Chapitre II (partie 2)

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- Attendez-moi ! s'exclama-t-il en se pressant. Je ne suis pas quelqu'un qui court après les autres normalement.
Asmaelle s'arrêta et se retourna vers le capitaine en soupirant discrètement. La troupe de guerriers allait bientôt disparaître de sa vue quand Kay arrivait à sa hauteur.

- Ce n'était pas très poli ce que vous venez de me faire, Asmaelle.

- C'est vous qui êtes trop lent. Si on veut avoir le temps de faire le tour de l'île, il va falloir être plus rapide que ça, d'autant plus que...

- D'accord, j'ai saisi, l'interrompit-il. Marcher vite, efficacité, optimisation du temps. Je connais. En revanche, connaissez-vous le terme "chaleureux" ? Non ? Tout prend son sens alors.

Ils reprirent leur marche silencieusement. Kay avait sorti un carnet et notait ses observations. Chaque bâtiment délabré, chaque chemin encombré, chaque palmier déraciné, presque tout était inscrit à l'encre. Parfois, il devait s'arrêter. Ecrire en marchant n'avait rien d'évident mais Asmaelle ne l'attendait pas pour autant. 

Pour le capitaine, cette île était fascinante. C'était la première fois qu'il voyait une telle flore. Certaines plantes possédaient des feuilles deux fois plus grandes que lui. De très longues lianes accrochées aux arbres pendaient jusqu'au sol. Il y avait des dizaines de fleurs aux couleurs différentes. La nature explosait au visage et le capitaine n'osait imaginer à quoi la forêt ressemblait avant la tempête. En revanche, ils ne croisèrent que très peu d'animaux sur leur chemin. Ils avaient dû fuir ou se cacher. Ainsi, seul le bruit de leurs pas se faisait entendre.

Chez lui, rien ne ressemblait à ce qui se trouvait sur cette île. La chaleur et l'humidité étaient sans doute ce qu'il y avait de plus dépaysant. Cela n'avait rien à voir avec l'air glacial et sec, la neige crissant sous ses pieds et les montagnes à perte de vue. La sueur avait commencé à humidifier sa peau dès leur entrée dans ce royaume. Le changement de température avait été radical. C'était comme s'ils étaient entrés à l'intérieur d'une cloche invisible aux bords bien délimités.

- Je vais faire un tour rapidement à l'infirmerie, capitaine, l'informa Asmaelle alors qu'ils venaient d'atterrir face à une grande bâtisse en bois qui n'avait plus de toit. Je reviens très vite.

- Ce n'est pas ce qui était prévu.

- Je serai brève, ne vous inquiétez pas.

- Je viens avec vous dans ce cas.

- Je ne préfère pas.

- Peu m'importe. Vous voulez aller à l'infirmerie alors que ce n'est pas ce qui était convenu. Très bien, mais je vous accompagne.

Asmaelle resta statique un instant face au corps élancé du capitaine. Il avait l'air de vouloir la défier ou jouer avec sa patience.

- Vous n'avez pas le choix. Sinon, j'en dirai un mot à vos cheffes.

- On appelle ça du chantage ici et ce sont les enfants qui font ça.

En guise de réponse, Kay lui offrit ses deux rangées de dents.

- D'accord, soupira-t-elle. Venez avec moi, mais si vous pouviez garder un peu de bienséance, ce serait apprécié. Il y a des gens en souffrance.

- Ce n'était pas mon intention de jouer l'insensible.

Kay avait cessé de sourire. Ils entrèrent tous les deux à l'intérieur. De très grandes feuilles de palmier recouvraient la charpente servant de toit temporaire, maintenant que l'ancien s'était envolé quelques centaines de pas plus loin. Même si les feuilles étaient étanches, elles ne l'étaient pas autant qu'un véritable toit en tuiles. Il fallait espérer qu'aucune pluie ou vent ne se lève avant la reconstruction complète.

La Vengeance Des DéchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant