Asmaelle a toujours vécu paisiblement sur l'Île aux Algues, jusqu'au jour où une mystérieuse et violente tempête vint frapper l'île toute entière. Il aura suffit que la nature et un elfe au caractère bien trempé au nom de Kay s'en mêlent pour change...
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Asmaelle plaçait la dernière fleur dans les cheveux tressés de Sakeil. Les yeux clos, le visage pâle, Asmaelle scrutait le moindre signe de respiration. Réaliser que Sakeil était bel et bien morte lui était encore inconcevable. Cela faisait déjà une journée entière que son corps attendait sa crémation. Selon les traditions de l'Île aux Algues, le mort doit se transformer en poussière à l'arrivée du crépuscule.
Lorsque Sakeil était décédée, le netsu avait quitté l'horizon depuis longtemps. Ils devaient dû patienter jusqu'au soir d'après pour la cérémonie. L'attente avait été longue et Asmaelle avait été incapable de la quitter. Elle n'avait pas rejoint le capitaine pour la dernière journée d'excursion sur l'île. Elle ne savait même pas s'il avait été prévenu. Il n'avait pas cherché à la voir de la journée et Asmaelle se sentit stupide d'avoir pensé qu'il serait venu.
Les Donas avaient décidé que Sakeil porterait une robe verte, en l'honneur de la saison à laquelle son corps s'était éteint. Lors des naissances et des obsèques, les saisons ont une place importante dans les rituels maotissiens. Elles rythment les vies et les récoltes. Elles ont un impact tel qu'elles sont responsables de la couleur des yeux des nouveau-nés. Sakeil avait les yeux gris presque translucides, signifiant qu'elle était née à la fin de la saison blanche.
— Cette enfant était si jeune, soupira une Dona alors qu'elle terminait de lui nettoyer les pieds d'une eau infusée à des plantes parfumées.
Asmaelle accompagnais les Donas. Elles préparaient le corps de Sakeil pour le rite sacré. Elles s'étaient isolées de la plage pour se plonger dans la forêt, loin des regards curieux, surtout ceux des sigreliens. Ils n'étaient d'ailleurs pas invité à participer à la crémation de Sakeil. Les événements étaient bien trop intimes et particuliers pour que les Donas acceptent de les partager avec un peuple étranger.
L'enfant était allongée sur une civière en bois. Après que son corps ait été lavé et parfumé à des huiles florales, plusieurs dizaines de fleurs plus colorées les unes que les autres ont été déposées autour de son corps. Entre ses mains, posées sur son ventre, se trouvait une feuille d'algue d'argent et une sculpture en bois jaune représentant le netsu. Lorsque le corps fut prêt, chacune des Donas portèrent un coin de la civière sur leur épaule tandis qu'Asmaelle les suivait, un bouquet de fleur dans les mains. Plus aucune larme ne coulait sur ses joues, elles étaient toutes épuisées.
Lorsqu'elles arrivèrent sur la plage, une très longue allée formée par les habitants de l'île les attendait. Tous portaient des tuniques et robes de couleur, certains avaient une couronne de fleur, d'autres possédaient une bouquet comme celui d'Asmaelle. Sur tout le long de l'allée, jonchaient des fleurs indiquant le chemin jusqu'au bûcher qui attendait d'être allumé. Au moment où les Donas entrèrent dans l'allée avec la civière, un chant s'éleva dans les airs. Ce chant permettait de guider l'âme du défunt jusque dans les bras d'Ophara. Les voix entremêlées résonnaient dans les oreilles d'Asmaelle et sa poitrine se serra davantage. Elle aussi chantait mais n'entendait plus sa voix tant elle se confondait avec celle des autres.
