Chapitre VII

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- Alors, si j'ai bien retenu, on commence à grimper juste ici

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- Alors, si j'ai bien retenu, on commence à grimper juste ici. On monte jusqu'à atteindre l'énorme entaille, en évitant absolument de s'accrocher aux racines de l'arbre mort. Ensuite, on se déplace vers la gauche pour prendre la partie moins verticale de la falaise.

Ils étaient tous les deux face à l'immense falaise qui les retenait sur la plage depuis un très long moment. Asmaelle répétait pour la cinquième fois le chemin que lui avait appris le capitaine. Kay avait consciencieusement étudié la falaise, les endroits les plus sûrs à grimper et les endroits qu'il fallait éviter. Il semblait réellement investi pour qu'ils en ressortent tous les deux vivants.

- Tout en priant pour que tes muscles ne lâchent pas en cours de route. C'est bien, tu as tout retenu.

- Je suis capable d'escalader cette falaise. Je monte dans les arbres depuis que je suis toute petite.

- Ce n'est pas pareil, c'est bien plus haut qu'un arbre. Et puis malheureusement, je ne suis pas du tout un elfe du vent ou de la terre. La seule chose que je peux faire c'est détruire. Je ne pourrai donc rien créer qui empêcherait ou ralentirait une chute.

Asmaelle se tourna vers le ciel, observant le netsu qui n'allait pas tarder à effleurer l'horizon. La nuit allait tomber dans moins d'un tour de sablier. L'escalade ne se fera donc pas aujourd'hui. Le ciel ne prédisait pas de pluie pour cette nuit, ce qui signifiait qu'ils n'avaient pas besoin de construire un abri. Ils dormiront à la belle étoile sur le sable qui se rafraîchissait déjà.

- Sarya allait me tuer, n'est-ce pas ? l'interrogea soudainement Asmaelle.

Kay fut un instant troublé par cette question inattendue.

- Elle a usé de sa magie devant moi alors que vous avez interdiction de le faire. Elle ne l'aurai jamais fait si elle n'avait pas l'intention de me tuer ensuite.

- Je crois que oui, avoua le capitaine, elle voulait vous tuer.

- Merci pour cette réponse honnête.

Cela était une preuve de plus que son existence ne valait rien aux yeux des autres et surtout, qu'elle pouvait ne tenir qu'à un fil.

Kay et Asmaelle nettoyaient les deux petits poissons qu'ils avaient pêchés plus tôt dans la journée. Les portions allaient être maigres mais c'était tout ce qu'ils pouvaient se mettre sous la dent. Le capitaine avait déjà allumé le feu avec les branches qu'avait récupérées Asmaelle un peu partout sur la plage. Avec tout ce qu'il avait vécu lors de cette journée, faire appel à sa magie lui avait demandé un peu plus de concentration que d'habitude.

°°°

La nuit était tombée lorsque les poissons rôtissaient sur le feu. Kay et Asmaelle n'échangeaient pas un mot, laissant le crépitement du feu combler les gargouillements de leurs ventres vides. Chacun d'eux était plongé dans ses pensées, oubliant presque où ils se trouvaient. Asmaelle était hantée par l'image du corps sans vie de Sakeil et Kay ne pouvait échapper à la vision du bras déchiqueté de Sarya. L'épuisement était palpable pour ces deux elfes et ils ne pouvaient dire si c'était leur esprit ou leur corps qui l'était le plus.

Tout à coup, une lumière orangée jailli dans le ciel noir, au milieu des milliers d'étoiles. Elle provenait de l'autre côté de l'île, derrière les falaises. Cette lumière s'effaça doucement, puis une deuxième apparut à nouveau. Les deux elfes se redressèrent rapidement.

- Ce sont les guerriers ! s'exclama Kay avec de l'espoir dans la voix. Ils envoient un signe. Il faut leur répondre !

