Chapitre 19

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Elle est étonnée de me voir à cette heure làmais ne me prononce aucune vacherie. Elle ne doit pas me sentir venir mais d’ici peu, elle comprendra que je ne suis pas ici par hasard. 

-  Je peux t’aider? 

-  Que se passe t’il? Annonce la couleur au lieu de tourner autour du pot. 

J’ai tout faux, elle m’a capté direct…Elle me connait si bien que je ne peux rien lui cacher, c’est dingue…Mais si tu insistes, je vais être franc, ça m’évite de t’aider à faire la cuisine tout compte fait. 

-  Est-ce que je peux sortir ce soir? 

-  Ah non ! C’est hors de question. Tu vas pas me faire le coup une deuxième fois. 

Oh non maman, je t’en supplie accepte! 

-  Allez s’il te plait, je dois voir une copine. 

-  Mais bien sûr, et elle s’appelle comment ? Drogue? Alcool? 

Je me tape un fou rire tout seul et elle parait surprise de me voir rigoler aussi bruyamment. C’est vraiment comme ça que tu me vois maman? 

-  Tu craques, je ne touche pas à la drogue moi…Allez ! je te jure que c’est vrai. Elle s’appelle Tiphaine. 

-  Non, je t’ai dis non. J’ai passé l’éponge pour hier soir, je suis bien gentille mais il y a des limites. 

J’ai l’impression qu’elle ne voudra jamais me laisser sortir et je déglutis. Je soupire fortement pour qu’elle le remarque et j’adopte une attitude d’adolescent malmené par la vie, même si c’est en partie la triste vérité. Je ne peux pas renoncer à cette soirée quand même, c’est aujourd’hui ou jamais. 

-  Allez maman, je t’en supplie. Laisse- moi y aller…Et après je ne sors plus des vacances je te le promets. 

-  Stop ! Arrête de me prendre le chou. Et ne t’avise même pas de demander à ton père, la réponse sera non. Tu restes ici et tu te mets au boulot, tu en as bien besoin vu tes résultats scolaires.

Je dois avoir onze et demi de moyenne je te rappelle. Ce n’est pas catastrophique même si je suis habitué à avoir plus. Je remonte dans ma chambre en pétard sans lui répondre ni même la regarder. C’est dégueulasse. Je veux juste sortir, je n’ai pas l’intention de commettre un meurtre quand même. 

Je plonge sur mon lit, les bras croisés pour que mes mains touchent mon front et je passe mes nerfs en tapant du pied sur le sol. Mon rendez-vous est dans une heure et je ne sais pas comment faire pour y aller. Je ne vais pas me laisser démonter et j’irais coûte que coûte si je ne trouve pas de solutions légales, entre guillemets. 

Je laisse couler impatiemment les minutes pour que le fameux moment arrive et tourne en rond dans ma chambre en faisant les cent pas. Le parquet craque à chaque fois que mes pieds touchent le sol et je m’habitue à ce bruit, si désagréable en temps normal. Je me regarde plusieurs fois dans le petit miroir au dessus de mon bureau et j’essaye de me convaincre que tout va bien se passer. Courage! 

Je n’arrête pas de regarder l’écran de mon téléphone en priant de ne pas recevoir de message d’annulation de dernière minute. Je suis nerveux et je décide de partir, maintenant, sans rien dire. Je faufile quelques préservatifs dans ma poche ainsi que mon portable et je descend . Je me presse de prendre mon manteau dans la buanderie et je l’enfile sans faire de bruit. Mais ma mère ne tarde pas à arriver et remarque que je suis sur le point de sortir. Ses yeux plongent dans les miens et je ressens sa profonde colère jusqu'à l’intérieur de mon corps. 

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant