore moins à celui d'Arsène...

« -Pile, vous restez avec moi.

-Face je pars. »

C'est la toute dernière scène....Je ferme les yeux, me concentrant sur les dialogues.

« -S'il vous plaît Arsène lancez la pièce.

-Laissez moi profiter. Ce sont sûrement les derniers moments que je passerai avec vous. »

Silence...il est trop long...ou pas assez ?

« -Vous êtes prête ? »

J'ouvre un œil pour voir le jeter de pièce mais le referme aussitôt.

« -Montrez moi.

-Soyez patiente Charlie. »

Un cri, un fracas, Beethoven déraille, elle cours, je brise la main des deux acteurs quand le silence se prolonge. Rien. Pas un bruit quand soudain les acclamations se font si fortes qu'elles font vibrer la salle. Mon cœur se calque avec elles. Les gens siffle, cri, applaudissent.

-Loïs, ouvre les yeux. Regarde, fait la douce voix d'Isa.

J'en ouvre un, puis un autre et détends mes épaules. Isa est en larmes, comme à son habitude, Romain la prend dans ses bras et lentement je me retourne devant cette salle de 300 personnes. Tout le monde est debout. Qui aurait cru qu'à mes 25 ans, une foule se tiendrait devant moi à m'applaudir. Je retiens mes larmes en souriant et saluant quelques copains jusqu'à ce que Mr. Oprandi vienne me voir.

-Tiens le micro.

Je le remercie, prends le micro, fébrile et monte sur l'estrade avec toute mon équipe. Nous ne sommes pas nombreux mais nous avons quand même réussi à faire ce film jusqu'au bout. Je me racle la gorge, loin du micro et me mets à rire légèrement, passant ma main dans mes cheveux, nerveuse.

-Bien, j'imagine que c'est à moi de parler. Merci les gars pour l'entraide.

La salle rit. J'ai envie de pleurer. C'est irréaliste.

-Ce soir, au cinéma de Gaumont Comédie, nous vous avons présenté notre long métrage « Pile ou Face ». Je dois avouer que je n'ai presque pas ouvert l'œil de toute la séance. Le film était bien ? Je n'en sais rien.

Une nouvelle vague de rire. Je me sens flotter, incapable de réaliser ce qui se passe.

-J'aimerai....

Les mots s'envolent, je ne les voit pas partir. Mes yeux, eux, s'encre parfaitement dans les siens. Il esquisse un faible sourire. Tout mon être semble s'enterrer dans le sol. Un coup de coude vient me ramener à la vie. Je ris, détourne mon regard au bord de la crise d'angoisse.

-Oui pardon, j'aimerai remercier toute l'équipe des professeurs qui nous ont aidé jusqu'ici et aussi toute mon équipe sans qui vous n'auriez pas pu apprécier ce film.

Là tout devant je vois Momo et Gilles. Je leur souris.

-Et aussi je tenais à remercier Gilles et Momo, de superbe restaurateurs qui nous ont accueillit dans leur bar. Merci à eux et merci à vous. Merci.

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