Sans attendre, le capitaine plaça ses mains les unes en face des autres pour construire une boule de feu de plus en plus grosse et puissante. Une fois que celle-ci faisait la taille de quatre noix de coco et qu'elle suffisait à éclairer la quasi moitié de la plage, il lança ses mains vers le ciel pour la projeter le plus loin possible. Asmaelle avait remarqué que leur feu de camp avait perdu en vivacité. Kay avait dû y puiser l'énergie afin de créer une boule flamboyante.

Alors que ce dernier s'apprêtait à en reproduire une autre, Asmaelle le stoppa.

- Si vous en refaites une, on risque de perdre notre feu définitivement, expliqua-t-elle. Trouvez un autre moyen de leur montrer notre position.

Le capitaine referma ses mains, abandonnant son oeuvre.

- La foudre, dit-elle comme une évidence. Faites apparaître un éclair dans le ciel. Ils sauront que c'est vous. Un elfe du feu et de la foudre perdu sur les îles de Maotis, il ne doit pas y en avoir beaucoup.

Sur les lèvres de Kay semblait se dessiner un léger sourire puis il disparut aussitôt.

- Je n'ai presque pas de source d'énergie électrique sur l'île...

Il regarda autour de lui, dans la pénombre. Puis ses yeux s'arrêtèrent sur la Asmaelle

- Vous. Vous allez être ma source électrique, Asmaelle. Chaque elfe en détient en lui. C'est ce qui fait fonctionner notre corps et ce qui nous connecte à Ophara.

- Vous allez puiser ce qui me tient en vie ? Vous ne pouvez pas le faire avec votre propre électricité.

- Actuellement, la mienne est trop faible à elle seule. C'est sans danger, ne craignez rien. En nous tenant la main, et en gardant un lien physique avec le sol et donc Ophara, nos énergies ne feront qu'aller et venir, nous traverser.

- Si je vous tiens la main, vous pouvez m'assurer de produire un éclair suffisamment puissant pour nous sortir d'ici ?

- Même Sigrelia pourra l'apercevoir, déclara Kay en lui offrant son fameux sourire, celui qu'Asmaelle n'avait pas vu depuis longtemps.

- Vous mentez, prononça l'elfe tout en lui tendant la main.

- Ne jamais sous-estimer un sigrelien, la conseilla-t-il en prenant sa main fermement, et dirigea son autre vers le ciel.

Il semblait une nouvelle fois entrer dans une grande concentration et Asmaelle sentit en elle une chose tout à fait nouvelle. C'était une sensation qui la traversait de la tête au pied. Elle pouvait presque lui donner une couleur violette. Cette sensation était chaude et piquante. Comme la foudre. Alors que cette dernière expérimentait ces nouvelles sensations, l'avant bras et la main de Kay étaient recouverts d'éclats électriques.

En une demie seconde, un éclair surgit de sa main pour venir frapper le ciel. Kay paraissait ne faire qu'un avec lui. Jamais Asmaelle n'avait vu de la foudre aussi violente et bruyante. On pourrait croire qu'Ophara battait le fer. A ce moment, un sentiment brutal d'extase et de complaisance la submergeait. Rien n'était comparable. Même le plus luxuriant des festins ou la jouissance sexuelle ne s'en approchaient pas. Elle venait de goûter à quelque chose qu'elle ne pouvait oublier et dont elle ne voulait pas que cela cesse. Kay lui lâcha subitement la main, et ce fut le vide en elle. De manière violente. Tout avait disparu. Elle était redevenue elle-même, avec un arrière goût fade. 

Très peu de temps après, ils reçurent une réponse à leurs signes. Une autre lumière surgit dans le ciel.

- Ils arrivent, déclara Kay, soulagé. Ils vont nous sortir de là.

Les deux elfes échangèrent un sourire franc, chose qu'ils avaient perdu depuis leur arrivée sur cette crique.

- Bon, il ne nous reste plus beaucoup de temps avant qu'ils ne soient là. Voici l'histoire que tu dois raconter aux autres.

La Vengeance Des DéchusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant