Chapitre 1

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Si vous voulez le lire en entier et connaitre la fin, il est désormais disponible en version papier, sous le titre "Harcelés", disponible notamment sur la Fnac.fr, ou d'autres sites marchands. 

http://livre.fnac.com/a9375172/Sylvain-Gane-Harceles

http://www.paulo-ramand-editions.fr/detail-livre.php?id=277&PHPSESSID=u9tdviadqgbr266iprsp0riq24








-  Bonsoir Jean, une baguette comme toujours?

A sa grande accoutumance, M.Monnier affiche son plus grand sourire lorsqu'il me voit entrer dans sa boulangerie. Depuis de nombreuses années, mon rituel quotidien étant de venir récupérer le pain à ma sortie de cours, son allégresse n'a pas changé d'un seul trait. Ses yeux, imprégnés de joie, me regardent d'une incommensurable tendresse.

-  Bonsoir, oui... Et je viens récupérer le gâteau que ma mère a commandé ce matin.

Attention, sortez les mouchoirs, je vais encore avoir droit à une séquence nostalgique de sa part...

-  Comment aurai-je pu oublier ça ?... Seize ans... Le temps passe si vite...Je te revois dans cette poussette dont ta maman avait du mal à rentrer à cause de la marche bien trop haute pour rentrer dans mon commerce...Cela fait des années que j'essaye de me convaincre d'arranger ça mais au final, comme beaucoup de choses, je ne trouve pas le temps de faire ce qui me tient à cœur.

Il marque une pause pour reprendre son souffle suite à cet éloge de mélancolie.

-  En tout cas je te souhaite un très bon anniversaire et tout le bonheur qui va avec mon petit Jean. 

Nos regards se croisent un instant et nous éclatons de rire. Il vient de se rendre compte que l'adjectif « petit » pour me qualifier n'est pas le plus approprié à la vue de mon mètre quatre-vingt douze et de mes nombreuses remarques attestant mon mal-être à se sujet là.

-  Nous nous sommes compris, c'est le principal... Merci bien, combien je vous dois ?

Il m'examine de ses yeux clairs, attristés à l'idée de me voir grandir sans qu'il ne puisse y changer quelque chose et s'empresse de répondre.

-  Rien du tout, c'est cadeau... Cela me fait plaisir de te l'offrir.

Un large sourire se dessine sur mon visage et lui fait comprendre que je suis touché par ce qu'il vient de faire. Je suis un peu gêné qu'il ne me demande aucune contrepartie mais je ne cherche pas à le blesser en insistant pour payer. Et puis je ne vais pas cracher sur quelques économies, soyons honnête!

-  C'est très gentil, merci beaucoup.

Il doit constater mon léger embarras lorsqu'il me tend la boite qu'il vient d'aller récupérer dans l'arrière boutique avec la baguette de pain mais se contente de sourire, généreusement.

-  Encore merci... Passez une bonne soirée.

-  Bonne soirée, et passe le bonsoir à tes parents.

Je lui fais un petit signe de la tête pour lui indiquer que je le ferai et je sors de sa boutique en prenant garde de ne pas tomber à cause de la marche.

Le froid jette son dévolu sur moi et m'enveloppe de tout mon être. En ce mois de février, les débuts de soirées restent très frais, me contraignant de presser ma marche pour ne pas arriver congelé chez moi. La nuit vient à l'instant de tomber mais je peux entrevoir, non sans satisfaction, la fin du couché de soleil qui surplombe le fond de la Rue Sainte Catherine. Les lampadaires s'allument un à un en parfaite synchronie au fil de mes pas tandis que la circulation se densifie, sous un vrombissement de moteur perçant et accordé.

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant