- chapitre 18

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Trois nouvelles semaines s’étaient écoulées depuis que Jisung était revenu vivre chez Minho. Ils avaient très vite retrouvé leurs marques, leurs habitudes, et la cohabitation se passait parfaitement bien. Jisung passait ses journées à regarder la télévision, il lui arrivait aussi de se mettre à la table de la salle à manger afin de dessiner. Il n'avait jamais été très manuel, très créatif, mais cela lui permettait de passer le temps en l'absence de Minho. Les jours étaient parfois un peu longs quand il était au travail, et même s'il essayait de ne pas rentrer trop tard en ne prenant pas trop de cours particuliers, il arrivait à l'appartement à la nuit tombée. Il s'en voulait, il aurait aimé passer plus de temps avec Jisung en semaine, mais il avait des impératifs. 

Il comptait se rattraper les week-ends en l'emmenant se promener dans des parcs, la météo était clémente et le printemps s'était bien installé. Jisung était souriant, plein de vie, et quand Minho était là, cela lui évitait de broyer du noir. Il avait craqué, deux fois, deux soirs après un dîner où il s'était régalé. Le brun savait un peu mieux comment réagir à ses crises de larmes et ça les rassurait tous les deux. D'une part Jisung, car il était conscient qu'il pouvait compter sur Minho. D'une autre Minho, car il savait désormais ce qu'il devait faire pour qu'il se calme. Il le prenait dans ses bras et lui caressait les cheveux en lui disant qu'il était là, qu'il ne le lâcherait pas tant qu'il ne se sentirait pas mieux, qu'il ne l'abandonnerait pas. Ces paroles étaient tout ce que Jisung avait besoin d'entendre, car jamais personne ne les lui avait dites. Inconsciemment, il avait une peur bleue de l'abandon. Il craignait que Minho ne le laisse, qu'il disparaisse, et qu'il se retrouve encore seul. 

Alors ensemble, ils avaient discuté. Longuement. Minho lui avait rappelé que le médecin qu'ils avaient vu lui avait donné les coordonnées d'une psychologue, et il était persuadé que cela pourrait l'aider. Il avait expliqué à Jisung comment ça allait se passer, ce sur quoi ils travailleraient sûrement pour qu'il aille mieux, et il avait accepté de la rencontrer. Ça n'allait pas être facile, pas non plus une partie de plaisir, mais c'était indispensable. Le jeune homme était déterminé à avancer, et avec l'aide de Minho, il se sentait capable de déplacer des montagnes. Il voyait à quel point il se démenait pour lui, alors il avait envie de lui prouver qu'il pouvait s'en sortir. 

Minho avait terminé sa semaine, il était rentré à l'appartement et était reparti avec Jisung pour son tout premier rendez-vous chez la psychologue. Après quelques minutes d'attente, ils étaient entrés tous les deux dans son cabinet ; Minho avait expliqué la situation, puis la femme l'avait invité à sortir pour qu'elle puisse s'entretenir seule avec son petit protégé. C'était important pour elle de se faire une idée de Jisung quand Minho n'était pas à ses côtés. Elle voyait bien que son comportement était différent, et elle ne pensait pas pouvoir faire correctement son travail s'il restait à proximité. Il avait donné son accord pour que le brun patiente dans la salle d'attente et, après une demi-heure de consultation, Jisung était ressorti. 

Ses yeux étaient rouges, vitreux, vides. Il avait le visage bouffi et s'obstinait à garder la tête baissée. Minho comprit, il avait pleuré. Ils ne s'adressèrent pas un mot avant d'être à l'extérieur du bâtiment, à quelques mètres de celui-ci où la foule était moins dense. 

— Jisung… 

Minho essaya de poser une main sur son épaule, mais le jeune homme se replia sur le côté pour éviter qu'il ne le touche. C'était la première fois qu'il se montrait aussi distant, aussi réfractaire, et Minho préféra lui laisser de l'espace. Ils marchèrent encore tout droit, sans vraiment savoir où ils allaient. Jisung avait le pas rapide, il avait sans doute besoin d'évacuer la pression et de se libérer de toute la colère qu'il avait gardée enfouie en lui depuis toutes ces années. De quoi avait-il parlé ? Des souvenirs s'étaient-ils révélés ? Minho ne savait pas, et ça l'énervait de ne pas savoir. Il se sentait impuissant devant la détresse du plus jeune. Il se sentait spectateur, et il avait mal au cœur. 

I NEVER EXISTED ➹ minsung Où les histoires vivent. Découvrez maintenant