I NEVER EXISTED ➹ minsung

- chapitre 15

Minho gardait les mains cramponnées au volant, le regard fixé sur la route. Il restait concentré, autant que possible et pourtant, dans son esprit, c'était le chaos. Il avait le cœur qui battait à toute vitesse, il avait chaud et froid en même temps, il sentait les gouttes de transpiration perler dans sa nuque. Il aurait aimé pouvoir rouler plus vite, mais impossible, la circulation l'en empêchait. Il priait pour qu'il ne prenne pas l'envie à Jisung d'avancer pour s'éloigner un peu du foyer. Il lui avait dit de rester à proximité, mais l'éventualité qu'il s'en aille ne quittait pas ses pensées. Il ne voulait pas qu'il parte, il ne voulait pas qu'il disparaisse.

Il dut s'arrêter à un feu rouge et là, il prit une profonde inspiration, comme s'il avait retenu son souffle depuis de longues minutes. Il devait penser de manière rationnelle. Jisung lui avait téléphoné pour qu'il vienne le chercher, il n'allait pas prendre la fuite comme ça alors qu'il était sur le point d'arriver. Ça n'aurait aucun sens. Relativiser l'avait un peu aidé à se détendre. Encore quelques minutes et il arriverait à destination. Il redémarra pour s'engouffrer sur la voie de droite et il pénétra dans un des quartiers proches du foyer.

Il était animé par un sentiment étrange, un sentiment nouveau, quelque chose qui le poussait vers le jeune homme qu'il avait hébergé quelques semaines. Il l'aimait bien, c'était sûr et certain, et même si cela lui faisait un peu mal de l'admettre, il avait envie qu'il revienne chez lui. Il secoua la tête. Ce n'était pas lui que de penser de cette façon.

Il aurait tout donné pour avoir la paix, pour que personne ne vienne perturber son quotidien, et voilà qu'il ressentait un semblant de joie à l'idée que Jisung soit de retour dans son appartement. Vraiment, il se demandait si quelqu'un ne lui avait pas jeté un sort. Il s'était attaché au jeune homme, c'était un fait, mais il n'imaginait pas que ce soit à ce point-là. Il avait vu en lui de la fragilité, il avait besoin d'amour, d'affection, de tendresse, et Minho avait finalement trouvé une certaine satisfaction à le faire sourire, à le rendre heureux. Et là, il s'inquiétait énormément pour lui. L'entendre pleurer l'avait retourné, il ne pouvait pas supporter ses sanglots. Il ne pouvait pas supporter qu'il soit de nouveau malheureux après toutes les horreurs qu'il avait dû vivre.

Avec un passé comme le sien, Jisung méritait un présent et un avenir doux, calme, tranquille. Et Minho, aussi solitaire qu'il aimait l'être, avait envie de contribuer à tout ça. Il soupira quand il arriva à proximité de sa destination. Il avait peur de voir dans quel état était son petit protégé. Au loin, il aperçut une chevelure aux reflets roux et son cœur s'emballa de plus belle. Il était là, au bord de la route, avec le gros sac de sport à ses pieds. Minho arrêta sa voiture et en sortit en quatrième vitesse pour la contourner et se retrouver face à Jisung. Ils échangèrent un bref regard avant de se jeter dans les bras l'un de l'autre, d'un commun accord.

Jisung enroula les bras autour du cou de Minho et se hissa légèrement sur la pointe des pieds afin d'enfouir le visage contre lui. Minho le serra sans même réfléchir. Il sentit son corps frêle se secouer, ses pleurs s'étouffer dans le col de sa veste, et ses larmes humidifier sa peau. Il l'étreignit de toutes ses forces, comme s'il avait peur de le perdre, comme s'il craignait qu'il s'évapore. Et Jisung se laissait aller à de puissants pleurs, incapable de s'arrêter.

— Tout va bien, lui murmura le brun. Je suis là, tout va bien.

Jisung se blottit davantage contre lui, son nez frôlant son cou. Il inspira à pleins poumons, le parfum si singulier de Minho envahit ses narines et il se sentit renaître. C'était bon de le retrouver, c'était rassurant.

— Merci, merci d'être venu…

— Désolé de ne pas avoir vu tes appels avant… dit-il en lui caressant le dos. On va rentrer, d'accord ?