Asmaelle se réveilla au même endroit où elle s'était endormie la veille, sauf que Kay n'était plus là. Les rayons du netsu traversaient le petit hublot qui était grand ouvert. Son verre vide était toujours au pied du lit et l'air marin avait rendu sa peau humide et collante. En revanche, il y avait une chose notable et que jamais elle n'avait connu auparavant : le froid. Elle avait mis du temps avant de se rendre compte de cette nouvelle sensation, et ce n'était pas sa pauvre tunique qui allait faire face à ses frissons. Elle s'enveloppa alors d'une couverture et jeta un œil au-travers du hublot avant de le refermer.
Subitement, comme une vague qui s'agrandissait, l'anxiété s'installa en elle. Asmaelle prenait conscience de la situation dans laquelle elle se trouvait. Ce qui l'attendait était rempli d'incertitudes et plus aucun retour en arrière n'était possible. L'île était très loin derrière et elle avait l'intention d'y retourner pour rien au monde.
Rien dans sa vie n'avait été aussi incertain et dangereux. Asmaelle n'avait que Kay comme repère. Si elle le perdait pour on ne sait quelle raison, elle avait peu de chances de s'en sortir seule. Elle n'avait aucune idée de ce que lui réservait le monde extérieur. Même si elle avait reçu des apprentissages sur les quatre royaumes d'Ophara, il y avait peu de chances que cela suffise. Ce que leur avaient enseigné les Donas devait sûrement être faux ou du moins très incomplet. Ajouté à cela, Asmaelle ne connaissait que ses propres coutumes. Elle se demandait même si elle était capable de saluer correctement un sigrelien.
Il s'était passé plusieurs tours de sablier avant que le capitaine ne retourne dans sa cabine. Il avait dans sa poche un bout de pain de la veille, dans une tasse se trouvaient des haricots rouges et dans une autre, de l'eau fraîche. Il avait retrouvé Asmaelle plongée dans la lecture de documents. Elle était assise sur le lit, une couverture enroulée autour de son corps.
— Bonjour, lui a-t-elle lancé sans même lever les yeux.
— Vous ne devriez pas lire ça, lui conseilla-t-il tout en déposant la nourriture sur une table.
— J'ai déjà lu plus de la moitié... Je commence enfin à saisir à quel point vous nous considérez comme de la marchandise. Enfin, non, c'est plutôt l'argy la marchandise. Nous, nous ne sommes que vos pantins.
Asmaelle leva enfin les yeux qui se posèrent immédiatement sur le pain et les tasses. Elle se leva pour se nourrir quand elle croisa les yeux du capitaine. Il redressa ses sourcils, l'air affligé.
— J'aimerai avoir du pouvoir sur tout ça, mais c'est bien au-dessus de mes capacités. Je ne peux pas arrêter ce système. Enfin, pour l'instant...
Kay se retourna et s'arrêta face à un pot de chambre.
— Chavais oublié vos ambichions d'être haut plaché, lui répondit-elle, la bouche pleine et de nouveau le nez dans les documents. Che me demande d'où cha vient d'ailleurs.
— On a tous notre histoire.
Ce fut sa réponse et Asmaelle n'insista pas. Une fois qu'il avait fini d'uriner, il se dirigea vers la malle à vêtements de Sarya. Il prit quelques habits qu'il tendit à Asmaelle.
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La Vengeance Des Déchus
FantasyAsmaelle a toujours vécu paisiblement sur l'Île aux Algues, jusqu'au jour où une mystérieuse et violente tempête vint frapper l'île toute entière. Il aura suffit que la nature et un elfe au caractère bien trempé au nom de Kay s'en mêlent pour change...