Harcelés

Chapitre 43

- Pourquoi tu as retiré l'argent des comptes?

Elle me propulse un profond regard noir avant de s'étouffer avec une feuille de salade. Une toux s'en suit, elle tente de l'estomper en buvant .Quand elle le repose, le verre cogne violemment sur la paillasse du plan de travail, voulant certainement signifier que ma question n'est pas appropriée.Elle la dérange.

- Je n'ai pas à me justifier Jean...C'est ma vie, et ça ne te regarde pas.

- Si ça me regarde! Alors je te repose la question autrement si tu n'as pas compris, qu'est-ce que tu comptes faire de cet argent?

Elle se lève de sa chaise pour aller chercher du sel dans le placard en dessus du lave vaisselle, ses gestes sont brusques et son visage semble s'être vidéde presque tout son sang.

- J'ai prêté de l'argent àquelqu'un, et je ne vois pas où est le mal dans cette histoire et ce que ton père a oublié de te dire, c'est qu'il s'agit de mon argent et de mon compte bancaire.

- Ah bon? Qui ça?

- Cette personne a de graves problèmes d'argent et cela ne te regarde pas.

- C'est qui? Ton amant?

Ses yeux s'écarquillent et son regard se ternit. Je remarque que sa mâchoire se resserre , elle parait si énervée qu'on dirait qu'elle va exploser d'une seconde à l'autre.

- Mais merde à la fin, c'est quoi ces histoires encore, je n'ai pas d'amant...C'est ton père qui t'a mis des idées comme celle ci dans la tête?

- Oui, et je le comprends. Pourquoi tu le trompes ? Tu ne l'aime plus?

Elle soupire abruptement et se redresse en remettant ses mèches de cheveux dérangeantes derrière ses oreilles.

- Mais enfin Jean, j'aime ton père, je suis bien avec lui et je n'ai aucune envie de le tromper et de gâcher notre histoire. Alors maintenant tu arrêtes de me parler sur ce ton et tu te tais.

- Il faut savoir, c'est toi qui voulais qu'on s'explique! Cet argent, tu l'as donné à qui si ce n'est pas à ton mec? A Mireille?

Ma voix s'élève, je ne me contrôle plus. J'essaye de la pousser à bout en vue de la faire craquer afin qu'elle finisse par me dire la vérité. Son sourire mesquin et son air satisfait me font comprendre qu'il lui en faut plus pour la perturber. Je ne la reconnais plus depuis quelques temps. Je n'ai pas l'impression d'avoir affaire à ma mère, mais une toute autre personne.

- Ecoute Jean, profite de tes vacances pour prendre l'air et faire quelque chose de ta vie, car tu commences vraiment à me taper sur le système.

- Whouah ! Quelle classe, on joue les rebelles maintenant?

Calmes toi! Je ne réfléchis plus et mes cordes vocales parlent àma place sans que je n'ai le temps de penser à quoi que ce soit.

- Et puis, ça doit coûter cher de falsifier un test ADN, je comprends mieux pourquoi tu dois de l'argent à Mireille, dis-je d'une voix mielleuse.

Elle rentre dans une colère incontrôlable en un quart de seconde . Elle balance son assiette par dessus ma tête qui finit sa course dans le mur, elle se brise en dizaines de petits morceaux et le bruit m'horrifie et me laisse choqué. J'ai l'impression qu'elle va me sauter dessus et m'égorger sur place.

- Mais de quoi tu parles encore mon pauvre garçon? Pourquoi aurai-je fait une chose pareille? Tu es complètement con, ce n''est pas possible autrement.

- Sois pas si vulgaire, tu vas le regretter...Calmes toi et prend un somnifère, ça va aller.

Je lui déblatère ces quelques mots sur un ton le plus mesquin possible pour finir de l'achever et l'agacer encore plus qu'elle ne l'est déjà.