Chapitre 9

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Je rentre dans l’appartement en claquant la porte pour faire comprendre que je suis de retour. Ma mère ne tarde pas à arriver pour m’embrasser et je décide de jouer la carte du serpent, je vais y allez en douceur pour aborder plusieurs sujets pour l’amener tout doucement vers ce quoi je veux qu’elle me réponde. 

-  M.Monnier te passe le bonjour, mais à force tu t’en doutes.

-  Même si je m’en doute comme tu dis, cela fait toujours plaisir de savoir que quelqu’un tient à vous saluer. 

Elle a l’air sereine et me déblatère cette phrase avec un air satisfait. Il me tarde de la voir en pétard ! Je deviendrai presque mesquin avec ce qu’il m’arrive ces derniers temps. 

-  Tu as aussi le bonjour d’Anais, dis-je sur un ton sarcastique. 

-  Ah bon? C’est gentil à elle. Ca fait un moment que je ne l’ai pas vu tiens donc… 

Je la regarde longuement mais elle n’a pas l’air de comprendre. Je sens que ma peau du front vient de se plisser et que mon expression cherche à lui montrer que je suis très étonné par ce qu’elle vient de me dire. 

-  Ca ne fait pas si longtemps que ça souvient toi…Tu l’as vu il y a quelques jours dans l’escalier en train de s’engueuler avec son mari, à propos d’un divorce ou un truc dans le genre. 

Elle semble surprise par mes propos et son regard me quitte. Elle passe la main dans ses cheveux et se gratte le haut du crâne, l’air complètement gêné et cherchant à regarder ailleurs que dans ma direction. 

-  Ah oui, tu as raison…Je ne m’en souvenais plus. Violente dispute d’ailleurs…

Maman tu t’enfonces! Arrêtes toi si tu ne veux pas recevoir un prix pour la pire révélation de l’année. 

-  Elle m’a raconté qu’ils revenaient tout justes de vacances, c’est étrange tout de même. 

Son visage commence à pâlir et elle a l’air perdu, ne sachant plus où se mettre. Elle se dirige vers la buanderie et ouvre la porte de celle ci pour y ranger quelques chaussures et manteaux qui s’y trouvent à l’intérieur. 

-  Les couples sont tellement difficiles à comprendre parfois…Ils ont dû avoir une bonne explication et ont finis par se remettre ensemble, je ne sais pas. 

Pathétique. Il me tarde de lui annoncer la suite mais je profite de la situation encore quelques secondes. 

-  C’est très bizarre en effet…Mais il y a quelque chose que je n’arrive pas à comprendre et je t’avoue que cela m’embrouille l’esprit.

Elle ne me prête aucune attention et continue de ranger sans but précis. 

-  Ils sont partis deux semaines à Tahiti…Alors comment aurais-tu pu les voir la semaine dernière dans les escaliers? 

Elle ne semble pas réagir mais je ne peux pas percevoir son visage pour en juger. Par contre, je suis certain d’une chose, c’est qu’elle est mal à l’aise car sa respiration vient de se couper et ses oreilles sont rouges écarlates. 

-  Elle t’a dit ça? Voilà qui est étrange. J’ai du me tromper de personnes alors. 

Elle s’arrête de nouveau de respirer et nous comprenons simultanément qu’elle est en train de s’enfoncer elle-même. Se tromper de personne? A son âge, c’est très inquiétant…

-  Tu viens à l’instant de me dire que tu avais assisté à une violente dispute, pourquoi tu changes de version? 

Je me réjouis de la mettre dans un tel embarras. Elle s’est fait prendre à son propre piège et je lui souhaite bon courage pour qu’elle puisse s’en sortir haut la main. Je me rapproche un peu plus d’elle pour percevoir au mieux ses expressions du visage. 

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant