- chapitre 5

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Toujours sous le choc, Minho conduisit jusqu'à son immeuble. Il n'arrivait pas à assimiler ce que Jisung lui avait dit un peu plus tôt, c'était de la pure folie. Il ne cessait de se répéter que c'était impossible, que le jeune homme à ses côtés ne pouvait pas être incapable de lire, d'écrire, ou même de compter. Il n'arrivait pas à imaginer des parents ne pas mettre leur enfant à l'école, ou même les services sociaux ne pas faire leur travail. Quelqu'un avait bien dû se rendre compte du problème un jour ? Vingt ans, il avait passé vingt ans à vivre ainsi et personne ne l'avait jamais pris en charge ? Pourtant, il se souvint que Jisung avait dit avoir un petit boulot d'où il venait, mais sans doute n'était-il pas très qualitatif et ne demandait pas d'être un minimum instruit. Il n'osa pas lui demander ce qu'il faisait avant car pour le moment, il était bien trop perturbé par ce qu'il avait découvert. 

Le blondinet passa le trajet à triturer son t-shirt, la tête basse et les larmes menaçant de dévaler ses joues. Il avait honte d'avouer un tel secret, ce n'était pas quelque chose dont il était fier et s'il pouvait ne rien dire, c'était tant mieux. De toute façon, savoir lire et écrire n'était pas quelque chose qui lui avait souvent été demandé. Minho lui jeta un bref coup d'œil et passa la langue sur ses lèvres. Il se sentait mal pour Jisung. Il n'avait pas cherché à le mettre mal à l'aise en lui achetant ce téléphone, bien au contraire. Et voilà qu'il se retrouvait à devoir le prendre sous son aile un peu plus longtemps que prévu. Dans le fond, il était quand même soulagé de l'avoir appris maintenant. S'il avait laissé Jisung se débrouiller, que serait-il advenu de lui ? Il ne pouvait pas imaginer comment il aurait pu finir dans une grande ville comme Séoul. Ce n'était pas l'endroit le plus dangereux qui soit, mais un jeune homme aussi faible que lui, sans personne pour l'épauler, n'aurait pas fait long feu.

Il savait qu'il avait pris la bonne décision, même si avoir quelqu'un à son domicile ne lui plaisait guère. Il aimait sa tranquillité, et elle était actuellement menacée. Mais il s'en serait voulu s'il avait quand même décidé d'abandonner Jisung. Il ressemblait à un enfant errant, à un petit animal sauvage, et on n'abandonnait ni un enfant, ni un animal. Discrètement, Minho expira tout l'air de ses poumons. Ça n'allait pas être facile et à l'instant T, il ignorait comment allait se passer la suite des évènements. Peut-être serait-il obligé de voir une assistante sociale afin de trouver une solution sur le long terme. Il ne pouvait pas non plus se permettre de garder Jisung chez lui indéfiniment. Là, c'était du provisoire, en attendant un arrangement qui leur conviendrait à tous les deux.

Oui, il allait avoir beaucoup de difficulté à partager son appartement, mais ce n'était qu'une question de temps. Et puis, il avait un peu l'impression que c'était le destin qui avait mis Jisung en travers de son chemin. S'il ne s'était pas rendu dans la villa de ses grands-parents, il ne l'aurait jamais rencontré, il n'aurait jamais eu connaissance de son existence. La vie était pleine de surprises, mais peut-être pas si hasardeuse finalement. 

— Voilà, on est arrivés, annonça Minho après avoir passé une barrière automatique. 

Jisung releva la tête pour découvrir une résidence composée de plusieurs grands immeubles. Ils étaient tous de la même forme, de la même hauteur, et de la même couleur. Minho arrêta son véhicule sur le parking et coupa le moteur. Le blondinet lui lança un regard entre le désespoir et le soulagement. Minho pouvait aussi apercevoir à quel point il semblait désolé et honteux, alors il lui adressa un sourire qui se voulait réconfortant. Il ne voulait pas qu'il se sente embarrassé. 

— On descend ? 

Jisung hocha la tête et ils quittèrent la voiture. Dans le coffre, Minho récupéra sa valise, puis tendit au blondinet le sac de sport contenant les vêtements neufs qu'il lui avait achetés. Il passa la bandoulière en travers de son corps et saisit le carton avec les souvenirs que Minho avait emporté de la villa. Ce dernier lui intima de le suivre. Il déverrouilla la porte du hall d'entrée et ils se dirigèrent vers les ascenseurs. Ils en empruntèrent un qui les mena jusqu'au dixième étage. Minho louait cet appartement depuis quatre ans désormais, il s'était installé là quand il avait enfin obtenu un poste fixe dans le lycée où il travaillait. Il aimait l'endroit calme et un peu hors de la ville ; ses voisins étaient sympathiques et peu bruyants, ça lui changeait du studio qu'il avait auparavant non loin de Hongdae quand il faisait ses études. Ici, il avait sa tranquillité. Véritablement. 

I NEVER EXISTED ➹ minsung Où les histoires vivent. Découvrez maintenant