Chapitre IV

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Asmaelle se réveilla comme si elle avait dormi trois jours

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Asmaelle se réveilla comme si elle avait dormi trois jours. Elle se sentit étrangement revitalisée. C'est en ouvrant les yeux qu'elle se rappela du lieu où elle avait passé la nuit. Elle s'était sentie tellement enragée et humiliée face à ce que lui avait fait subir le capitaine qu'elle avait préféré ne pas se présenter au dîner hier soir. Asmaelle ne voulait pas qu'on la voit, la robe tâchée de sang et la cicatrice sur l'épaule. Maescia aurait posé des questions et elle n'aurait pas eu la force de trouver des excuses.

Elle s'était alors réfugiée dans l'inventaire de l'infirmerie. Son épaule la tordait de douleur. Durant des heures, elle se refusait d'ingurgiter une nouvelle fois les algues. Ses gémissements devenaient de plus en plus bruyants mais elle ne devait pas se faire entendre. Asmaelle avait alors cédé et mangé un bout d'algue provenant de la boîte en bois. Le soulagement fut immédiat et elle s'était endormie quelques minutes après.

Son premier réflexe en se réveillant fut de vérifier l'état de sa blessure. La confusion la gagna en quelques secondes. Sa plaie cautérisée avait visiblement disparu. Elle appuya dessus mais aucune douleur ne surgit. C'était comme si la luciole géante ne l'avait jamais mordue. Pourtant, sur sa robe se trouvait toujours son sang séché de la veille.

— Comment est-ce possible ?

Il fallait absolument qu'elle retrouve ce capitaine de misère. Néanmoins, avant cela, elle avait une chose à faire. Se trouvant à l'infirmerie, elle se devait d'aller voir Sakeil. Sa jambe mettait du temps à guérir et sa plaie saignait toujours. La vie de Sakeil était en danger à chaque instant. Plus le temps passait et moins les chances de se réveiller étaient possibles.

Asmaelle sortit de l'inventaire en douceur. Il n'y avait personne dans les alentours. Il semblait être encore tôt le matin et lorsqu'elle arriva dans la salle principale, tout le monde dormait, y compris Sakeil. Elle s'agenouilla à ses côtés, lui caressa les cheveux puis lui prit la main. Asmaelle ne saurait dire combien de temps il lui a fallu avant qu'une idée, peut-être interdite, lui vint en tête. Ce fut la sensation de la boîte en bois contre sa peau qui la fit réagir. Il lui restait des algues. Si elles pouvaient avoir le même effet sur Sakeil qu'elles avaient eu sur elle-même, alors Asmaelle avait l'occasion de sauver l'enfant.

Avant qu'elle ne puisse s'emparer de la boîte enfouie au fond de la poche de sa robe, le son de la corne la contraignit à partir. Elle devait retourner à ses obligations et celles-ci concernaient son nouveau rôle de guide pour le capitaine Kay. Asmaelle se souvenait encore très bien du poing qu'elle avait reçu si violemment dans la joue. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait dû lui faire si mal pour finalement la soulager à ce point. Il avait été déterminé à l'aider, mais il l'avait été autant pour s'assurer qu'elle se taise à propos des algues.

Asmaelle s'empara d'une robe propre de soigneur avant de s'en aller. Cette robe était d'une blancheur aveuglante et le tissu avait des propriétés absorbantes suffisantes pour affronter des éclats de sang. Elle laissa sa robe de la veille avec le linge sale puis partit rejoindre le capitaine. Son ventre grondait mais elle ignorait la faim qui la rongeait.

La Vengeance Des DéchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant