Chapitre III (partie 2)

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La journée touchait à sa fin et la plus de la moitié de l'île avait été inspectée. Pour Kay, cela devenait interminable. Il avait l'impression de tourner en rond et d'observer sans arrêt la même chose. Il avait tellement chaud qu'il avait la sensation de bientôt se transformer sous format liquide. En ce qui concernait Asmaelle, elle paraissait aussi fraîche et à l'aise que ce matin. Après tout, elle avait l'avantage d'avoir une robe aussi légère que le vent sur le dos. Néanmoins, le capitaine n'arrivait toujours pas à comprendre comment elle pouvait marcher pieds nus et ne pas s'en plaindre. Asmaelle était peut-être du genre silencieuse mais elle possédait des capacités physiques impressionnantes.

— J'ai de quoi commencer les traçages des périmètres sur la carte, déclara le capitaine, satisfait de voir que, finalement, le travail progressait. Sans vous Asmaelle, je n'aurai pas avancé aussi rapidement.

Cette dernière poursuivait la marche en silence, pour ne pas changer. Le capitaine aurait été las de ce continuel mutisme s'il ne s'était pas habitué, et si le retour des oiseaux ainsi que de leurs chants ne le comblaient pas.

— Je vois que vous avez les yeux bleus tout comme moi, remarqua-t-il alors qu'ils enjambaient un immense tronc.

Ils se trouvaient l'un en face de l'autre, assis sur l'arbre, les jmabes de chaque côté. Ils s'étaient arrêtés là et Asmaelle semblait prendre enfin le temps de vraiment regarder le capitaine.

— Je n'avais pas fait attention à ce détail, avoua-t-elle. Vous aussi vous êtes né durant la saison bleue.

— Comme tous ceux qui ont les yeux de cette couleur.

Il lui offrit un léger sourire avant de descendre du tronc et de reprendre la marche jusqu'à la plage. Asmaelle était restée en retrait le reste du temps.

Avant que la nuit ne tombe pour de bon, il était temps pour Asmaelle de se laver. Elle venait d'apprendre que la commandante Sarya avait invité les Donas et six des habitants de l'île à venir dîner en sa compagnie et celle de la troupe. Il était évident que Maescia pensait à Asmaelle. Cette dernière s'était rendue aux sources d'eau chaude souterraines, accompagnée d'autres elfes. C'était une chance que la tempête ne les avait pas détruites. Posséder ces bains naturels était une chance et contribuait à la richesse de l'île. 

Pour y accéder, il fallait entrer dans la forêt et s'engouffrer dans une grotte dont l'entrée était cachée par un rideau de lianes fleuries. Afin de s'éclairer à l'intérieur, ils avaient réussi à capturer quelques lucioles géantes. Cela leur avait demandé plus de mal que d'habitude pour en trouver. La tempête avait dû les faire fuir. Heureusement, elles n'avaient pas tardé à revenir les unes après les autres. Enfermées dans des bocaux en verre, ces lucioles géantes étaient une excellente source de lumière.

— Le meilleur moment de la journée, soupira Asmaelle alors qu'elle retirait sa robe.

Nue, elle transperça la surface de l'eau de ses pieds. La chaleur la réconforta immédiatement et elle ne tarda pas à plonger son corps entier. La grotte était immense et chaque son se propageait en écho. Ici, chuchoter était inutile, tout le monde pouvait entendre. Parfois, il arrivait que des elfes profitaient des joies du plaisir charnel au sein même de la grotte. Néanmoins, personne n'avait la tête à cela en ce moment et encore moins Asmaelle. Elle voulait simplement détendre les muscles de ses jambes qui la tiraient encore. La journée avait été longue. Contrôler ses émotions auprès de ce capitaine avait aussi contribué à son épuisement. 

Malheureusement, elle ne pouvait pas s'éterniser dans les eaux chaudes, le dîner allait bientôt être servi et Maescia n'acceptera pas de retard. Elle se nettoya alors rapidement le corps à l'aide d'un linge propre et s'extirpa de son bain à contre-cœur. Une nouvelle robe l'attendait à côté de son autre sali par la terre sèche. Celle-ci était plus appropriée pour un dîner avec des étrangers. Le tissu était plus épais, les broderies plus nombreuses et d'une grande qualité. Il était rare qu'elle doive mettre ce genre de vêtements. C'était à se demander si elle l'avait déjà fait auparavant.

La Vengeance Des DéchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant