I NEVER EXISTED ➹ minsung

- chapitre 1

Minho n'avait jamais vu la solitude comme une prison.

À ses yeux, être seul signifiait surtout être libre, et c'était tout ce qu'il désirait en ce moment. Il voulait profiter de cette semaine de congés pour prendre du temps pour lui et se retrouver dans un endroit qui lui était cher. La maison de ses grands-parents, aujourd'hui décédés, n'avait pas été visitée depuis plusieurs mois et elle avait même été laissée à l'abandon. Avec leurs vies respectives, tous les membres de la famille Lee n'avaient pas vraiment eu l'occasion d'y retourner pour s'en occuper. Il y avait encore tout à l'intérieur, les meubles, les souvenirs, mais plus aucune présence. Personne ne s'était encore décidé sur le sort de cette villa ; allaient-ils la vendre ou allaient-ils la garder ? Ils n'en savaient rien et Minho, nostalgique du temps passé, avait préféré y retourner avant que son père et ses oncles ne prennent une décision. 

Adolescent, il avait passé tous ses étés là-bas en compagnie de ses cousins et cousines, et il s'était même fait des amis. Il aimait l'ambiance qui régnait dans le village, il appréciait le soin de que ses grands-parents lui portaient et avec eux, il se sentait réellement aimé. Ils avaient eu une relation particulière, peut-être même plus forte qu'avec ses propres parents. Il pouvait tout leur dire, ils l'acceptaient tel qu'il était sans jamais le juger et au contraire, ils préféraient lui donner des conseils, lui transmettre une certaine sagesse plutôt que de le critiquer. C'était en partie grâce à eux qu'il en était là désormais. Ils l'avaient soutenu dans ses décisions et, quand il avait annoncé vouloir devenir professeur, ils avaient été ravis de l'apprendre. Ses parents avaient toujours pensé qu'il deviendrait avocat, comme eux, mais il avait décidé de suivre une tout autre voie. 

Minho aimait son travail, il aimait venir en aide aux lycéens à qui il faisait cours et parfois s'impliquait-il même plus que de raison. Il était observateur, il remarquait quand quelqu'un allait mal, quand quelqu'un avait des problèmes familiaux ou des ennuis avec d'autres élèves. Il était un professeur aimé de tous, même si certains de ses collègues n'aimaient pas sa façon de faire et que sa hiérarchie lui répétait souvent de ne pas être trop proche des élèves. Il avait le rôle du prof sympa sur qui tout le monde pouvait compter, mais il savait aussi être ferme. Il avait deux facettes, une avec ses élèves, et une autre avec les adultes qui l'entouraient. Il savait autant être souriant et avenant que froid et renfermé sur lui-même. Il savait à qui il pouvait accorder sa confiance et à qui il ne pouvait pas. Ses amis se comptaient sur les doigts d'une main, mais cela lui convenait parfaitement. 

Minho était une sorte de loup solitaire, mais il n'hésitait jamais à prêter main forte à son prochain dans le besoin. 

Au loin, il aperçut le portail de la villa et son cœur se serra. Il n'était pas revenu depuis l'enterrement de sa grand-mère et la végétation avait rapidement repris ses droits. Il arrêta la voiture devant et descendit. Il soupira en constatant que le lierre s'était emmêlé autour des barreaux en fer forgé. Il tira dessus pour l'arracher, avec bien du mal, et quand il en fut débarrassé, il enfonça la clé dans la serrure. L'allée qui menait à la maison était elle aussi dans un piteux état. Comment une si belle maison avait pu se retrouver ainsi ? Il en eut encore plus mal à la poitrine. Les souvenirs d'une époque joyeuse ne cessaient de lui revenir en tête. Il revoyait la villa pleine de vie, son grand-père penché au-dessus des parterres de fleurs colorés, sa grand-mère sur le perron assise sur son banc avec Lucky, le gros chien de berger à ses pieds. Il se souvenait des courses poursuites dans le jardin, des parties de cache-cache, des arbres fruitiers qui donnaient de quoi réaliser de délicieuses confitures et aussi des voisins toujours prêts à ramener des tartes bien garnies.