Chapitre 1

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Deux mois avant, chez moi, Frouzins, sud de la France.

J'étais dans ma chambre en train de finaliser ma valise, en effet cela faisait déjà un mois que je réfléchissais. Je mettais des vêtements de côté afin de ne pas tout faire au dernier moment.

Ma mère tenait absolument à m'aider et je n'y voyais aucun inconvénient. Mais comme à son habitude, elle a décidé de rajouter des vêtements à ma place et de remettre en question mon choix de tel ou tel vêtement. Elle était perfectionniste et se faisait beaucoup de soucis pour moi. Elle avait peur que je n'arrive pas à me débrouiller toute seule.

– T'inquiètes pas maman ça va bien se passer et puis je serais pas toute seule il y aura Manon avec moi, lui ai-je fait remarquer.

– Mais tu pars quand même à plus de 6000 kilomètres, a-t-elle constaté.

– Certes, mais encore une fois, je ne serais pas toute seule. Et puis ça va à Montréal ils parlent français.

– Il y aura pas que des Français à l'université, m'a-t-elle rappelé.

– Oui je sais, ça va ? C'est bon t'as fini ? Tu crois que je vais pouvoirs faire ma valise tranquille ou tu comptes me faire la morale encore longtemps ? Ai-je demandé un peu agacée.

– Non je m'en vais, n'oublie pas de prendre des vêtements chauds pour l'hiver il fait froid là-bas.

Je venais de la vexer, elle réagissait toujours de cette façon-là, si bien que je n'y faisais plus attention.

– Je sais... tu me l'as dit au moins cinquante fois.

Elle est sortie de ma chambre et j'ai pu finir ma valise presque sans être dérangée. Enfin c'était sans compter sur mon chat qui a pris ma valise pour son lit. Mais bon, je n'étais plus à ça près.

– Non Grisou s'il te plaît va te coucher ailleurs, j'ai besoin de ma valise là.

Mais rien à faire. Il m'a simplement répondu par un miaulement qui avait pour signification « laisse-moi tranquille ». J'ai alors continué de faire des piles de vêtements que je posais ensuite sur mon lit.

*

Une fois ma valise finie je me suis assise par terre, me rendant compte qu'il ne me restait que quelques jours à passer ici. Bientôt, je ne me lèverai plus dans cette chambre. Bientôt, je me lèverai dans la petite chambre d'un petit appartement.

Depuis notre installation à Frouzins, ma chambre avait subi de nombreux changements. À notre arrivée elle était entièrement rose, j'avais un adorable petit fauteuil style princesse qui bien-sur était rose. En en ayant ras le rose au fur et à mesure que je grandissais, j'ai demandé à ma mère vers l'âge de dix ans si nous pouvions la repeindre en violet, et changer les meubles. Ainsi, le soir je pouvais m'endormir dans mon lit deux place, contempler mon grand bureau allongé sur tout un côté de ma chambre, rêver de mes adorables stickers sur les portes de ma penderie.

Mais plus récemment j'avais changé la disposition des meubles et supprimer le grand bureau afin de gagner un peu plus de place. J'avais alors décidé de placer mon lit dans un angle de ma chambre. Au bout de mon lit, j'avais placé deux petites bibliothèques dans lesquelles je rangeais mes livres et sur lesquelles étaient posés quelques objets de décoration. À côté de mon lit il y avait une petite table de chevet blanche et juste à côté une commode où je rangeais mes affaires pour dessiner. Désirant rendre la pièce plus agréable, j'avais rajouté des guirlandes lumineuses à la fois le mur et sur les bibliothèques. Une flopée de cadres décorait les murs ainsi tandis que ma collection de boule à neige embellissait mes étagères. Le fauteuil rose lui était toujours à la même place ; je refusais de m'en séparer malgré le fait qu'il soit maintenant trop petit pour que je puisse m'y asseoir.

*

Un bruit de verre cassé venant de la cuisine m'a brutalement sorti de mes pensées. Nous avions organisé une fête avec la famille et les amis proches, avec bien sûr Manon. Cette fête devait se dérouler chez mes grands-parents paternels, puisqu'ils avaient un très grand jardin. C'est quand même assez pratique un grand jardin lorsqu'on est aussi nombreux à venir faire la fête.

Mon père, mon frère et quelques amis étaient déjà chez mes grands-parents pour décorer le jardin. Mes grands-parents avaient accepté généreusement de nous laisser utiliser leur jardin. Ma grand-mère adorait recevoir du monde, elle était très généreuse. Après avoir pris sa retraite, elle avait ouvert des chambres d'hôtes dans sa grande maison.

Ma mère, quelques amis et moi nous nous occupions de préparer à manger, enfin plus exactement à sortir les petits fours du frigo et à mettre au four les surgelés. Très bonne cuisinière, ma mère aimait faire la cuisine, mais nous étions tellement nombreux qu'il lui était impossible de s'occuper du menu de A à Z. C'est pourquoi elle s'est rabattue sur les petits feuilletés au fromage et au jambon. Après les avoir fait cuire, nous les avons emballés dans du papier d'aluminium, afin de les transporter plus facilement, puis nous les avons mis dans le coffre des trois voitures.

Il me restait juste assez de temps pour me préparer. Par chance, je savais déjà comment j'allais m'habiller : une très belle robe bustier rose saumon ceignait ma taille et des sandales noire à talons affinait ma silhouette. Je passais ensuite à la touche finale : maquillage et coiffure.

*

On avait convenu avec Manon de se rejoindre directement chez mes grands-parents. On avait fait en sorte d'inviter des amis en commun et bien-sûr sa famille proche était invitée. C'était un bon moyen de réunir tout le monde.

Ça faisait un mois qu'on préparait tout : la liste afin de savoir qui devait amener quoi, qui s'occuperait de décorer le jardin et qui devrait préparer à manger. On avait fait en sorte que absolument tout jusqu'au moindre petit détail soit parfait. Enfin... surtout moi. Il semblerait que je sois un peu trop perfectionniste. J'avais même fait plusieurs dessins du jardin avec les décorations, pour voir ce que cela pouvait rendre une fois décoré.

*

Après presque une heure et demie de route nous étions enfin arrivés chez mes grands-parents, j'avais tellement hâte de voir tout le monde. J'étais aussi un peu triste, car je savais que c'était la dernière fois que je les voyais avant un long moment.

À peine mon pied toucha le sol que ma grand-mère était déjà là pour m'accueillir. J'ai attrapé les petits fours et nous nous sommes mises à marcher vers la cuisine pour aller les poser.

***

Au Cœur du CanadaTome 1. Un Nouveau DépartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant