- chapitre 14

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Minho avait passé deux jours compliqués. Il n'avait cessé de penser à ses retrouvailles avec Hyunjin, au fait qu'il avait désormais une femme et un enfant, et cela le perturbait grandement. Il s'était promis de ne pas trop se retourner le cerveau, peu importe ce qu'il avait à lui dire, mais il n'en avait pas été capable. Son premier amour avait fondé une famille, il avait totalement tourné la page alors que lui n'arrivait même pas à être en couple. Enfin, il pouvait l'être, mais cela ne durait pas très longtemps. Il sabotait ses relations par peur, par méfiance, et aussi parce qu'il avait l'impression qu'elles ne menaient à rien. Il ne savait plus de quoi il avait envie dans un couple, il ne savait même plus s'il avait envie d'être de nouveau en couple un jour. C'était trop compliqué, et peut-être trop d'investissement aussi.

Et puis, il n'y avait pas que le fait d'avoir revu Hyunjin qui le perturbait. Jisung était au foyer depuis trois jours et il n'avait pas eu de nouvelles de lui. Que devait-il faire ? S'inquiéter ou se réjouir ? Peut-être était-il si bien là-bas qu'il l'avait déjà oublié.

Minho déglutit, son cœur s'était serré de douleur. S’imaginer que le jeune homme pouvait le zapper de sa vie en un claquement de doigts lui faisait du mal. De son côté, il n'avait pas osé lui téléphoner, de peur de le déranger, ou que cela paraisse trop tôt. Il n'était pas attaché à lui au point de pleurer pour avoir de ses nouvelles. Quoi que… Il l'appréciait, il l'admettait volontiers, mais ils n'étaient rien l'un pour l'autre. Il avait juste aidé une personne en profonde détresse et Jisung l'avait amplement remercié avec les moyens qu'il avait. À quoi s'attendait-il ?

Il soupira et referma son classeur avant de tourner la tête vers la fenêtre. Il avait donné une interrogation à ses élèves, car il était incapable de se concentrer. Lui qui aimait enseigner, il n'y arrivait pas. Il était dans la lune, complètement perdu, et il peinait à suivre ce que lui-même disait. Il avait trop de choses en tête, trop de choses qui venaient le perturber. Il voulait que cette journée se termine vite, qu'il puisse rentrer chez lui et se reposer. Mais même à son appartement, il ressentait comme un vide. La solitude qu'il aimait tant ne lui avait jamais autant pesé qu'en ce moment. Il avait passé trois semaines avec Jisung, ce dernier était présent tous les soirs quand il rentrait et d'un seul coup, il se retrouvait seul, sans personne. Jamais il n'aurait imaginé ressentir un manque pareil.

Il consulta sa montre et constata qu'il ne restait que peu de temps avant la pause déjeuner. Il était vraiment dissipé ces derniers jours. Le temps passait à la fois lentement et trop vite. Il avait l'impression d'être dans une faille, dans une autre dimension où les minutes ne s'écoulaient pas de la même manière. Il était perdu. Et ça ne lui était pas arrivé depuis très longtemps.

— Encore cinq minutes, dit-il d'un ton las.

Les élèves relevèrent légèrement la tête et Minho força un sourire. Certains finissaient d'écrire et d'autres relisaient leur copie. Il n'avait rien donné de trop compliqué, c'était surtout pour revoir les dernières leçons qu'ils avaient faites. Minho n'oubliait pas que c'était à lui de corriger et il n'était pas très friand du travail supplémentaire, surtout pas en ce moment. S'il avait déjà du mal à faire cours, revoir les copies de ses élèves n'allait pas être une partie de plaisir. Il le ferait quand il aurait le temps, et surtout l'envie.

La sonnerie retentit et la classe s'agita. Minho se leva, tapa dans ses mains pour faire cesser le brouhaha.

— Tout le monde reste assis jusqu'à ce que j'aie tout ramassé. Vérifiez que votre nom, prénom et classe apparaissent bien.

Il passa dans les rangs pour recueillir toutes les feuilles et, une fois qu'il eut terminé, il autorisa les élèves à partir pour le déjeuner. Il regroupa les copies dans une pochette cartonnée et la glissa dans sa sacoche en cuir. Il n'oublia pas son étui à lunettes, posé sur le coin en haut à droite du bureau, puis effaça le tableau avant de quitter la pièce. Ce fut d'un pas nonchalant qu'il traversa le corridor et descendit les escaliers pour rejoindre la salle des professeurs. S'il n'avait pas eu une faim de loup, il aurait sans doute évité de voir ses collègues. Il n'avait aucune envie de les entendre bavarder ou rire, ça l'exaspérait. Il voulait seulement du calme, de la tranquillité, et rentrer chez lui.

I NEVER EXISTED ➹ minsung Où les histoires vivent. Découvrez maintenant