Harcelés

Chapitre 8

Quand la lettre va arriver à la maison, il va falloir que je l’intercepte avant que mes parents la trouvent sinon cela risque de provoquer un cataclysme dans la maison. Je réfléchis un instant avant que ma conscience soit soulagée lorsque je réalise que demain soir ce sera le début des vacances d’hiver. Elles tombent à pic! Je vais pouvoir me lever et aller récupérer le courrier bien avant ma mère pour ne pas qu’elle découvre ce que j’ai fait! Habituellement c’est elle qui va le chercher. J’espère qu’elle ne trouvera pas louche le fait que je m’attarde à cette tache…Si elle sait la vérité sur mon vrai père, il est sûr qu’elle doit être perturbée chaque jour de sa vie en essayant de la cacher au mieux mais de là à penser que j’ai peut-être découvert la vérité et que j’ai fait un test de paternité dans son dos car j’ai émis des soupçons après avoir reçu une lettre anonyme et cogité dans ma petite tête d’adolescent à cause d’une coiffeuse qui m’a rappel émes différences capillaires avec mon père, je ne pense pas…Elle doit être à mille lieux de savoir mes intentions. 

En rentrant dans la boulangerie, je ne vois ni clients ni M.Monnier. Il doit certainement être derrière en train de faire sa dernière fournée de la journée.  L’odeur du pain règne toujours dans cette pièce somptueuse et me réchauffe. 

Après quelques minutes d’impatience à regarder autour de moi et envier ses délicieuses pâtisseries, il débarque enfin par la petite porte du fond avec un gros sac contenant des dizaines de baguettes. Il semble gêné. 

-  Bonjour Jean. Excuse moi je n’avais pas entendu que tu étais rentré. La sonnette n’a pas du fonctionner. 

C’est bizarre, je l’ai pourtant entendu lorsque je suis rentré… 

-  Bonjour. Ce n’est pas bien grave, je ne suis pas pressé…Une baguette comme toujours s’il vous plait. 

Il s’exécute avec la même passion et décide de me faire choisir celle que je préfère. Il m’en montre quelques unes et je choisis la plus longue, légèrement dorée et alvéolée. Il me tarde déjà de sortir de la boulangerie pour en dévorer un morceau, comme le fond la majeur partie des gens qui n’arrivent pas à s’en empêcher lorsqu’il voit une si belle baguette de pain. 

-  Comment se portent tes parents? 

-  Très bien…Papa a beaucoup de travail en ce moment, ça à l’air de bien marcher pour lui. On ne peut pas en dire autant de maman, j’ai l’impression qu’elle n’est pas souvent chez son opticien…La crise m’a t’elle dit…J’espère qu’elle ne se fera pas licencier à cause de ça…

Il m’écoute attentivement comme s’il n’avait jamais eu écho des problèmes de ma mère avec son travail et s’empresse de vouloir me réconforter.

-  Ne t’inquiètes pas Jean, ta maman est pleine de ressources et même si ce n’est pas la joie en ce moment, elle va rebondir…Si son patron n’a plus besoin d’elle, elle trouvera bien une autre entreprise pour travailler, ne te soucie pas de ça mon grand. 

Il me regarde activement et semble attendre que je lui lance un sourire pour lui montrer que ses paroles ont un effet positif sur moi. Je lui fais alors ce plaisir pour ne pas l’inquiéter davantage. 

-  Puis je suis là moi…Je pourrai embaucher ta mère, le temps qu’elle se trouve un autre travail, 

Il marque une courte pause en me regardant droit dans les yeux. 

-  Mais je suis sûr que c’est un mauvais moment àpasser, ta maman ne se fera certainement pas licencier…Elle a toute les qualités pour rester là où elle est.