L'Institut était vide. Tous les élèves étaient partis. Ceux qui avaient réussi leur formation avaient rejoint les rangs de l'armée sigrelienne tandis que les autres étaient retournés chez eux, le corps asséché de toute magie. Kay appréciait grandement ce silence. D'autant plus que la neige prenait de l'épaisseur sur le sol. C'était encore tôt pour la saison, mais il n'allait pas s'en plaindre. La neige avait le pouvoir d'atténuer les sons de la nature et il voulait en profiter dès qu'il en avait l'occasion. Il voulait également se délecter des quelques jours de repos qui lui étaient donnés avant d'entamer les prochaines sélections. Peu de tâches lui étaient accordées, mis à part un peu de rangement et l'entretien des armes. La totalité des tâches étaient distribuées entre chaque instructeur. Il s'était débrouillé pour avoir les moins assommantes.
Ce matin, Kay avait envie de faire une promenade à dos de trïval. Il avait terminé ses corvées. Les lames des épées étaient huilées, il avait remplacé des manches usées des marteaux, rangé une grande partie des dagues dans leur fourreau, aiguisé les griffes et vérifié l'état des cordes des arcs.
Il s'était rendu à l'écurie de l'Institut qui était presque aussi majestueuse que celle au palais des Gouverneurs. Cette écurie pouvait accueillir une cinquantaine de trïvals qui étaient réservés pour les élèves ainsi que les instructeurs. Les Initiés avaient chacun leur trïval assigné.
Dans l'armée sigrelienne, les trïvals avaient tous le pelage marron. Les trïvals au pelage noir étaient réservés au palais. En ce qui concernait les civils, seuls les trïvals au pelage blanc leur était accordés. Lorsque les trïvals se salissent, la saleté se voit nettement moins sur un trïval noir. A Sigrelia, le noir était signe de richesse, de noblesse et d'élégance. Voici pourquoi seuls les plus hauts placés du royaume avaient le droit de les monter.
Kay se dirigea vers la stalle de son trïval préféré. C'était une femelle. Elle était incroyablement douce et intelligente. Les trois têtes sans exception aimaient beaucoup les caresses et Kay s'en donnait à coeur joie à chaque fois qu'il les rencontrait. Cette trïval n'était peut-être pas la plus rapide de l'écurie mais elle et Kay se comprenaient parfaitement bien.
A l'intérieur de l'écurie travaillaient deux instructeurs et un Initié, celui qui maîtrisait l'eau. Parmi les instructeurs, il y avait Ninn. Elle était sans aucun doute la plus passionnée des trïvals de tout l'Institut.
— Bonjour, Ninn, la salua-t-il en s'approchant d'elle.
Ninn venait de terminer de ferrer un trïval et ferma la porte en bois derrière elle. La transpiration lui coulait sur le front et parfois s'écoulait jusqu'aux cils de ses yeux bridés. En dépit du froid des hautes montagnes, le travail aux écuries était suffisamment soutenu pour donner réchauffer ceux qui y travaillaient.
— Comment tu vas, Kay ? lui demanda-t-elle en s'essuyant les mains sur son pantalon. On ne s'est pas vu au petit-déjeuner.
Ninn avait ses cheveux coiffés en une longue tresse qui tombait jusqu'en bas de son dos. C'était la coiffure qu'elle faisait tous les jours. Kay l'avait très rarement vue les cheveux totalement détachés. Cela devait se compter sur les doigts d'une main.
— Je me suis levé tôt pour avoir le temps de me promener aujourd'hui, lui expliqua-t-il.
— Tu veux monter Calista ?
Kay secua la tête de haut en bas, déjà excité de partir au galop avec elle.
À l'Institut, chaque trïval ne portait qu'un seul nom. En effet, ils étaient trop nombreux pour donner un nom à chaque tête.
— Calista n'est pas encore prête. J'ai une ribambelle de sabots à ferrer avant de m'occuper d'elle.
— Tu veux que je m'en charge ?
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La Vengeance Des Déchus
FantasyAsmaelle a toujours vécu paisiblement sur l'Île aux Algues, jusqu'au jour où une mystérieuse et violente tempête vint frapper l'île toute entière. Il aura suffit que la nature et un elfe au caractère bien trempé au nom de Kay s'en mêlent pour change...