I NEVER EXISTED ➹ minsung

- chapitre 3

Minho n'avait pas fermé l'œil de la nuit, il avait même vu le soleil se lever. L'angoisse était tellement présente qu'il n'avait fait qu'attendre. Il y avait un inconnu chez lui, dans le canapé du salon, et il était resté attentif au moindre bruit qu'il pouvait percevoir. Finalement, il n'y en avait eu aucun et cela lui avait changé des nuits précédentes. Il n'avait pas entendu de grattements, ni de grincements, juste le calme de la nuit, comme si le jeune homme de la veille s'était volatilisé. Il ne comprenait pas tout, aussi bien ce qui avait poussé le dénommé Jisung à fuir que la raison pour laquelle il avait accepté de lui laisser passer la nuit là. Oui, il avait ressenti de la pitié en le voyant sangloter comme un enfant et il avait eu l'impression d'avoir un adolescent désemparé face à lui. 

Minho travaillait dans un lycée en banlieue de Séoul, ce n'était pas un établissement très bien réputé et il avait parfois affaire à des cas délicats. Des élèves qui se faisaient battre par leurs parents, d'autres qui se faisaient harceler ou racketter, d'autres qui avaient divers soucis familiaux. Il repérait les jeunes les plus démunis, il en voyait certains pleurer de désespoir, comme il avait vu Jisung le faire la veille. Ce jeune homme lui rappelait sans doute son travail, et Minho prenait à cœur son rôle de professeur. Finalement, il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'il ait réagi de cette manière. Mais cela l'inquiétait quand même. Il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il adviendrait de Jisung quand il devrait partir et, alors que ça n'aurait pas dû le déranger puisqu'il ne le connaissait ni d'Adam ni d'Eve, il avait des tonnes de questions en tête. Il pourrait toujours lui donner un peu d'argent pour qu'il puisse prendre le bus et se payer quelques nuits dans une auberge. Il devait bien avoir des amis quelque part, ou même de la famille. Personne ne pouvait être réellement seul. 

Minho soupira et se frotta vigoureusement le visage. Le soleil baignait désormais la chambre de sa chaleur et il décida de se lever. Il tira sur les fins voilages et ouvrit la fenêtre. Il prit un instant pour contempler le grand jardin qui s'étendait derrière la maison. Il avait perdu sa beauté d'antan, mais la cabane que son grand-père avait construite pour ses cousins et lui était encore debout. Il sourit. Les souvenirs des étés agréables revinrent de plus belle, de son enfance à son adolescence, des fous rires, des moments de joie, des baisers échangés en cachette… 

Minho sentit son cœur se serrer de douleur. Pourquoi avait-il fallu que Hyunjin refasse surface parmi ses pensées ? Il aurait préféré ne plus entendre son prénom, et surtout pas dans un moment comme celui-ci, un moment où lui avait choisi de rester seul, de ne pas s'attacher à qui que ce soit de peur de vivre une déception de plus. Oui, les histoires d'amour, c'était bien trop compliqué et moins il avait à s'engager, mieux il se portait. Il n'avait eu que deux petites amies, et ça avait toujours mal fini. Il était incapable de se projeter, incapable de s'investir. Il avait véritablement aimé une seule personne dans sa vie, et ça avait été un fiasco. Aujourd'hui, il n'avait plus envie de faire des rencontres, de perdre son temps, de remettre en cause son quotidien et ce qu'il avait construit. La solitude avait été un des meilleurs choix qu'il avait fait. 

Il déglutit et se détourna du jardin. Rien ne servait de remuer des souvenirs amers. Il attrapa un t-shirt assorti à son pantalon de jogging et l'enfila. Devant la porte, il prit une grande inspiration. Il appréhendait de se retrouver en présence de Jisung, la situation était étrange pour l'un comme pour l'autre. Il finit par prendre son courage à deux mains et quitta la chambre pour rejoindre le rez-de-chaussée. Une fois dans le salon, il s'arrêta. Le jeune blond était allongé dans le canapé, sur le ventre, un bras dans le vide. Il semblait paisible, son corps se soulevait de manière régulière et lente. Il devait être dans un profond sommeil et en tendant l'oreille, Minho put même l'entendre ronfler. Il pouffa de rire et se dirigea vers la cuisine. Il n'avait pas vraiment envie de le réveiller, il avait sûrement besoin de récupérer de ces nuits compliquées, de ses journées de cavale.