Chapitre 36

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J'ai passé la semaine à me terrer sous ma couette et à manger des nouilles instantanées. Aujourd'hui il fait beau et mes amis m'ont forcé à sortir voir la mer. J'ai réussi à m'évader le temps d'une après midi. Mais mon esprit profitait d'un moment de flottement dans la conversation pour me rappeler qu'on est samedi et que dans quelques heures Jungkook m'attendra au Sullivan's pub. Rien qu'en y pensant mon ventre se contracte d'une douleur agréable. Une excitation telle qu'on peut ressentir lorsqu'on sait que le garçon qui nous plaît va venir à la soirée. Ce genre d'excitation qui nous contraint à ne penser qu'à ça et nous oblige à être heureux malgré la colère et le passé. Je suis tirée entre deux émotions. L'exaltation de le voir et la profonde colère. Je ne suis pas énervée contre lui...seulement sur la situation. J'ai tout perdu avec mes bêtises et lui qui revient comme une fleur sans me dire ce qu'il veut vraiment. Je ne sais pas pourquoi il m'a invité ce soir. Veut – il recoller les morceaux ? Espérer une suite dans notre relation ou tout simplement s'expliquer et disparaître. Trop de questions on malheureusement besoin de réponse et ce n'est qu'en le confrontant que je pourrait les avoir.

L'après midi est fini et je dois impérativement me préparer pour cet étrange rendez vous. Sur ma moto, je m'arrête à un feu rouge qui dur plus que nécessaire. Je me perds dans mes pensées regardant les terrasses de cafés et les petits commerces. Juste à ma droite je tombe sur une petite vitrine d'une espèce de brocante. J'inspecte les éléments de décorations. Appuyé contre le mur marron une gigantesque clef rouillé s'impose. Une clef. Mes pensées s'arrêtent, tout ce que je réussi à faire c'est l'observer et me dire à quel point elle doit être lourde à porter. Elle a du ouvrir des portes immenses, faisant quasiment la taille de mon avant bras. Instinctivement le visage de Jungkook m'apparaît, je râle, me fait klaxonner, reprends vie et démarre. Je vais pas commencer à être obséder par des clefs ! Jungkook est déjà un bien lourd fardeau.

J'arrive chez moi, claque la porte derrière moi et vais directement sous la douche. La même excitation me traverse. Je ne la chasse pas, elle est si agréable. Nue devant ma petite étagère je cherche quoi mettre pour ce soir. Rien ne sert de mettre ma plus belle robe. Je dois y aller comme si j'allais voir une connaissance. Je n'ai pas envie de donner quelconque espoir quant à ma tenue. Ce faire jolie signifie souvent qu'on veut plaire mais ce n'est pas mon cas.

Je me déteste. Devant le miroir je me fais un joli doigt d'honneur en voyant ma tenue. Une robe ? Sérieusement ? La noire en plus ? Longue échancré sur le côté droit avec ce merveilleux décolleté carré qui va parfaitement à ma légère poitrine. Je peste contre moi même en enfilant mes rangers et mon large blouson de cuir. J'attache mes cheveux en queue de cheval basse, laissant deux mèches tomber sur mon front.

-Je suis en avance en plus, bravo Loïs ! Dis – je rageusement en sortant de l'appartement.

Il est 18h50 quand j'arrive devant le pub. Je gare ma bécane dans une ruelle en face, reste dessus et allume une cigarette. Il est inconcevable qu'il sache que je suis arrivée avant lui. Je dois avoir du retard. Je vais l'espionner d'ici, attendre qu'il s'installe et débarquer au bout de quinze minutes.

Jouant avec la fumée de ma cigarette je m'étouffe en le voyant arriver. Il porte un T – shirt blanc rentré dans son pantalon noir avec ses bottines de rockeur que j'aime tant. Je crois faire un bond dans le passé. Cet été où je l'ai rencontré. Il portait souvent ce genre de vêtements. Rien a changé. Ses même cheveux noirs lui tombant sur le front, ses bagues mais maintenant il a décoré ses bras d'encre noir. Qui pourrait se douter que c'est un procureur. Il est a tomber, j'en ai les jambes qui flageoles. Il entre dans le bar et disparaît un instant avant de réapparaître à l'étage. Sur le fin balcon. Il s'installe sur les hautes chaise, face à la rue, les coudes sur la planche de bois qui longe toute la rembarre. J'en ai presque oublié que j'ai rendez vous avec lui. Je me contente de me laisser subjuguer par sa beauté qui me bouleverse tant. En souriant je joins mes pouces et mes index, imaginant un plan de caméra où il serait le sujet principal. Droit sur mon objectif, j'enregistre la scène. Dommage que je ne puisse pas zoomer. Il allume une cigarette et n'arrête pas de regarder la rue, l'air agité. Il m'attend. Je suis là. Tu n'as juste qu'à regarder un peu plus à gauche et...mon sourire s'estompe devant ses yeux qui, enfin, m'ont vu. Je laisse tomber ma caméra imaginaire et nous laisse un instant à nous regarder. Cela faisait longtemps qu'on avait pas pris le temps de le faire convenablement. Jungkook, fini par montrer la place à ses côtés, m'intimant silencieusement de venir m'y installer. Le trac monte mais je prends sur moi et me lève, mon casque dans la main. Essayant d'oublier son regard je traverse la rue, le plus naturellement possible. Pourquoi avons nous l'impression de marcher bizarrement lorsque nous sommes observer ? C'est grotesque. Sur l'escalier en colimaçon, je m'agrippe fortement à la rembarre d'acier, essayant de porter mon corps un peu plus longtemps. Une envie de pleurer me traverse, je la ravale et m'autorise quelques secondes à l'observer, dos à moi, passant inlassablement ses doigts dans ses cheveux. La lumière de fin de journée donne une couleur orangé à sa peau, le sublimant un peu plus.

JUNGKOOK...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant