I NEVER EXISTED ➹ minsung

- chapitre 12

Minho venait de rentrer chez lui après avoir déposé Jisung au foyer. Une fois dans son appartement, il fut frappé par le silence qui y régnait, le vide qu'il y avait. Comment un jeune homme aussi frêle que Jisung avait pu prendre autant de place ?

Il soupira et ôta ses chaussures pour ensuite traîner les pieds jusqu'au salon. Il resta planté en plein milieu de la pièce, les bras le long du corps et le regard fixé sur le canapé. Trouver son petit protégé allongé là, devant les dessins animés qu'il disait ne pas aimer, allait lui manquer. Il s'en détourna et alla dans la cuisine pour se servir un verre d'eau fraîche qu'il but d'une traite. La température lui glaça le cerveau et il frissonna tout en secouant la tête. Il n'avait plus les idées claires, ça allait lui passer. Ce n'était qu'une question de temps, quelques jours et il retrouverait sa petite vie tranquille, même s'il comptait téléphoner à Jisung pour avoir de ses nouvelles.

Il posa son verre sur la table et repartit dans le couloir pour entrer dans son bureau. Pourquoi faisait-il ça ? C'était ridicule. Il était ridicule. Il avait l'impression de tourner en rond, de chercher quelque chose qui n'existait plus, quelque chose qu'il avait lui même fait disparaître. Depuis qu'il avait rencontré Jisung, il ne se comprenait plus, il ne se reconnaissait plus. Oui, il avait cette générosité en lui, cette envie d'aider son prochain, et il l'avait fait en autorisant le jeune homme à vivre chez lui un temps, en lui permettant de prendre un nouveau départ. Alors pourquoi n'était-il pas pleinement satisfait ? Peut-être parce qu'il avait un goût d'inachevé. Un goût d'incomplet.

Il referma la porte du bureau et décida d'allumer la télévision pour se mettre devant un programme quelconque, juste pour se changer les idées. Mais tout, absolument tout, lui rappelait Jisung. Il se demandait comment il se sentait, s'il avait rencontré ses colocataires, s'il souriait, s'il avait peur… Ça allait vite devenir insupportable s'il continuait à ruminer de la sorte. Il saisit son téléphone sur la table basse et envoya un message à ses deux meilleurs amis, Chan et Changbin. Il avait vraiment besoin de penser à autre chose et de se détendre. Il leur proposa de venir chez lui, et ils furent tous les deux surpris qu'il les invite à l'improviste. Ils ne manqueraient pas de le charrier et de comprendre qu'il les faisait venir par intérêt personnel. Il pouvait bien se montrer égoïste après tout ce qu'il avait fait de bien, l'univers n'allait pas lui en vouloir.

Changbin ne fut pas long à confirmer sa venue, il ajouta même qu'il ramènerait de l'alcool. Chan le prévint qu'il viendrait seul, Seungmin travaillait de nuit et il comptait bien dormir chez Minho, surtout s'ils buvaient.

Ce fut sur les coups de vingt heures que les deux jeunes hommes arrivèrent au bas de l'immeuble, ils étaient synchro. Minho déverrouilla la porte d'entrée et en à peine deux minutes, ils se présentaient à son appartement. Il leur proposa des pantoufles et les débarrassa des sacs en plastique qu'ils avaient ramenés. Dans l'un se trouvait plusieurs bouteilles de bière et de soju et dans l'autre, des chips, des nouilles instantanées, et d'autres bouteilles d'alcool de riz.

— Eh ben, on fête quoi ? Le départ de ton squatteur ? s'amusa Changbin en voyant toutes les bouteilles remplir la table de la salle à manger.

Minho lui lança un regard noir.

— C'était pas mon squatteur.

Chan pouffa de rire.

— Le gars s'est incrusté chez toi pendant trois semaines, tu appelles ça comment ?

— J'appelle ça un sans-abri, et c'est moi qui ai décidé de le garder.

— Tu parles, cracha Changbin en s'affalant dans le canapé, il s'est un peu imposé quand même.

La mâchoire de Minho se crispa et ses poings se serrèrent. C'était déjà assez dur de se faire à l'idée que Jisung n'était plus là, il n'avait pas envie que ses amis en rajoutent une couche en se moquant de lui, ou en faisant passer le jeune homme pour un monstre. Il n'en était rien, il était juste paumé, malheureux, et n'avait jamais eu de chance.